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Un «Steak House» pour des mangeurs d’hommes

La chorégraphie de Gilles Jobin soulève le problème de la promiscuité. Isabelle Meister

Très attendue, la nouvelle création du chorégraphe vaudois Gilles Jobin est donnée au Théâtre de L'Arsenic, à Lausanne.

Sur scène, six danseurs dessinent les contours d’une société qui manque d’espace.

Changement de résidence pour Gilles Jobin qui vivait et travaillait à Londres avec sa femme La Ribot, danseuse madrilène. Le chorégraphe vaudois (41 ans) quitte donc les bords de la Tamise et s’établit chez lui à Lausanne.

Il y crée Steak House, sa nouvelle pièce donnée à partir du 3 mars au Théâtre de L’Arsenic. Comme chaque création de Jobin, celle-ci est très attendue. D’autant que le chorégraphe de renommée internationale, aujourd’hui en résidence à L’Arsenic, revient dans son pays avec plein de projets dans la tête.

Mais avant d’en parler, une petite virée dans Steak House. Les mangeurs de viande seront servis. Attention néanmoins, ce n’est pas de viande bovine qu’il s’agit, mais de chair humaine.

Une promiscuité insupportable

Non, soyez tranquilles, pas d’anthropophagie ici, juste une consommation abusive de l’espace, qui favorise la promiscuité et conduit parfois à l’étouffement.

Car Steak House est pour Gilles Jobin le microcosme d’un monde, le nôtre, où les gens vivent entassés les uns sur les autres, «constamment interconnectés, confie-t-il, grâce à l’Internet, au téléphone portable… Bref à tout un système électronique qui fait de nous des mangeurs d’hommes.»

Cette promiscuité peut être favorable à ceux qui aiment l’agitation et insupportable pour ceux qui tiennent à leur individualité.

«Il y a trop de personnes qui vivent dans de trop petits espaces, lâche encore Jobin. Ma pièce traite précisément de ces destins qui se croisent dans des lieux trop peuplés et qui, par conséquent, ont peu de chance de se rencontrer. C’est sans doute pour cela que certains individus préfèrent, au prix de leur solitude, préserver leur liberté.»

La plus belle des libertés pour Jobin est «un travail conduit ici dans ma région, comme il dit, celle qui va de Lausanne à la France savoyarde en passant par Genève.» C’est là que le chorégraphe entend former une petite troupe de danseurs.

Londres, ville trop agitée



«Londres, poursuit-il, était pour moi une ville agitée, trop peuplée justement. A un moment donné, elle fut un tremplin pour ma carrière. Mais j’aspire maintenant à une certaine tranquillité, et je crois que ma notoriété internationale me permettra d’exploiter au mieux les talents régionaux qui ne manquent pas ici.»

A partir de 2006, Gilles Jobin sera chorégraphe associé à Bonlieu, Scène nationale d’Annecy (Haute Savoie). Mais pour autant, il ne lâchera pas Genève et Lausanne. Il continuera à y travailler comme artiste indépendant.

«J’aimerais aider les danseurs romands qui sont motivés par mon travail et qui souhaitent sortir de leur petit trou pour rayonner dans le monde», conclut-il.

swissinfo, Ghania Adamo

«Steak House» est à voir au Théâtre de l’Arsenic à Lausanne
Le spectacle a lieu du 3 au 13 mars
Pour les réservations: 021 / 625 11 36

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