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Un Québécois en chef qui prend la vie par l’humour

AQS

L'Association des Québécois en Suisse (AQS) est présidée par Jimmy Thériault. Marié à une ex-Suissesse de l'étranger, le chimiste évoque son expérience d'immigration réussie, voire exemplaire.

«J’ai quitté le Québec parce que j’étais trop connu, et ça recommence ici… je rigole!» Il est hilare, Jimmy Thériault. C’est d’ailleurs un trait frappant chez lui. Il pouffe, plaisante, teste son interlocuteur par le rire.

Avant d’arriver en Suisse, le docteur en chimie québécois a sorti un CD humoristique et fait quelques spectacles afin de pousser ses compatriotes à «mettre plus d’humour dans leur vie pour mieux l’apprécier».

Un deuxième CD n’est pas pour tout de suite. Projet en attente, même si Jimmy Thériault verrait bien un «album plus punché, en version suisso-québécoise. Beaucoup d’idées me viennent»…

Des idées que son vécu a de quoi stimuler. L’émigration, c’était en 2003, en couple, histoire de «joindre les deux rêves». Celui d’Arielle, Suissesse de l’étranger émigrée à sept ans et désireuse de rentrer en Suisse. Le sien aussi, consistant à partir travailler en prenant le large.

Une idée commune a beaucoup de Québécois. Ils seraient aujourd’hui 3000 installés en Suisse (romande surtout, vu la langue), selon une estimation basée sur le renouvellement des passeports. Un chiffre qui tendrait toutefois à régresser.

Infirmiers et hygiénistes

«La tendance des Québécois à venir en Suisse est à la baisse depuis quelques années, indique le président de l’AQS. Du côté des infirmières et infirmiers, la demande est forte au Québec-même et des citoyens d’autres pays sont engagés côté suisse.»

Les hygiénistes dentaires à l’accent d’Outre-Atlantique continuent par contre à faire le saut. «Le roulement est assez constant, elles viennent pour une année ou deux, avant d’être remplacées par d’autres.»

Informatique, chimie, comptabilité, culture, hockey sur glace: l’éventail professionnel des Québécois de Suisse est large même s’ils sont le plus souvent bien formés et spécialisés.

La Suisse, c’est un «pays de rêve» – paysage, possibilités de balades et de pratiquer le sport, protections accrues sur le marché du travail. «Il ne faut pas se cacher non plus que le niveau de vie y est légèrement plus élevé qu’au Québec, note Jimmy Thériault. Et les possibilités de rayonner sur l’Europe à partir de cette position centrale, c’est le rêve.»

Ecueils et surprises

Evidemment, choisir la Suisse alémanique serait se compliquer la vie, vu le décalage culturel. Mais la Suisse romande réserve aussi ses surprises. «Le tricky, c’est qu’on y parle français, mais que durant les trois premières semaines, l’intonation sur les mots fait que le cerveau ne reconnaît pas les points de repère.» D’où, au départ, l’impression d’une langue maternelle devenue étrangère.

Le jeu du «tu» et du «vous» est un autre écueil. «Au Québec, dans le quotidien, on tutoie. Et j’ai encore parfois le réflexe le tutoyer par défaut. La différence ne se fait plus vraiment chez nous alors qu’en Suisse, elle est encore présente. C’est tout le charme des différences culturelles.»

Ceci dit, pour un Québécois, l’intégration est relativement aisée en Suisse romande, assure Jimmy Thériault. D’autant que l’accent de la Belle Province est souvent perçu avec sympathie par les Romands, «très ouverts et accueillants», selon lui.

Dans son cas, le départ s’est fait selon le proverbe (remanié) «Qui prend femme prend pays». Le couple a tout vendu pour venir en Suisse. Il s’est fixé une règle: «Ne rien remettre en cause avant une année. Mais après six mois, nous savions que notre choix était le bon».

Un retour sur les origines

Il a fallu ces six mois à Jimmy pour trouver un emploi. «Le réflexe au Québec, si on n’est pas embauché, c’est de chercher le «plus» – cours en informatique ou, dans mon domaine, formation spécialisée en assurance-qualité. En fait, le problème était administratif. J’ai reçu trois offres d’emploi en deux semaines dès l’obtention du Permis B (autorisation de séjour durable).»

Ticket avec les Romands, job gratifiant, bateau sur le lac: «Ne pas réaliser ce projet d’émigration aurait été un non-sens, assure aujourd’hui le président de l’AQS. Ça fait partie des bons choix de la vie!»

Jimmy Thériault n’est reste pas mois attaché à sa province. Et les 400 ans de Québec sont une bonne occasion de se repencher sur ses origines. «Une fierté» aussi. Même si «beaucoup de maisons en Suisse sont bien plus âgées que Québec. C’est impressionnant, partant de ma vision nord-américaine!»

swissinfo, Pierre-François Besson

En écho aux 400 ans de Québec, swissinfo publie une petite série d’articles sur les traces concrètes ou plus imaginaires de la Belle Province, en Suisse ou chez les Suisses.

Fondée en 1995, l’Association des Québécois en Suisse se veut aussi ouverte aux non-Québécois. Elle compte environ 200 membres actuellement. Jimmy Thériault la préside depuis 2006.

Ses objectifs sont au nombre de quatre: maintenir un réseau d’entraide entre les Québécois en Suisse et leurs amis, organiser des activités sociales, culturelles et sportives.

Elle vise aussi à accueillir et guider les Québécois arrivant en Suisse et échanger des informations utiles pour mieux vivre en Suisse.

En lien avec les 400 ans de Québec, l’association a notamment présenté une exposition en mars à Lugano dans le cadre de la semaine de la Francophonie.

L’anniversaire a aussi donné lieu à une St-Jean-Baptiste élargie et sera à nouveau rappelé lors de l’épluchette de blé d’inde en septembre.

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