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Après la mort du «roc» Elizabeth II, la presse suisse voit des lendemains incertains

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La reine Elizabeth lors de sa visite d'État en Suisse en 1980. Keystone / Str

La presse suisse a rendu hommage vendredi à Elizabeth II. La monarque, qui incarnait la stabilité, a régné 70 ans sur un Royaume-Uni qui s'est réveillé en proie à l'incertitude.

Les journaux s’y étaient préparés depuis un moment et pourtant on y lit de la stupeur vendredi. Elizabeth II, figure de permanence, n’est plus. «Elle était donc mortelle, s’étonnent ArcInfo et Le Nouvelliste. Nous avions fini par l’oublier devant la longévité de son règne. Cet été, lors de son jubilé de platine, elle avait montré des signes de faiblesse, mais c’était la reine, que diable.»

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En effet, cette reine qui semblait éternelle aura marqué les esprits par sa présence et sa sérénité. «La reine a servi son pays jusqu’à son dernier souffle», constatent la Tribune de Genève et 24 Heures. Elle est restée «fidèle au serment qu’elle avait fait à l’âge de 21 ans: ‘consacrer ma vie, qu’elle soit longue ou courte, à votre service et au service de la grande famille impériale’ […] Son sens du devoir est resté aussi absolu qu’au premier jour. Lui donnant encore la force d’introniser, mardi à Balmoral, le quinzième Premier ministre de son règne. Une reine au travail, dans les ultimes instants de son existence.»

«La reine aimait les gens, les accompagnait à travers les crises et les scandales», écrit le Blick. «Sa promesse était: ensemble, nous y arriverons. C’est ce qui a fait d’elle le roc des personnes déstabilisées et sans espoir. Elle était admirée et respectée dans le monde entier pour sa fermeté et aussi pour ses 70 ans au service de la couronne britannique. Quel long mandat!»

Rien ne sera plus comme avant

Reine est un job à vie, et la vie continue. En expirant, Elizabeth II cède sa place sur le trône à son fils aîné, désormais appelé Charles III. Plutôt qu’une continuité, cette passation immédiate est un tournant, une rupture même, relève la presse suisse.

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«Il ne fait aucun doute que la mort de la monarque représente une profonde césure et une mise à l’épreuve pour le Royaume-Uni, secoué par les conséquences du Brexit et les tentatives de scission», affirment la Luzerner Zeitung et l’Aargauer Zeitung.

Pour la NZZ, «la Grande-Bretagne vit un profond bouleversement […] La reine Elizabeth II ayant symbolisé la monarchie pour des générations de Britanniques, beaucoup d’entre eux ne peuvent et ne veulent pas imaginer un monde sans la reine […] La reine a toujours su garder son calme, répondant ainsi aux besoins de stabilité et de continuité d’une époque où peu de choses semblent pouvoir durer. Pour beaucoup de ses sujets, elle était devenue une projection sur laquelle se reflétaient leurs propres désirs irréalisables de dignité et de conduite de vie appropriée.»

«La mort d’Elizabeth II ouvre un gouffre immense pour la Grande-Bretagne», note Le Temps. Elle «n’emporte pas seulement avec elle un pan immense de l’histoire britannique et mondiale. Elle forcera sans doute la Grande-Bretagne à faire également le deuil définitif de sa grandeur passée.»

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Une visite d’État qui avait fait jaser

La reine Elizabeth II était venue en Suisse en avril 1980 en visite d’État. Le président de la Confédération Georges-André Chevallaz avait alors fait jaser au moment des honneurs militaires.

La reine avait été accueillie par le Conseil fédéral in corpore à Zurich. «Alors que Sa Majesté termine la revue de la garde d’honneur et ne sait trop où se diriger, (M. Chevallaz) la fait pivoter d’un brusque mouvement de la main. Geste sacrilège! Dans le grand Commonwealth, celui sur lequel le soleil ne se couchait jamais, on coupait des têtes pour moins que cela!», écrit alors L’Illustré.

Avec son époux le prince Philip, la souveraine britannique s’était ensuite rendue à Berne, Bâle, Lausanne, Montreux, Lucerne ainsi qu’au Grütli, où elle avait prononcé un discours.

Ignazio Cassis cette année

Elizabeth II a par la suite rencontré à Londres d’autres présidents de la Confédération, Flavio Cotti et Samuel Schmid, respectivement en 1998 et en 2005. Le Bernois, qui avait discuté une vingtaine de minutes avec la souveraine, s’était dit alors très impressionné par sa royale interlocutrice, fort au fait de la Suisse.

Fin juillet 2012, la présidente de la Confédération de l’époque, Eveline Widmer-Schlumpf, a participé à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Londres. Un peu plus tôt, la Grisonne avait eu l’occasion de s’entretenir avec la reine Elizabeth II et le prince Charles. Ils ont parlé de Klosters, une station de ski du canton des Grisons, où la famille royale passe souvent ses vacances. La reine lui aurait alors demandé où se situaient les espoirs de médailles de la Suisse.

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Le dernier fut Ignazio Cassis, en avril dernier. En visite à Londres en vue de discuter d’un accord de libre-échange, le président de la Confédération s’est dit «très honoré d’avoir été reçu par la reine britannique Elizabeth II» après ses entretiens politiques avec le Premier ministre Boris Johnson.

Ignazio Cassis a présenté ses condoléances à la famille royale britannique quelques minutes après l’annonce du décès d’Elizabeth II. Elle restera dans les mémoires comme «une femme d’une grande force et d’un leadership constant», a-t-il tweeté.

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Dans un message publié jeudi sur le réseau social, le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) s’est dit «profondément attristé» par le décès de la souveraine de 96 ans.

Toujours sur Twitter, les services du Parlement soulignent que la reine Elizabeth II «a été témoin de tout ce qui a façonné notre monde au cours du siècle dernier. Nous resterons à jamais impressionnés par sa sagesse et son calme», écrivent-ils.

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