Un face à face tragi-comique
Dominique Ziegler, fils de Jean, a mis en scène «N'Dongo revient». On y voit les relations particulières entre un dictateur africain et un chef d'Etat français.
Quinze jours auront suffi à Dominique Ziegler – 31 ans, fils de Jean Ziegler – pour se tailler une belle notoriété dans le milieu théâtral genevois. Et pour décrocher un contrat avec le Théâtre de la Main d’Or (80 places), à Paris, où «N’Dongo revient» sera joué en avril prochain.
Cette première pièce dudit Ziegler a été présentée, dans la mise en scène de l’auteur, à l’Auberge du Cheval blanc à Genève, du 13 au 28 février, avec une salle comble la dernière semaine.
Marionnettes en chair et en os
Il faut dire que le bouche-à-oreille a très bien fonctionné, malgré un thème souvent rabâché par les humoristes et apprécié par les amateurs de sketches hilares: le face à face tragi-comique entre un dictateur africain, N’Dongo (David Valère) et un Président Blanc (François Revaclier).
D’un côté donc, un bricoleur de suffrages truqués, un potentat platement autoritaire et vaguement bouffon sous ses immenses lunettes noires. De l’autre, un vautour de meilleure compagnie, un grand profiteur, une hydre à deux têtes.
La première tête évoquant, par les gestes et l’intonation de l’acteur, la figure de Chirac; la seconde celle de Mitterrand, surtout lorsque les propos se resserrent autour de l’affaire «Ulf» (allusion à Elf bien sûr) et du fils corrompu d’un chef d’Etat français.
Devant ces marionnettes en chair et en os, on sourit. N’Dongo et le Président Blanc se savent tricheurs et hypocrites. Mieux, ils en jouent.
Le président Gnasingbe Eyadema
Leur manipulateur, Dominique Ziegler, les dévoile avec la naïveté de l’écrivain débutant qui, indigné par les minauderies monstrueuses des politiciens, force un peu trop le trait. Avec, aussi, la probité de celui qui s’est donné la peine de consulter les archives d’Amnesty International et les discours présidentiels pour donner à ses dialogues la tonalité d’une diatribe.
L’auteur a écrit sa pièce à son retour du Togo où il a séjourné un mois, en 2001. «Sous le personnage de N’Dongo, se cache, confie-t-il, le président Gnasingbe Eyadema qui depuis 35 ans détient le pouvoir au Togo précisément, grâce à la France. C’est presque un analphabète dont les sales manœuvres ont fait des milliers de mort dans son pays».
Et l’auteur de s’indigner devant l’indifférence occidentale à l’égard de l’Afrique. Un continent qu’il aime et qu’il a traversé à plusieurs reprises, parfois seul, parfois en compagnie de son père.
Ghania Adamo
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