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Des contenus sur l’homosexualité censurés par Weibo

La populaire plate-forme, qui revendique 400 millions d'utilisateurs mensuels actifs, a affirmé qu'elle appliquait la nouvelle loi chinoise sur la cybersécurité (archives). KEYSTONE/AP/Alexander F. Yuan sda-ats

(Keystone-ATS) La plate-forme chinoise de microblogs Weibo a annoncé qu’elle allait supprimer des contenus sur l’homosexualité. Ce nouveau tour de vis a suscité samedi un déferlement de messages protestataires d’internautes, ralliés sous le mot-dièse: « #Je suis gay ».

Weibo a entamé une « campagne de nettoyage » des contenus « illégaux », visant notamment « les mangas et vidéos avec des implications pornographiques, promouvant la violence, ou (liés à) l’homosexualité », qu’il s’agisse « d’amours entre hommes ou d’histoires gay fictionnelles », selon un communiqué vendredi.

Il s’agit du dernier signe en date d’une vague de répression lancée par le Parti communiste au pouvoir afin d’expurger l’internet de tout contenu déviant des « valeurs centrales du socialisme », tout en étouffant les critiques des normes sociales et politiques établies.

Cette campagne, qui durera trois mois, s’attaquera également aux « jeux vidéo violents, de type ‘Grand Theft Auto' », a précisé Weibo sur le compte officiel de ses « administrateurs ». La populaire plate-forme, qui revendique 400 millions d’utilisateurs mensuels actifs, a affirmé qu’elle appliquait la nouvelle loi chinoise sur la cybersécurité.

Retour à « l’époque féodale »

Weibo a indiqué vendredi avoir déjà, dans le cadre de l’opération, supprimé quelque 56’240 éléments. L’annonce suscitait samedi sur la plate-forme un flot de réactions stupéfaites, outrées ou furieuses d’internautes chinois. Les protestataires se sont choisi pour cri de ralliement le mot-dièse « #Je suis gay » (#WoshiTongxinglian).

Celui-ci avait été utilisé à la mi-journée par quelque 170’000 usagers de Weibo. « Il n’y aurait pas d’homosexualité sous le socialisme?? C’est incroyable que la Chine progresse économiquement et militairement, mais en revienne à l’époque féodale sur le plan des idées », rageait un internaute.

« Comment se fait-il que l’opinion publique se soit tellement rétrécie ces deux dernières années? », se lamentait un autre. « C’est tout simplement discriminatoire! Beaucoup de mangas supprimés n’avaient rien de pornographique », observait un troisième.

Renforcé sous Xi Jinping

La vaste communauté des « funü » (« filles déviantes ») se montrait particulièrement critique. Ces Chinoises hétérosexuelles avides d’histoires romantiques d’amours gay masculines partagent volontiers bandes-dessinées ou récits. Nombre des messages protestataires étaient censurés.

Les autorités chinoises encadrent étroitement le web local pour en expurger tout contenu jugé sensible, comme les critiques politiques ou la pornographie. Elles imposent aux sites internet d’avoir leurs propres censeurs.

Un contrôle qui s’est drastiquement renforcé sous la présidence de Xi Jinping, qui prône un renforcement croissant de l’idéologie socialiste au sein de la société. L’agrégateur de contenus d’actualité Toutiao en a fait les frais cette semaine: sanctionné pour avoir permis à ses usagers d’échanger entre eux sur son application des blagues ou vidéos grivoises, il a promis de porter à 10’000 le nombre de ses censeurs.

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