Des Jeux, du spectacle et… des questions
Vendredi 8 août 2008, à 8h du soir, 8 minutes et 8 secondes – le 8 est un chiffre porte-bonheur en Chine - la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin va officiellement lancer la grande messe sportive de l'été. En filigrane, la question des droits de l'homme, celles de la sécurité, de la pollution et du dopage.
Depuis le 13 juillet 2001 et l’attribution de l’organisation des Jeux olympiques d’été à Pékin, la capitale chinoise vit dans une sorte d’apnée frénétique: Tout faire pour réussir ce rendez-vous planétaire, éblouir la monde de la grandeur chinoise. Et pas uniquement en remportant des médailles.
Des Jeux olympiques, c’est bien évidemment du sport et des performances. Mais pour la Chine, l’enjeu est également politique. Et, depuis l’arrivée mercredi de la flamme olympique dans les rues de la capitale pour un dernier périple de trois jours, le patriotisme est exacerbé.
Ces Jeux sont l’occasion pour la Chine de briller aux yeux du monde et de se montrer sous son meilleur jour en étant un hôte performant, de faire taire les critiques, de convaincre de sa modernité et de sa puissance actuelle.
Un lifting
Pour les Jeux olympiques, Pékin a subi un ‘lifting’ complet. Une transformation qui s’est souvent faite au détriment du patrimoine ancien.
Désireuses d’afficher leur nouvelle puissance et d’exhiber une capitale sans défauts, les autorités ont profité des JO, non seulement pour construire les sites des compétitions, mais aussi pour accélérer la restructuration de la ville. A côté des nouveaux buildings, routes et ponts, un réseau de métro a été inauguré.
Le temps des Jeux, la ville a aussi déplacé ses mendiants, ses handicapés et ses marginaux.
Pollution et sécurité
Comme Pékin est l’une des villes les plus polluées au monde, avec 3,3 millions de véhicules en circulation et 1000 nouvelles unités chaque jour (pour une population d’une quinzaine de millions d’habitants), la circulation va être alternée et l’arrêt des usines a été décidé.
Ceci, afin que l’air redevienne respirable malgré la chaleur étouffante. Reste qu’à la veille de l’ouverture des JO, la capitale chinoise était encore plongée dans une brume épaisse.
Par ailleurs, des dizaines de milliers de soldats, de policiers et de «volontaires» ont été déployés dans les rues de la capitale. Ce qui témoigne de la volonté de maitrise et de verrouillage des autorités, mais aussi de leurs inquiétudes après l’attentant qui a tué 16 policiers dans la province du Xinjiang il y a peu. Un attentat attribué à des islamistes ouïghours.
Les habitants de Pékin et les touristes ont été prévenus des contrôles sécuritaires très poussés auxquels ils devront se soumettre durant la période olympique.
Droits de l’homme
Les autorités veulent éviter toute perturbation, attentat terroriste ou mauvaise publicité.
Les étapes internationales de la flamme olympique ont été marquées par de nombreuses manifestations organisées par des militants critiquant la politique chinoise au Tibet et au Soudan.
Le Tibet, région autonome de la Chine, a connu d’importants troubles en mars, qui ont donné lieu à des manifestations dans le monde entier. Divers chefs d’Etat avaient alors annoncé la possibilité de ne pas honorer Pékin de leur présence à la cérémonie d’ouverture.
Du côté officiel tout est rentré dans l’ordre. Les grands de ce monde sont déjà à Pékin. Interrogé par swissinfo au Viet Nam, le président de la Confédération Pascal Couchepin expliquait qu’il «ne faut pas mettre la Chine sur le banc des accusés ni tenter de la placer sous tutelle car cela mènerait à un dialogue de sourds».
Mais la police chinoise a encore arrêté mercredi deux Américains et deux Britanniques qui avaient déployé des banderoles pour un Tibet libre près du stade olympique. De par le monde, diverses organisations de défense des droits de l’homme poursuivent leur lutte.
Par ailleurs, une récente manifestation de Pékinois mécontents tout près de la symbolique place Tienanmen a également poussé les autorités de la capitale à réglementer l’accès à la place pour les médias étrangers. Divers sites Internet restent également bloqués.
Sport et…dopage
Le début des compétitions sportives sera-t-il à même d’occulter ces différentes zones d’ombres? Possible… mais pas certain. Ce d’autant que le spectre du dopage risque de planer sur les performances de certains athlètes.
Avant même de commencer les joutes, la Fédération russe a été frappée par plusieurs scandales de dopage impliquant de possibles médaillés à Pékin. Sept athlètes féminines ont été suspendues par la Fédération internationale d’athlétisme et le cycliste Vladimir Gusev a été retiré de sa sélection par sa fédération.
Côté brésilien, c’est le handballeur Jaqson Kojoroski qui est resté au pays suite à un contrôle.
swissinfo et les agences
Les Jeux olympiques de Pékin se déroulent du 8 au 24 août 2008.
Quelque 15’000 personnes assureront le spectacle de la cérémonie d’ouverture au Stade national, le déjà fameux «Nid d’oiseau» construit par les architectes suisses Herzog et de Meuron, et 29 ’00 feux d’artifice devraient ponctuer la cérémonie.
31 sites de compétitions. Près de 10’000 athlètes de 205 pays disputeront 302 épreuves dans 38 disciplines.
Mis à part Pékin, six autres sites olympiques accueilleront les Jeux (Qingdao, Hong Kong, mais aussi Shanghai, Tianjin, Shenyang et Qinhuangdao).
Pékin compte 15 millions d’habitants sur les 1,3 milliards de la Chine Les investissements en lien avec les JO 2008 sont estimés à 41 milliards de francs.
Avec 84 athlètes, la délégation helvétique est la plus petite envoyée à des JO depuis ceux de 1972 à Münich.
L’objectif des Suisses et de glaner cinq médailles à Pékin. Soit de faire aussi bien qu’à Athènes avec cinq médailles (dont une d’or).
Mais le potentiel est là pour faire bien mieux avec notamment des chances en cyclisme avec Fabian Cancellara, Karin Thürig et le tandem Franco Marvulli/Bruno Risi. Ainsi qu’en VTT avec Christoph Sauser et Florian Vogel.
En Tennis avec Roger Federer et Stanislas Wawrinka. En marathon avec Viktor Röthlin. En judo avec Sergei Aschwanden. En natation avec Flavia Rigamonti. En voile avec le duo Flavio Marazzi/Enrico di Maria. En escrime avec Michael Kauter et Sophie Lamon ainsi qu’en triathlon et en hippisme.
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