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Deux semaines de congé pour les pères: entre pas assez et trop

Aujourd'hui, les pères veulent être plus présents dans la vie de leurs enfants (archives). KEYSTONE/THOMAS DELLEY sda-ats

(Keystone-ATS) Le compromis sur le congé paternité qui propose deux semaines de congé divise. C’est « un minimum » pour certains, « une politique symbolique » pour d’autres. Pour l’UDC et les patrons, au contraire, c’est même trop.

Actuellement, seule la mère a droit à un congé maternité après la naissance d’un enfant. Celui-ci est d’au moins quatorze semaines. Une initiative populaire demande elle un congé paternité de 20 jours. Le compromis de la commission de la sécurité sociale du Conseil des Etats en consultation jusqu’à samedi propose la moitié, soit dix jours.

Un pas…

Le Parti socialiste se félicite que la commission de la sécurité sociale reconnaisse la nécessité d’accorder aux pères un congé à la naissance de leur enfant. La voie choisie par le contre-projet est judicieuse car elle ancre les dispositions dans la loi. Le congé, à prendre sur six mois, serait financé par les allocations pour perte de gain (APG). C’est un pas dans la bonne direction, estiment les Vert’libéraux.

L’association « le congé paternité maintenant! » rappelle que le coût du congé de quatre semaines s’élève à « 400 à 450 millions de francs par an au maximum ». Cela représente 0,055% du salaire, soit 3 francs sur un salaire moyen et donc « moins que le prix d’un café ».

L’union syndicale suisse (USS) et la faîtière des travailleurs Travail.Suisse saluent tout deux le fait que le contre-projet, comme l’initiative, protège le congé maternité. Mais la proposition reste minimaliste, soulignent-ils à l’instar du PS.

Deux semaines, ce n’est pas un compromis, mais un « lot de consolation », ajoute l’USS. Cette période ne suffit pas à faire évoluer la situation en terme d’égalité, abonde le PS. Celui-ci exhorte la commission à s’en tenir aux exigences de l’initiative populaire. La Suisse accuse un retard insoutenable, ajoute le parti.

… mais trop timide

Pour les Verts aussi, la proposition de la commission est « trop timide et absolument insuffisante ». Selon eux, ni deux semaines, ni quatre ne suffisent au père pour prendre sa place au sein de la nouvelle famille.

Ils exigent un congé paternité de huit semaines minimum ainsi qu’une période de 28 semaines de congé parental. Quatorze semaines seraient réservées à la mère et le père pourrait prendre au minimum huit semaines de congé durant les six premiers mois. Le PS exige même 38 semaines de congé parental, dont quatorze pour le père.

La commission fédérale pour les questions familiales estime également qu’un congé de 38 semaines serait bénéfique aux parents, à l’enfant et à l’économie. Les coûts seraient tout à fait supportables au vu des avantages économiques qu’induirait un congé parental.

Positif pour l’économie

Si les mères sentent que les pères les déchargent dans leur quotidien avec leur enfant, elles reprennent plus facilement leur travail, argumente Travail.Suisse. Le congé paternité permet donc à l’économie d’exploiter ce potentiel.

Pour la faîtière, l’augmentation du taux de prélèvement APG resterait modeste et facilement supportable, aussi bien avec l’initiative populaire qu’avec le contre-projet indirect.

Côté bourgeois, le PBD préférerait aussi un congé parental, plus flexible et plus moderne. A défaut, il estime que le contre-projet est supportable, autant pour les entreprises et les PME que pour les assurances sociales.

Pour le Parti démocrate-chrétien aussi, le compromis est supportable pour les PME. Il est également profitable à la famille.

Dogmes égalitaristes

Une vue que ne partage pas l’UDC. « Contrairement aux dogmes égalitaristes qui circulent, un nouveau-né a d’abord besoin de sa mère », s’insurge le parti de droite. Et d’ajouter que le congé paternité engendre des charges supplémentaires quelle que soit sa version et cela sans apporter une réelle contre-valeur.

Ces excès sociaux sont inacceptables pour les groupes de la population et les entreprises qui rencontrent de réels problèmes financiers en raison de la hausse constante des impôts et des charges salariales, poursuit l’UDC. L’union patronale suisse rappelle pour sa part que la majorité des entreprises n’ont que dix employés. Il leur est impossible de mettre en place ce congé paternité, conclut-elle.

Le PLR, opposé à l’initiative populaire, n’a pas encore pris position sur le contre-projet.

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