Plus de signatures? Non, plus de démocratie numérique!
La réforme des droits populaires est en Suisse un tabou politique. Or le Parti bourgeois démocratique (PBD, centre) vient de déposer une proposition iconoclaste au parlement: pour une initiative populaire, on pourrait exiger jusqu’à 250'000 signatures (contre 100'000 actuellement). Daniel Graf, pionnier de la démocratie numérique en Suisse et cofondateur du site wecollect.ch, écarte résolument cette idée.
A l’école, on nous apprend qu’une initiative populaire a besoin de 100’000 signatures. Mais ce chiffre n’est pas gravé dans la pierre, comme le montre la proposition de Martin Landolt, président du PBD. Il veut augmenter ce nombre à 200’000, voire 250’000. Ceux qui, comme lui, veulent placer la barre plus haut, mettent en garde contre une «avalanche d’initiatives» qui menacerait le fonctionnement harmonieux de la Suisse.
Et de ce point de vue, l’avenir semble encore plus sombre: les nouvelles plateformes comme wecollect.ch permettent de récolter des signatures sur internet, plus facilement, plus rapidement et même pour moins cher. Ainsi, en un seul jour, 10’000 citoyennes et citoyens ont signé en ligne l’initiative pour le congé paternité.
Ce résultat record a une raison: plus de 80% de la population souhaite voir instaurer un congé paternité payé. Mais le parlement a refusé de prendre cette demande en considération. Le congé paternité est un bon exemple de la façon dont la population peut corriger les échecs de la politique avec une initiative. Outre la stabilité, la démocratie directe peut aussi offrir le changement, qui est parfois bloqué par les intérêts des partis et des associations établis. S’agissant de questions importantes pour l’avenir, comme le changement climatique ou la société numérique, ces acteurs défendent souvent le statu quo, au lieu de développer des solutions.
Plus
Plus de signatures pour protéger les droits populaires
Au vu des défis sociétaux qui nous attendent, augmenter le nombre de signatures pour les initiatives populaires serait une erreur capitale. Au contraire: il faudrait simplifier la participation et abaisser encore les barrières. Un pas important serait de lier la démocratie directe à l’internet. A l’âge de l’ordinateur et du smartphone, notre système politique fonctionne toujours comme une boîte aux lettres: celui qui veut voter, élire ou signer une initiative a besoin d’un stylo, de papier et de timbres.
Vu que le parlement considère la démocratie en ligne plus comme une menace que comme une chance pour l’avenir, nous avons besoin d’une initiative populaire pour accélérer l’introduction de la démocratie numérique.
Les points de vue exprimés dans cet article sont ceux de son auteur et ne reflètent pas forcément ceux de swissinfo.ch.
Et vous? Aimeriez-vous voter, signer des initiatives et des référendums en un clic de souris? Votre avis nous intéresse.
(Traduction de l’allemand: Marc-André Miserez)
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