Verdict populaire sévère pour l’initiative «Monnaie pleine»?
Il est deux fois question d’argent, et même de milliards, dans les objets soumis au vote des Suisses ce week-end. Soit une initiative qui prétend révolutionner le système monétaire et une loi qui permettait à la Confédération de bloquer les sites étrangers de jeux d’argent.
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Monnaie pleine: le bon remède contre les crises financières?
Lancée par un groupe d’économistes, de spécialistes de la finance et d’entrepreneurs, l’initiative «Pour une monnaie à l’abri des crises: émission monétaire uniquement par la Banque nationale! (Monnaie pleineLien externe)» est fermement combattue par le gouvernement, le parlement et tous les partis politiques représentés aux Chambres fédérales. Si elle était approuvée lors du vote populaire de dimanche, cela signifierait que les banques suisses ne pourraient plus émettre de monnaie scripturale, cet argent qui n’existe que dans leurs écritures comptables.
Les banques commerciales ne pourraient donc prêter que de l’argent réellement mis en circulation par la Banque nationale suisse (BNS). Elles ne pourraient également plus accorder de crédits non couverts par leurs fonds propres.
L’objectif des promoteurs de l’initiative est de créer un système monétaire plus sûr, à l’abri de la spéculation et des crises financières.
En soulignant que le système proposé n’existe dans aucun autre pays au monde, les opposants estiment quant à eux que pour la Suisse, cette réforme radicale et sans précédent constituerait une expérience à haut risque, qui pourrait coûter très cher. Selon le gouvernement et le parlement, cela aurait pour effet de concentrer un pouvoir excessif entre les mains de la BNS, l’exposant à de plus fortes pressions politiques.
Il y aurait en outre un risque de perte de crédibilité de la politique monétaire suisse et d’une limitation des activités des banques, qui affaiblirait l’économie du pays.
Les arguments des opposants semblent avoir largement convaincu l’électorat. Selon le dernier sondage mené par l’Institut gfs.bern pour le compte de la SSR et publié la semaine dernière, 54% des personnes interrogées entendent refuser l’initiative.
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Un pari de plusieurs milliards dans les urnes suisses
Les jeux sont pratiquement faits
Selon le même sondage, le sort de la nouvelle Loi sur les jeux d’argentLien externe semble lui aussi réglé, mais dans l’autre sens. 58% des sondés sont prêts à l’approuver. Malgré cela, une surprise ne peut pas être totalement exclue ce dimanche, estiment les chercheurs de gfs.bern.
La nouvelle Loi permettrait aux casinos suisses d’offrir leurs jeux aussi sur internet et aux autorités helvétiques de faire bloquer l’accès à toutes les plateformes de jeux d’argent en ligne ne bénéficiant pas d’une concession fédérale. Approuvée à une très large majorité au parlement, le Loi a été attaquée par une demande de référendum émanant des sections jeunes de tous les partis représentés aux Chambres fédérales, à l’exception de celle du Parti démocrate-chrétien.
De la gauche à la droite, ces jeunes politiciens sont unis dans une lutte contre ce qu’ils nomment «la censure d’internet». Pour leur génération, la liberté d’accès et d’information sur le web est une valeur sacrée. Lors de la campagne, ils ont réussi à obtenir le soutien du Pari libéral-radical (droite libérale) et du Parti bourgeois démocratique (centre), dont les représentants au parlement avaient pourtant approuvé la Loi.
Selon le gouvernement et la majorité du parlement, le blocage – que pratiquent aussi d’autres pays comme l’Italie et la France – est au contraire justifié. Il répond à l’exigence d’un marché des jeux d’argent réglementé et contrôlé par l’Etat, et dont les bénéfices sont distribués au système de retraites et à d’autres organismes d’utilité publique, dans la culture, le social et le sport, conformément au mandat constitutionnel.
Votations cantonales et locales
En plus des deux objets fédéraux, les citoyens de 14 cantons votent aussi ce week-end, tandis qu’aux Grisons se tiennent les électionsLien externe pour le renouvellement du gouvernement et du parlement.
Parmi les sujets cantonaux de portée nationale, relevons le vote du Valais sur un crédit de 100 millions de francs pour la candidature de Sion à l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver 2026.
D’intérêt national également, le vote de Nidwald, où les citoyens doivent dire s’ils approuvent la demande de leur gouvernement cantonal au gouvernement fédéral d’exclure le site du Wellenberg de la liste des endroits susceptibles d’accueillir un dépôt définitif de déchets nucléairesLien externe. Alors que ses centrales vont bientôt s’arrêter, la Suisse cherche depuis des décennies un site propice à l’enfouissement des déchets, dont aucune communauté locale ne veut.
Au Tessin, un vote de huit communes focalise aussi l’attention. Il s’agit du Parc national du Locarnese, à créer à la frontière avec l’Italie. Si le projet se réalisait, ce serait le premier parc national né grâce à la démocratie directe. Ce serait aussi le premier pas vers un parc transfrontalier, avec la collaboration des communes italiennes voisines, qui créeraient à leur tour une zone protégée.
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14 objets: Zurich et sa «monstre votation»
(Traduction de l’italien: Marc-André Miserez)
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