Pas de vaches à cornes dans la Constitution
L'initiative sur les vaches à cornes est rejetée à 54% et une majorité des cantons. Les Suisses ne veulent pas modifier la Constitution pour subventionner les agriculteurs qui renoncent à écorner leurs animaux.
Les cornes des vaches ne font pas leur entrée dans la Constitution. Malgré l‘attachement des Suisses pour cet animal, les citoyens ont voté non à 54,7% dimanche à l’initiative pour les vaches à cornes. Une majorité des cantons a également rejeté le texte, les seuls à avoir accepté sont: Genève, le Tessin, Glaris, Bâle-Campagne, Bâle-Ville et Schaffhouse.
Le texte demande d’allouer une partie du budget agricole de la Confédération pour donner des subventions aux éleveurs qui renoncent à écorner leurs bovins et leurs chèvres.
La participation à ces votations fédérales s’est élevée à 48%.
Malgré un débat très émotionnel, c’est le «rationnel» qui a finalement pris le dessus, constate le président de l’association vaudoise de promotion des métiers de la terre ProméterreLien externe. Claude Baehler relève toutefois que l’agriculture «a beaucoup de peine à communiquer sur ses activités et sur la manière dont elle travaille».
#vachesàcornesLien externe: le côté rationnel l'a emporté sur l'émotionnel, réaction de l'éleveur Claude Baehler, président de Prométerre #CHvoteLien externe pic.twitter.com/2aKUgtWxLTLien externe
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Un seul homme à l’origine de l’initiative
Reste que l’aboutissement de cette initiative populaire est un petit miracle de la démocratie directe helvétique. L’agriculteur grison Armin Capaul, qui réside dans le Jura bernois, a mené ce projet presque seul. Révolté par l’écornage quasi systématique des bovins en Suisse, il est passé par toutes les étapes possible afin de faire bouger les choses: lettres ouvertes au Conseil fédéral et aux parlementaires, motions parlementaires puis dépôt d’une pétition munie de 18’000 signatures. Ces démarches n’ayant pas permis de faire avancer le dossier, il décide de lancer une initiative populaire qu’il parvient à faire aboutir grâce à des dons, à une partie de sa propre caisse de pension et à l’engagement de bénévoles, dont de nombreux membres de sa famille.
L’échec de l’initiative devant le peuple ne décourage pas Claudia et Armin Capaul, au contraire. Ils veulent «continuer le combat» et estiment que ce résultat leur permettra de mieux se faire entendre des autorités.
#vachesàcornesLien externe: "On va continuer le combat", disent Claudia et Armin Capaul, à l'origine de l'initiative #CHvoteLien externe pic.twitter.com/R20OCs2uQILien externe
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Le texte ne demandait pas d’interdire l’écornage, mais d’encourager les éleveurs à conserver les cornes de leurs bêtes. L’initiative «Pour la dignité des animaux de rente agricoles»Lien externe proposait un ajout à l’article 104 de la Constitution, afin que la Confédération apporte un soutien financier aux détenteurs «de vaches, de taureaux reproducteurs, de chèvres et de boucs reproducteurs» tant que les animaux adultes portent leurs cornes.
Appel au rejet
Le Conseil fédéral et le Parlement invitaient le peuple à rejeter cette initiativeLien externe, en rappelant que la Confédération encourage déjà les formes d’élevage particulièrement respectueuses du bien-être des animaux, en versant des contributions pour les stabulations libres et les sorties régulières en plein air. Ils craignaient également un effet pervers de ce texte: les éleveurs, encouragés financièrement à laisser les cornes à leurs vaches, pourraient renoncer à la stabulation libre et entraver les bêtes afin de gagner de la place et éviter les blessures.
Réagissant au résultat du scrutin, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a indiqué qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un vote contre les éleveurs de vaches à cornes. Il en a profité pour tirer son chapeau à Armin Capaul pour avoir mené cette initiative populaire jusqu’au bout.
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