Les Suisses de l’étranger ont plébiscité la naturalisation facilitée
Un grand «oui» à la naturalisation facilitée des petits-enfants d’immigrés, mais également à la réforme fiscale des entreprises et au nouveau fonds routier: les Suisses de l’étranger ont suivi sur toute la ligne les recommandations du gouvernement helvétique lors des votations de dimanche.
Ce contenu a été publié sur
4 minutes
Journaliste et responsable adjoint de la rédaction regroupant les trois langues nationales de swissinfo.ch (allemand, français, italien). Précédemment au Teletext et à rts.ch.
Accorder plus facilement le passeport rouge à croix-blanche aux petits-enfants d’immigrés est une évidence pour les Suisses de l’étranger. Dimanche, ils ont largement dit «oui» à l’inscription de ce principe dans la constitution. C’est ce que démontre l’analyse des résultats de la votation du 12 février 2017 dans les 12 cantons qui comptabilisent de manière séparée les votes des Suisses de l’étranger.
Alors que la population suisse a avalisé dans son ensemble ce projet à 60,4% des voix, le pourcentage de «oui» oscille généralement entre 70 et 80% au sein de la diaspora selon les cantons. Les Suisses de l’étranger inscrits sur les registres électoraux de Bâle-Ville, Vaud et Zurich ont même plébiscité la réforme à plus de 4 voix contre 5. Dans la plupart des cantons alémaniques pris en compte dans l’analyse – Appenzell Rhodes-Intérieures, Uri, Lucerne, Saint-Gall, Thurgovie et Argovie – la différence entre le pourcentage de «oui» enregistré sur l’ensemble du canton et les Suisses de l’étranger dépasse les 20 points.
Contenu externe
Cet écart conséquent s’explique certainement par le fait que de nombreux Suisses de l’étranger possèdent la double voire la triple nationalité et se montrent donc plus ouverts à ces questions de citoyenneté. Par ailleurs, des études ont montré que les Suisses de l’étranger votaient généralement un peu plus à gauche que leurs concitoyens restés au pays. Un phénomène qui semble s’être confirmé dans le cadre de cette votation: bien que soutenu par le gouvernement et la majorité du Parlement, le projet de naturalisation facilitée émanait en effet au départ des rangs de la gauche, plus précisément de la députée socialiste Ada Marra.
A cet égard, les résultats de la votation sur la troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE III) peuvent paraître surprenants. Contrairement à leurs compatriotes domiciliés au sein de la Confédération, les Suisses de l’étranger n’ont pas suivi les recommandations de la gauche, à l’origine de ce référendum victorieux. Dans les douze cantons pris en compte, les citoyens ont à chaque fois approuvé la réforme qui visait à mettre fin aux statuts fiscaux des multinationales étrangères tout en abaissant le taux d’imposition de l’ensemble des entreprises présentes sur sol helvétique.
Contenu externe
L’une des explications réside certainement dans le fait que les expatriés n’étaient pas directement touchés par les conséquences fiscales de cette réforme. Tout au long de la campagne, les opposants n’ont en effet eu cesse de marteler que les «cadeaux fiscaux» faits aux entreprises dans le cadre de cette réforme seraient répercutés par une augmentation des impôts de la classe moyenne. Une hausse qui n’aurait pas affecté les Suisses de l’étranger, la Confédération ne taxant pas ses citoyens à l’étranger.
Contrairement à la majorité du peuple suisse, la diaspora n’a ainsi pas jugé avec autant de méfiance ce projet soutenu par la quasi-totalité des élites politiques et économiques du pays. Elle a au contraire estimé que ce projet était nécessaire dans l’optique d’adapter le système fiscal helvétique aux nouveaux standards de l’OCDE, qui ont pour objectif de lutter contre l’évasion fiscale des multinationales.
La confiance des expatriés à l’égard des autorités fédérales s’est également manifestée dans le vote sur le nouveau fonds routier destiné à financer les autoroutes et le trafic d’agglomération, un projet là aussi soutenu par le gouvernement et la majorité du Parlement. Le taux d’approbation parmi les Suisses de l’étranger a généralement oscillé entre 70 et 80% selon les cantons, alors que la moyenne nationale s’est établie à 62%.
Avez-vous le sentiment que la désinformation représente un danger particulier pour les démocraties directes?
Un expert de l'EPFZ s'attend à ce que la désinformation soit particulièrement dangereuse pour les États où les votations sont nombreuses, comme la Suisse.
Comment les événements politiques ou économiques récents ont-ils influencé votre confiance dans le gouvernement suisse?
Alors qu’elle était habituellement connue à l’étranger pour le degré de confiance élevé dont jouissent ses autorités, la Suisse est en train de traverser une crise de confiance. Comment l'expliquez-vous?
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.
En savoir plus
Plus
Aucune confiance dans la réforme fiscale des «élites»
Ce contenu a été publié sur
«Six votants sur dix qui refusent un projet fiscal adoubé par le Conseil fédéral, c’est une déconfiture de première classe rarement vue en politique suisse», affirme ‘24 heures’. «Une gifle pour la majorité qui a soutenu le projet, une victoire haut la main et certainement inattendue par son ampleur pour la gauche, qui avait lancé…
Les petits-enfants d’immigrés deviendront plus facilement Suisses
Ce contenu a été publié sur
La quatrième fois aura été la bonne. Après avoir refusé part trois fois des projets de naturalisation facilitée, les Suisses ont accepté ce dimanche d’octroyer plus facilement le passeport rouge à croix blanche aux petits-enfants d’immigrés. Les citoyens ont avalisés par 60,4% des voix une modification de la constitution pour faciliter les procédures de naturalisation…
Le peuple suisse coule la réforme de l’imposition des entreprises
Ce contenu a été publié sur
Au terme d’une campagne très virulente, le peuple suisse a largement rejeté dimanche la troisième réforme de l’imposition des entreprises. Alors que le dernier sondage annonçait un résultat serré dans les urnes, le peuple suisse a infligé un véritable camouflet à son gouvernement et notamment à son ministre des Finances Ueli Maurer. Le ‘non’ l’emporte avec…
Ce contenu a été publié sur
En 2014, les Suisses approuvaient à 62% le fonds ferroviaire. Trois ans plus tard, ils soutiennent avec la même force son jumeau routier. «La population approuve une utilisation complémentaire des transports», et promeut ainsi un «mode de financement pionnier en Europe», s’est réjouie Doris Leuthard, ministre en charge de l’Environnement, des Transports et de l’Energie,…
Faut-il donner plus facilement le passeport suisse aux petits-enfants d’immigrés?
Ce contenu a été publié sur
Si votre famille est établie en Suisse depuis la génération de vos grands-parents, cela ne vous aidera pas forcément à obtenir la nationalité suisse. Actuellement, les jeunes étrangers de troisième génération doivent passer par la même procédure de naturalisation que leurs parents ou grands-parents, à moins qu’ils ne soient mariés à un ou une ressortissant(e)…
«La Suisse devrait avoir plus confiance dans sa capacité d’intégration»
Ce contenu a été publié sur
swissinfo.ch: La Suisse a une des législations sur la naturalisation les plus restrictives d’Europe. Pourtant, lors de la création de son Etat moderne en 1848, sa politique en la matière était plutôt libérale. Que signifiait alors être citoyen? Brigitte Studer: La Constitution fédérale de 1848 introduit un droit à la citoyenneté, mais la Confédération donne…
Non, la Suisse n’est pas «la championne des naturalisations»
Ce contenu a été publié sur
«Quand on compare les chiffres entre pays, on est quasiment les champions du monde de la proportion de naturalisations», a récemment déclaré l’UDC (droite conservatrice) Jean-Luc Addor, lors d’un débat de la télévision publique de la Suisse francophone sur la naturalisation facilitée pour les étrangers de troisième génération, soumise à votation le 12 février. L’affirmation…
Une femme en burqa contre la naturalisation facilitée des petits-enfants d’immigrés
Ce contenu a été publié sur
L’affiche est la dernière création de GoalLien externe, l’agence publicitaire helvétique à l’origine de la propagande anti-étrangers et anti-musulmans déjà abondamment utilisée lors de précédentes campagnes de votation par la droite nationaliste helvétique. L’affiche la plus célèbre de l’agence représente un mouton blanc bottant un mouton noir hors du drapeau suisse. Placardée une première fois…
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.