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Des Jeux, des records et des…. interrogations

Le Jamaïcain Usain Bolt a pulvérisé les records du monde du 100 et du 200 mètres. Un athlète hors du commun? Keystone

Le spectacle des compétitions et la pluie de records battus lors de ces joutes font des JO de Pékin un véritable événement médiatique et sportif. Evoquée avec vigueur avant le début des Jeux, la question du dopage est passée sous silence. Pourtant...

A quatre jours du terme des Jeux olympiques, seuls cinq athlètes ont été contrôlés positifs. Mercredi, la commission exécutive du Comité international olympique (CIO) a annoncé qu’une enquête pour dopage visait la spécialiste ukrainienne de l’heptathlon Lyudmila Blonska (positive à un stéroïde anabolisant) et qu’elle envisageait de lui retirer sa médaille.

Avant elle, la Grecques Fani Halkia (400 mètres haies), le tireur nord-coréen Kim Jong Su, la cycliste espagnole Isabel Moreno et la gymnaste vietnamienne Thi Ngan Thuong Do avaient également été testés positifs.

Cinq cas seulement ont été rendus public après plus de douze jours de compétitions, une pluie de performances d’exceptions et de nombreux records du monde en haltérophilie, en cyclisme sur piste, en tir à l’arc ou au pistolet mais surtout en athlétisme (3000 mètres steeple, 100 mètres, 200 mètres, etc..) et en natation (féminine, masculine et relais).

L’effet dissuasif

Pour expliquer cette «propreté» apparente des athlètes, le CIO met en avant l’effet dissuasif de son programme de contrôles. Sa porte-parole, Giselle Davies, a déclaré que plus de 4000 contrôles avaient déjà été réalisés, dont plus de 3000 tests urinaires et 800 analyses de sang.

D’ici la fin des Jeux dimanche, le CIO aura réalisé 4500 contrôles à Pékin. A Athènes il y a quatre ans, 3600 contrôles avaient été mis en œuvre. De plus, 39 athlètes ont été pris avant les Jeux après avoir été contrôlés par leurs fédérations ou les agences antidopage.

Les doutes d’Halsall et Egger

Malgré cela, le doute subsiste. En Suisse, deux observateurs privilégiés osent la critique et appellent à l’arrêt de l’hypocrisie.

L’ancien nageur genevois Dano Halsall, tout d’abord, détenteur du record du monde du 50 mètres dans les années 80 s’est interrogé le premier dans plusieurs médias helvétiques sur les performances de ses pairs.

«Quand je vois des nageurs sortir de l’eau sans être entamés physiquement, c’est très… étrange. Sur un sprint, on donne son maximum. Et à l’arrivée, on finit en déficit d’oxygène. Or là, à les observer, je ne vois presque pas d’essoufflement, c’est troublant (…) Certains expliquent que tel ou tel nageur a beaucoup travaillé durant un an et pu ainsi prendre huit kilos de muscle. Soyons sérieux… ce n’est pas possible», affirme Dano Halsall dans la Tribune de Genève.

Interrogé par swissinfo, le célèbre préparateur physique et ancien athlète olympique Jean-Pierre Egger corrobore les dires du nageur.

«Il faudrait être naïf pour penser que toutes ces performances extraordinaires sont réalisées à l’eau. On essaie d’améliorer les performances des toutes les manières possibles et imaginables alors pourquoi pas sur le plan de la pharmacologie. Pour rester digne d’intérêt, l’athlétisme a besoin de records», avance-t-il.

«De plus, de nombreux records détenus pas des athlètes qui se dopaient aux anabolisants lorsque ceux-ci étaient indétectables sont aujourd’hui battus. Les contrôles antidopage sont plus performants d’accord. Mais peut-être existe-t-il de nouvelles manières de se doper ou de nouveaux produits à l’effet ‘masquant’. Pour qu’il y ait dopage, il faut un contrôle positif. C’est comme sur la route, tant qu’aucun radar n’a flashé vous n’avez pas roulé trop vite.»

Fiabilité des contrôles?

Reste à connaître la véritable fiabilité des contrôles antidopage. Une fiabilité mise à mal par les récentes révélations du directeur de Laboratoire suisse d’analyse du dopage de Lausanne.

Dans Le Matin, Martial Saugy explique qu’un de ses collaborateurs – spécialiste de la méthode de détection du dopage par transfusion sanguine homologue – aurait dû se rendre à Pékin pour superviser les analyses. Mais son voyage a été annulé au dernier moment par les responsables du laboratoire chinois où celles-ci sont effectuées.

swissinfo, Mathias Froidevaux

Les athlètes contrôlés (les cinq premiers de chaque compétition et quelques-uns tirés au sort) remettent un échantillon de sang et d’urine aux agents de contrôle.

Celui-ci est divisé en deux flacons (A et B) et remis à l’agence chinoise antidopage pour analyse. En cas de résultat positif du premier échantillon, une contre-expertise est réalisée au moyen du second flacon.

En cas de confirmation, des sanctions peuvent être prises.

Le Jamaïcain Usain Bolt est devenu à Pékin l’homme le plus rapide de tous les temps sur la distance reine du 100 mètres.

Le nouveau champion olympique a tout simplement pulvérisé le record du monde de la discipline (9”69) avec une aisance surnaturelle et tout en stoppant son effort à quelques mètres de la ligne.

Un exploit magnifique qui n’est pas sans rappeler les records du monde de Ben Johnson (9”79 réalisé en 1988 aux JO de Séoul), de Tim Montgomery (9”78 en meeting en 2002) et de Justin Gatlin (9”76 en meeting en 2006)…. Trois athlètes convaincus de dopage peu de temps après leur exploit

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