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Le débat pour former une jeunesse engagée

Les étudiants ont pu échanger leurs points de vue avec des parlementaires étrangers et suisses. swissinfo.ch

La jeunesse a un avis et elle aime le donner. Elle délaisse toutefois souvent les votations, car la politique lui paraît complexe. C’est la situation décrite par de jeunes étudiants genevois lors d’une rencontre avec des parlementaires suisses et étrangers. Ils ont tenté d’esquisser des solutions pour améliorer leur participation aux décisions politiques.

L’exercice de la démocratie doit s’apprivoiser. L’échange entre la quarantaine d’élèves âgés entre 17 et 18 ans et des politiciens, organisé par l’Union interparlementaireLien externe (UIP) dans le cadre de la Semaine de la démocratieLien externe, l’a prouvé.

Les questions du modérateur raisonnent dans la salle, mais se heurtent, dans un premier temps, au silence des étudiants, visiblement impressionnés. Faisal Al Tenaiji, parlementaire des Emirats Arabes Unis, les incite à prendre la parole. «Je ne veux pas que vous soyez passifs. La porte de la politique vous est ouverte, mais c’est à vous de faire le premier pas. J’étais comme vous avant, et lorsque je suis devenu parlementaire, je me suis mis à parler.» Une intervention qui a peut-être porté ses fruits, puisqu’au fil de l’échange les langues se délient et la discussion s’anime.

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«On ne peut se passer de la voix des jeunes pour relever les défis de demain»

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Le débat comme premier pas en politique

L’art du débat semble même séduire particulièrement les citoyens en devenir. «Je n’ai pas eu de cours d’éducation civique, mais notre professeur de philosophie organisait des débats. Ces cours ont attisé ma curiosité pour la vie politique», souligne une élève, qui suggère l’organisation de débats en classe pour améliorer la participation des jeunes. Une étudiante a vécu une expérience similaire en cours de français, alors qu’une autre raconte avoir étudié les objets soumis en votation grâce à un professeur de droit.

Ce goût pour l’échange verbal est déjà exploité par le concours «La Jeunesse DébatLien externe», comme le rappelle aux participants la directrice de l’Enseignement postobligatoire à Genève, Chantal Andenmatten. Le projet, porté par la Fondation Dialogue, permet aux élèves de s’exercer à échanger leurs arguments. Au-delà de la compétition, il propose, pour les enseignants, une formation consacrée au débat, dans le but d’améliorer l’éducation à la citoyenneté.

Au cours de la discussion, plusieurs étudiants soulignent l’importance des cours de civisme à l’école. Certains déçus déplorent le manque d’engagement de quelques enseignants. «Mon professeur ne nous a pas donné l’impression que la politique est intéressante», déplore une élève.

Les parlementaires estiment aussi que l’éducation civique est fondamentale. «Nous avons organisé des débats en cours d’anglais, qui m’ont beaucoup aidé à voir différents aspects d’une problématique et à présenter des arguments», se souvient le député lituanien Vytautas Gapsys. Il note que les parents, les amis ou les associations de jeunes doivent aussi effectuer un travail de sensibilisation.

«Je trouve que les quotas décrédibilisent les élus»

L’élu au parlement suisse Jean-Christophe Schwab explique qu’il a plutôt puisé son intérêt pour la politique dans son cadre familial. «Personnellement, je n’ai pas pu compter sur l’école. Heureusement, mes parents m’ont parlé de politique. Par contre, beaucoup de mes collègues ont eu un cours qui leur a donné envie de s’engager.»

Des quotas ou de l’argent?

L’UIP se bat non seulement pour inciter les jeunes à se rendre aux urnes, mais aussi pour qu’ils prennent activement part aux décisions. «Ils doivent être représentés dans les institutions. Pour le garantir, certains mécanismes ont fait leurs preuves, notamment l’instauration de quotas ou de sièges réservés aux jeunes», indique le secrétaire général de l’UIP, Martin Chungong.

Les contingents ne séduisent toutefois pas vraiment les participants à la discussion. «Je trouve que ce procédé décrédibilise les élus», affirme une jeune fille. Une autre étudiante se demande pourquoi des quotas seraient définis pour une minorité et pas pour une autre.

Certaines voix plaident tout de même en faveur de cette solution. Une jeune fille considère que les quotas permettent de changer les mentalités. «Ils pourraient résoudre le problème du manque de représentativité des femmes dans les conseils d’administration des entreprises. Actuellement, on estime qu’elles ne sont pas assez intelligentes pour assumer cette tâche.»

«J’ai l’impression qu’il faut laisser la politique à ceux qui savent le faire.»

Autre question lancée par le modérateur: «Peut-on imaginer de payer les jeunes pour qu’ils votent ?» Une idée qui ne trouve pas non plus grâce aux yeux de la génération Y. Les commentaires de désapprobation fusent. «C’est scandaleux!», lance l’une des participantes. «A la place de créer une jeunesse engagée, on créerait ainsi une jeunesse qui fait les choses uniquement pour l’argent», analyse une autre.

Le cliché du vieux sage

Les participants ne cachent pas leur crainte de n’être pas à la hauteur. «J’ai l’impression qu’il faut laisser la politique aux bonnes personnes, à ceux qui savent le faire», note un jeune homme. Beaucoup se disent d’ailleurs contre l’instauration du droit de vote à 16 ans. «A cet âge, on n’a pas encore assez d’expérience et on écoute trop les gens autour de nous», argue une élève.

La complexité du langage politique est aussi pointée du doigt. S’agit-il d’un cliché à balayer? Le président du parlement genevois des jeunes, Sylvain Leutwyler, est de cet avis. Il incite les étudiants à se lancer, en s’appuyant sur son expérience personnelle. «Nous avons tous cette image du vieux sage, mais les jeunes sont à même d’assumer une tâche politique et d’amener leur vision du monde.»

Qui siège dans les parlements?

Il y 45’113 parlementaires dans le monde, qui forment 190 parlements. Seulement 1,75% des parlementaires ont moins de 30 ans, et les femmes ne sont que 22,5%. En Suisse, le Conseil national (Chambre basse) compte 1,5% de jeunes de moins de 30 ans. Les femmes sont 30,5% au Conseil national et 19,6% au Conseil des Etats (Chambre haute).

(Source : UIP)

 

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