Un trio suisse gagnant
En ce mois de juillet, Christoph Mathaler, Luc Bondy et Gilles Jobin sont les invités de trois festivals internationaux.
Les deux metteurs en scène et le chorégraphe honorent de leur présence Avignon, Aix-en-Provence et Montpellier. Tour d’horizon
Christoph Marthaler, Luc Bondy et Gilles Jobin: trois artistes suisses de renom qui mènent une carrière à l’étranger et brillent cet été au firmament des festivals internationaux.
Deux d’entre eux sont expatriés. Bondy, metteur en scène zurichois, est installé à Vienne où il dirige les Wiener Festwochen. Jobin, chorégraphe lausannois, est établi à Londres; et Marthaler dans un no man’s land où l’a jeté son récent limogeage du Schauspielhaus de Zurich, qu’il a dirigé de 2000 à 2004.
Marthaler à Avignon
On ne s’inquiète pas pour lui, car cet alémanique de naissance est citoyen du monde, à l’aise dans tous les pays, ou plutôt sur les scènes internationales, qui se l’arrachent.
Pour preuve, sa présence au festival d’Avignon où vient d’être présenté (les 10 et 11 juillet) «Groundings», l’une de ses dernières créations.
Au centre de ce spectacle, un emblème national: feu la compagnie Swissair, victime d’un naufrage. Naufrage auquel s’expose également la Suisse «qui s’isole de plus en plus (…) s’effondre et ne veut pas l’avouer», regrette Marthaler dans une interview.
Dans «Groundings», le metteur en scène se montre très critique, mêlant, sur un ton ‘farcesque’, sphère publique et privée. Sur scène, l’effondrement de Swissair fait écho à son propre limogeage. Et le tout se joue sur fond de mondialisation obligée. Donc destructrice.
Bondy à Aix, Jobin à Montepellier
Si les spectacles de Marthaler sont socio-politiques, ceux de Luc Bondy demeurent tournés vers ce «grand intérieur» qu’est la scène. La scène intime s’entend.
Autrement dit, Bondy est un pourfendeur des consciences, habitué aux huis-clos amoureux et aux drames passionnels dont regorge la littérature théâtrale.
Stéphane Lissner, directeur du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, le sait, qui a confié au Zurichois la mise en scène de «Hercules» de Haendel. Soit un opéra aux accents tragiques (présenté jusqu’au 21 juillet) où l’amour, la jalousie et le meurtre sont traqués par un Bobdy attentif aux moindres soubresauts de l’âme.
Last but not least, Gilles Jobin (40 ans), le plus jeune des trois artistes, tête d’affiche du ‘Montpellier danse’ qui s’est terminé le 6 juillet. Trois de ses chorégraphies y ont été données : «The Moebius Strip», «Under Construction» et «Two-Thousand-And-Three».
«Presque une intégrale de mon oeuvre, alors que j’étais totalement inconnu il y a 5 ans», confiait récemment le Lausannois au journal Le Monde.
Il est vrai que l’ascension du chorégraphe est fulgurante. Elle est due à son talent, certes. Mais aussi à sa capacité de placer la danse au cœur des préoccupations d’une jeunesse à peine née à l’amour et déjà prisonnière de ses vaines jouissances.
Trois créateurs suisses programmés presque en même temps dans trois festivals internationaux, c’est dire que la richesse artistique de ce pays s’exporte bien. Sur ce plan-là au moins l’Helvétie n’est pas isolée.
swissinfo, Ghania Adamo
– Christoph Marthaler a présenté «Groundings» au Festival d’Avignon.
– Luc Bondy a assuré la mise en scène de l’opéra «Hercules» présenté au Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence jusqu’au 21 juillet.
– Gilles Jobin a été la tête d’affiche du ‘Montpellier danse’, où il a proposé trois chorégraphies: «The Moebius Strip», «Under Construction» et «Two-Thousand-And-Three».
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