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Une tribune libre à Genève pour humaniser l’ONU

Ouverture de la 10e session du Conseil des droits de l'homme, lundi à Genève. Keystone

Caucase, Bosnie, Algérie, Gaza, femmes, extrême pauvreté, corruption, méfaits de la globalisation... Dix jours de films et débats pour mettre un visage sur les thèmes abstraits traités au Conseil aux droits de l'homme. Le FIFDH lance sa 7e édition du 6 au 15 mars.

Sortir les droits de l’homme de l’enceinte du Palais des Nations pour porter le débat dans la cité. C’est l’objectif réitéré année après année par le Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) qui entame sa 7e édition.

«Nous voulons que le Conseil des droits de l’homme se montre intransigeant face aux atteintes à la dignité humaine. Nous ne voulons pas séparer la pensée de la réalité. Notre démarche est à la fois politique et culturelle, loin des compromis.» Co-fondateur du festival avec Yaël Hazan, Léo Kaneman pose ainsi le cadre des films et tables rondes qui vont mettre en effervescence la cité de Calvin pendant dix jours.

Un clivage regrettable

Durant ce même mois de mars, le Conseil des droits de l’homme tient à Genève sa plus longue session de l’année. Ministres et diplomates du monde entier sont réunis à l’ONU pour plancher sur des milliers de pages traitant des innombrables droits bafoués à travers la planète: religion, contre-terrorisme, minorités, disparitions forcées, torture, détentions arbitraires, alimentation, logement, eau, trafic humain, racisme. Ces discussions abstraites et désincarnées favorisent un clivage regrettable entre les décideurs et les populations.

Or il est plus que jamais nécessaire, affirment les organisateurs du festival, de donner un visage aux victimes des abus dans le monde ainsi qu’à toute la nébuleuse des personnes actives à Genève dans le domaine des droits de l’homme: fonctionnaires internationaux, diplomates, défenseurs des droits humains ou universitaires.

Brauman, Bertossa, Sissako…

Pour la cuvée 2009, marquée par le 60e anniversaire des Conventions de Genève, les thèmes traités portent sur les menaces à la liberté d’expression, les sans papiers, emblématiques de la politique migratoire des pays, les femmes, dont les droits sont encore trop souvent bafoués, la pauvreté extrême, privant une importante partie de la planète de dignité. Une soirée sera consacrée à la frontière ténue qui se profile entre l’aide humanitaire et les abus des droits de l’homme.

Parmi les personnalités présentes, Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie 2001, Stéphane Hessel, l’un des artisans et rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme, Bernard Bertossa, ancien procureur du canton de Genève, Jovan Divjak, général bosniaque d’origine serbe qui a défendu Sarajevo, Abderrahmane Sissako, cinéaste et producteur malien… pour n’en citer que quelques-uns.

Gaza-Sderot

Absent physiquement, mais présent symboliquement, Hu Jia, dissident chinois non violent, condamné à trois ans et demi de prison. Son crime? Avoir braqué les projecteurs internationaux sur les scandales du sida chez des paysans du Henan ou le souvenir du massacre de Tiananmen en 1989. En octobre dernier, le Parlement européen lui attribuait le Prix Sakharov des droits de l’homme.

Certaines régions du globe tiendront le haut de l’affiche du festival. Le documentaire choc, Gaza-Sderot, chroniques d’avant guerre, rappel cinglant du conflit au Proche-Orient, introduira une rencontre entre Leila Shahid, représentante de l’OLP auprès de l’Union européenne, et Elie Barnavi, historien israélien, ancien diplomate et membre du mouvement La paix maintenant.

Parmi les conflits quasi oubliés, place à la Géorgie et ses relations difficiles avec son voisin russe qui se prend toujours pour un empire, ou à la Bosnie qui, en dépit de la paix, reste une poudrière ethnique.

Projecteur sur l’Algérie

A ne pas manquer une soirée phare consacrée à l’Algérie victime de l’un des conflits les plus meurtriers des années 90 (plus de 200’000 morts, 15’000 disparus et près de 2 millions de déplacés) qui s’est effacé de la scène internationale, après que le gouvernement ait conclu un accord secret avec les groupes islamistes.

Hocine Aït Ahmed, héros de l’indépendance algérienne et fondateur du Front des Forces Socialistes (FFS), le plus ancien parti d’opposition d’Algérie, débattra avec la journaliste Salima Ghezali et le dramaturge Slimane Benaïssa, tous deux algériens, de ce pays bâillonné par un régime autoritaire et prisonnier d’une terrible contradiction: d’un côté son pactole pétrolier et gazier, de l’autre sa jeunesse qui ne rêve que de fuir un pays sans avenir.

swissinfo, Carole Vann/InfoSud

La soirée de clôture du FIFDH sera consacrée à la situation des sans-papiers à Genève et dans le monde. Ces travailleurs de l’ombre, qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas, sont emblématiques de la politique migratoire.

Or la Suisse vient de réaffirmer son refus de signer la Convention des Nations Unies sur les Droits des travailleurs Migrants (et de leur famille).

A Genève, des propositions pour la reconnaissance des sans-papiers ont été soutenues par le canton.

En 2005, le gouvernement cantonal demandait à Berne de pouvoir régulariser près de 5’000 clandestins.

En 2008, une nouvelle motion parlementaire demandait que les jeunes sans-papiers puissent bénéficier d’une formation professionnelle.

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