«Il faut atteindre les Suisses de l’étranger par des canaux en ligne»
La 5e Suisse a rejeté encore plus nettement l’initiative pour l’autodétermination de l’UDC que les citoyens de l’intérieur. Autre différence: pour les expatriés, les offres en ligne comme celle de swissinfo.ch sont des sources d’informations centrales. C’est ce que montre la première analyse après votation pour laquelle les Suisses de l’étranger ont également été interrogés.
66,2% de non: c’est sur ce score sans appel que les citoyens résidant en Suisse ont refusé ce dimanche l’initiative d’autodétermination de l’UDC (droite conservatrice). Le verdict des Suisses résidant à l’étranger est encore plus net. C’est du moins ce qu’indiquent les résultats des 12 cantons (sur 26) qui comptabilisent séparément les votes des expatriés.
Genève vient en tête: les Suisses de l’étranger qui y sont enregistrés ont été 79% à refuser l’initiative. Le score dans le canton de Zurich est de 76,6%, et dans celui d’Uri de 76,2%. Le taux de refus «le plus bas» est enregistré chez les expatriés du canton de St-Gall: avec 68,1% de non, ils sont proches de la moyenne nationale de 66,2%.
Ces résultats sont en ligne avec ceux des votes précédents sur les initiatives de l’UDC: les Suisses de l’étranger sont plus critiques à l’égard des propositions du parti que les Suisses de l’intérieur.
Le vote sur l’initiative d’autodétermination a également apporté une innovation majeure: sur mandat de swissinfo.ch et pour la première fois, l’Institut gfs.bernLien externe a aussi interrogé pour son analyse des citoyennes et citoyens suisses de l’étranger et a évalué séparément leurs réponses.
Certes, la participation de la communauté des expatriés à cette première est encore modeste: sur 9281 votants interrogés durant la courte période du 23 au 25 novembre, 284 seulement vivent à l’étranger, comme l’explique Urs Bieri, de l’institut de recherche bernois.
Les canaux numériques sont décisifs
Il s’avère néanmoins que les Suisses de l’étranger étaient tout aussi bien préparés à la votation que leurs compatriotes au pays, explique le politologue: 81% des personnes interrogées ont dit qu’il leur avait été plutôt facile de se faire une opinion sur l’initiative d’autodétermination.
La plus grande différence entre expatriés et Suisses de l’intérieur se situe au niveau des sources auxquelles ils s’informent sur le projet. «Pour les votants de la communauté des Suisses de l’étranger, les offres en ligne des médias comme swissinfo.ch et d’autres sont centrales», explique Urs Bieri. Il y a également les réseaux sociaux et la brochure du Conseil fédéral.
Par contre, la radio et la télévision, qui restent les sources les plus importantes pour la formation de l’opinion dans le pays, ont joué un rôle mineur. «Si on veut s’adresser aux Suisses de l’étranger, il est clair qu’il faut le faire par les canaux en ligne», explique le politologue.
Campagne feutrée
Une différence est apparue également au niveau de la campagne. Les messages de l’UDC en faveur de son initiative n’étaient pas du tout dans le ton habituel des campagnes tapageuses et provocatrices du parti. Au point que les citoyens n’ont pas tous réalisé que ces contenus venaient de l’UDC.
«Chez les Suisses de l’étranger, la part de ceux qui n’ont pas compris que ces messages émanaient bien de l’UDC est un peu plus élevée que la moyenne» note le politologue. Ce groupe d’expatriés aurait donc voté plus souvent oui que les citoyens dans le pays qui n’avaient pas compris que les affiches étaient celles de l’UDC. Mais cette acceptation de l’initiative peut aussi correspondre à leurs opinions politiques. Urs Bieri refuse donc de parler ici de distorsion.
Le gouvernement garde la cote
Sur deux autres questions importantes enfin, les citoyens du pays et de l’étranger répondent de manière pratiquement identique: 88% du camp des gagnants (non à l’initiative) estiment que les accords bilatéraux avec l’UE apportent des avantages à la Suisse.
Et même 90% de ce groupe dit faire confiance au Conseil fédéral. En revanche, dans le camp des vaincus (oui à l’initiative), 76% se méfient du gouvernement.
(Traduction de l’allemand: Marc-André Miserez)
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