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La sulfureuse collection Gurlitt dévoilée à Berne

Gurlitt
Le Kunstmuseum de Berne lève le voile sur quelque 400 toiles de la collection Gurlitt. Keystone/Peter Klaunzer

Le rideau se lève sur une partie de la fameuse et controversée collection Gurlitt, ce jeudi à Berne. Deux expositions parallèles en Suisse et en Allemagne présentent quelque 400 œuvres, dont certaines proviennent de spoliation.  

Intitulée «L’art ‘dégénéré’ – confisqué et vendu», l’exposition bernoiseLien externe s’intéresse à l’art moderne banni par le régime national-socialiste allemand. Elle aborde notamment les processus politiques qui, dans les années 1930 et 1940, ont mené à la destruction ou à la vente de ces œuvres qualifiées de «dégénérées». 

A Bonn, le deuxième volet de l’exposition se penche sur les spoliations nazies et leurs conséquences. Les deux présentations seront interverties au printemps 2018. 

Négociant d’art pour les nazis 

Les pièces présentées proviennent de la succession de Hildebrand Gurlitt (1895-1956), un marchand d’art qui s’est particulièrement intéressé à l’art moderne. D’abord menacé par les nazis, il est ensuite devenu un négociant privilégié du régime, dont il a permis de remplir les caisses en vendant à l’étranger ces œuvres de «l’art dégénéré». 

Les autorités allemandes ont découvert plus de 1500 œuvres de grands peintres – comme Monet, Cézanne ou Renoir – et des sculptures dans l’appartement d’un retraité, à Munich en 2012, puis dans une maison à Salzbourg (Autriche) en 2014. Le nom du vieil homme, Cornelius Gurlitt, a mis la puce à l’oreille des enquêteurs. Ils ont immédiatement soupçonné que les pièces en question pouvaient avoir été volées. 

Dans les cercles artistiques, il était connu que Cornelius Gurlitt (1932-2014), en tant que collectionneur privé, possédait des œuvres héritées de son père, qu’il vendait à l’occasion pour financer son train de vie modeste. 

Héritage surprise 

C’est le 7 mai 2014, au lendemain du décès de Cornelius Gurlitt, que l’affaire secoue la Suisse: le Musée des Beaux-Arts de Berne est désigné comme légataire universel dans le testament. «Il n’existe pas de réponse claire à la question de savoir pourquoi le Kunstmuseum fut le destinataire de ces œuvres», écrit l’institution. «Cependant, les Gurlitt étaient liés à Berne par les relations commerciales qu’ils y avaient entretenues avec des galeries et des maisons de vente.» 

Surpris, le musée se demande s’il peut accepter un tel cadeau. Après six mois de réflexion, il se décide positivement. Mais, une cousine de Cornelius Gurlitt contestant la validité du testament, une bataille avec les héritiers a lieu devant la justice munichoise, qui se solde en décembre 2016 en faveur du musée. 

Toutefois, selon un accord conclu avec l’Allemagne, seules les œuvres irréprochables doivent revenir à l’institution bernoise. Leur provenance a ainsi été étudiée, et certaines ont été restituées à leurs ayant droit. Des procédures sont cependant toujours en cours, dont l’une porte sur «La Montagne Sainte-Victoire». Cette huile de Paul Cézanne (1839-1906), l’une des pièces maîtresses de la collection Gurlitt, devrait être présentée dans le cadre de l’exposition. 

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