A Saint-Moritz, les étrangers devraient avoir voix au chapitre
Destination touristique de renommée internationale, la station grisonne de Saint-Moritz veut donner le droit de vote à ses résidents qui ne possèdent pas le passeport suisse. Les citoyens devront se prononcer en 2020 sur une révision du règlement communal allant dans ce sens.
Droit de vote des étrangers, mais aussi réduction des obstacles au lancement des initiatives populaires et renforcement des règles de transparence pour les responsables politiques locaux: les autorités de Saint-Moritz ont présenté la semaine dernière tout un paquet de mesures visant à renforcer la participation politique des citoyens.
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C’est Christian Jott JennyLien externe qui est à la manœuvre pour apporter ce vent de fraîcheur sur la très huppée station touristique des Alpes grisonnes. Le chanteur et artiste zurichois est maire de Saint-Moritz depuis trois mois. «A Saint-Moritz, de nombreux étrangers ont tissé un lien étroit avec le village sans pour autant avoir leur mot à dire. Il était clair depuis longtemps pour moi que cette situation devait changer», estime le maire sans affiliation partisane de la commune.
Forte proportion d’étrangers
«Nous travaillons ici, nous vivons ici, nous payons des impôts ici. Nous voulons donc aussi avoir l’opportunité de nous impliquer dans la vie politique locale» Daniel Cardoso, Club portugais de l’Engadine
A Saint-Moritz, le «Top of the World», comme le proclame un vieux slogan publicitaire de la destination touristiques nichée à 1850 mètres d’altitude, 2000 des 5000 habitants sont de nationalité étrangère. Un taux qui dépasse donc les 40%, contre 25% au niveau national. Les Italiens et les Portugais sont les nationalités les plus représentées.
Sans main-d’œuvre étrangère, Saint-Moritz ne pourrait tout simplement pas fonctionner. En règle générale, les immigrants en provenance d’un pays de l’AELE obtiennent un permis d’établissement de longue duréeLien externe (permis C) après cinq ans et les personnes en provenance de pays tiers après dix ans. Pour voter, les citoyens étrangers devront être en possession d’un permis C, selon le projet des autorités.
«Il faut bâtir des ponts»
«Nous travaillons ici, nous vivons ici, nous payons des impôts ici. Nous voulons donc aussi avoir l’opportunité de nous impliquer dans la vie politique locale», affirme Daniel Cardoso, membre du Club portugais de l’Engadine, une association chargée de faire vivre le patrimoine culturel portugais dans la région.
Daniel Cardoso est arrivé dans cette région montagneuse de l’extrême-est de la Suisse à l’âge de 16 ans, en quête d’un travail. Trente ans plus tard, ce chef de service d’un café réputé de la place a désormais obtenu sa naturalisation. «Je serais très heureux qu’on accorde le droit de vote aux étrangers», renchérit Abou el Naga, un Egyptien qui possède lui aussi désormais le passeport rouge à croix blanche. «Il est urgent de bâtir des ponts entre la commune et les étrangers qui y vivent», poursuit-il.
La révision du règlement communalLien externe est soumise à la consultation des citoyens jusqu’au mois de juin. Selon le calendrier des autorités, ces derniers pourront ensuite se prononcer sur le projet définitif lors d’une votation populaire qui devrait avoir lieu en 2020.
Pas de vote au niveau national
En Suisse, le droit de vote des étrangers avance à petits pas, et surtout dans la partie francophone du pays. Seuls les cantons du Jura et de Neuchâtel offrent la possibilité à leurs citoyens non-suisses établis de longue date d’élire leurs autorités et de se prononcer sur des objets de portée cantonale.
Dans ces deux cantons, de même qu’à Fribourg, Vaud et Genève, les étrangers sont également au bénéfice du droit de vote au niveau communal. Dans les cantons d’Appenzell Rhodes-Extérieures, de Bâle-Ville et des Grisons, les communes ont la possibilité d’introduire cette mesure au cas par cas.
A l’échelon national, en revanche, le droit de vote des étrangers se heurte à un refus sans appel depuis plusieurs décennies.
Traduit de l’allemand par Samuel Jaberg
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