Alain Berset: «La culture politique de la Suisse a changé»
Le président de la Confédération Alain Berset, qui a annoncé mercredi son départ du Conseil fédéral pour la fin de l’année, est le premier homme politique suisse à avoir eu besoin d'une protection personnelle, 24 heures sur 24. Pour la culture politique suisse, cela représente un tournant.
En Suisse, il est normal que les membres du gouvernement puissent se déplacer au quotidien comme des citoyens normaux, que ce soit dans les transports publics ou lors d’une randonnée en famille. Cette normalité est toutefois de plus en plus remise en question.
Le président de la Confédération suisse Alain Berset, qui a également mené la gestion de la pandémie en tant que ministre de l’Intérieur, a été exposé à des menaces durant cette période. Son domicile, sa maison de vacances et sa famille ont dû être surveillés 24 heures sur 24. Alain Berset parle de «menaces très brutales». Il y a eu un moment où il s’est demandé: «Est-ce que je peux encore bien faire mon travail comme ça?»
swissinfo.ch: Monsieur le Président de la Confédération, la culture politique a-t-elle changé durant votre mandat au Conseil fédéral?
Alain Berset: Oui, beaucoup de choses ont changé, et nous devons vraiment entretenir la culture politique. Nous avons vécu des temps incertains. Nous avons vu une évolution du populisme au niveau international. Elle a commencé en 2016, puis avec la pandémie, qui a vraiment été un tournant brutal pour nous tous.
Pour vous aussi?
Oui, pour moi aussi. C’était la pire crise que le pays ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, il y a eu la crise énergétique, puis le défi de la fin de Crédit Suisse: il y a un énorme besoin de communication auprès de la société actuelle.
Avec vous, c’est un communicateur confirmé qui s’en va. Quelle est l’importance du dialogue en politique?
Il y a tellement de changements que cela crée aussi de l’incertitude. C’est pourquoi les explications sont si importantes. La pandémie, mais aussi tous les autres défis, ont montré à quel point il est important de mener des débats. Il ne s’agit pas seulement de prendre des décisions au sein du Conseil fédéral, mais aussi de pouvoir bien les expliquer.
Ce changement de culture a-t-il contribué à vous faire quitter votre poste?
Au contraire, j’aime les situations qui sont compliquées, où il faut donner le meilleur de soi-même. C’était le cas avec la pandémie. C’était extrêmement exigeant, mais intéressant. Ma décision de ne pas me représenter est plus simple. Au final, cela fera trois législatures complètes et deux années de présidence accomplies. De plus, en Suisse, nous avons depuis dimanche, avec le troisième vote sur la loi Covid, atteint la fin de la gestion de cette crise liée à la pandémie.
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