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La résolution édulcorée sur les médicaments adoptée à l’OMS

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Selon les ONG, les sociétés pharmaceutiques devraient être obligées de divulguer le coût de conception et de production de leurs produits. © Keystone / Gaetan Bally

Après d’intenses négociations, l’Assemblée mondiale de la Santé a adopté une résolution demandant plus de transparence sur les marchés des médicaments. Plusieurs Etats, dont la Suisse, ont pesé pour que le texte n’oblige pas les sociétés pharmaceutiques à divulguer leurs coûts. 

Le projet Lien externede résolution, présenté par l’Italie avec le soutien de près d’une vingtaine de pays, a été négocié pendant plusieurs jours à huis clos par les Etats membres, réunis pour la 72e Assemblée mondiale de l’OMS, qui s’est achevé mardi 28 mai à Genève.

Le projet devait permettre de lever le voile sur la manière dont sont fixés les prix des médicaments, afin de les réduire. Les pays qui comme la Suisse abritent de grands noms de la pharma, ont réussi à atténuer l’ampleur de la résolution.

Le texte original demandait que les prix des médicaments, les données des essais cliniques et les coûts de la recherche et du développement soient rendus publics. Mais il a fallu lutter pour obtenir un soutien suffisant pour les deux derniers éléments, considérés comme les plus controversés de la résolution. 

La version finale comportait plusieurs modifications, introduites sous la pression de certains états. Le compromis trouvé est considéré par les observateurs comme un pas dans la bonne direction, mais encore loin de la révolution nécessaire pour faire baisser les couts de la santé. 

Sans valeur juridique contraignante, le texte final de la résolution,Lien externe qui a été coparrainé par 20 Etats, «exhorte les Etats membres, conformément à leurs cadres et contextes juridiques nationaux et régionaux» à partager publiquement les informations sur les prix nets et à soutenir un meilleur partage des données.

Tractations de dernière minute

Selon des sources à l’Assemblée mondiale de la Santé, les tensions ont été vives dans les cercles de négociation au cours de la semaine dernière. 

Dans un esprit de transparence, de nombreux documents Lien externede séance à huis clos ont été publiés, y compris les commentaires et les changements proposés par certains gouvernements. Cela a aggravé la situation de certains délégués, mais a également ajouté une couche supplémentaire de pression sur les gouvernements accusés de s’incliner devant de puissants lobbyistes pharmaceutiques.

A mi-parcours des négociations, un groupe de plus de 40 organisations de la société civile a publié une lettre ouverte invitant les gouvernements à soutenir la résolution originale et à publier le texte de négociation après chaque session.

Plusieurs pays dotés d’importantes industries pharmaceutiques ont été accusés de traîner les pieds sur un compromis solide. La Suisse, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon et les Etats-Unis ont été montrés du doigt, notamment pour leurs réticences à pousser les acteurs industriels à révéler leurs coûts de R&D. 

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La Suisse a été un ardent défenseur de la transparence des prix, mais a repoussé les mesures qui obligeraient la grande industrie pharmaceutique du pays à révéler ses coûts.

A l’issue de l’Assemblée, le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a regretté l’absence de soutien « unanime » mais s’est félicité de « l’accord historique ». L’Allemagne et la Grande-Bretagne se sont dissociées de la résolution dans leurs déclarations finales.

Questions ouvertes

Patrick Durisch, de l’ONG suisse Public Eye, fervent partisan de la transparence, s’est félicité de la résolution adoptée, tout en doutant qu’elle conduise à des changements immédiats dans l’industrie pharmaceutique. 

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Après la séance plénière, il a déclaré à swissinfo.ch que «c’est un pas important et cela montre qu’il y a une dynamique politique. Mais le combat va continuer. La façon dont les prix sont déterminés est encore inconnue».

Gaelle Krikorian, de l’organisation Médecins sans frontières (MSF), a déclaré que la résolution était un « premier pas bienvenu », mais que les compagnies pharmaceutiques devraient être obligées de divulguer plus d’informations: «Nous avons besoin de connaître les marges bénéficiaires des entreprises, les coûts de production, le coût des essais cliniques, le montant des investissements réellement couverts par les entreprises et le montant pris en charge par les contribuables et les groupes sans but lucratif.»

Dans une déclaration écrite, la Fédération internationale de l’industrie du médicamentLien externe, qui comprend des membres tels que les Suisses Novartis et Roche, a déclaré que «l’accent mis sur le prix est loin d’être à la hauteur de la complexité des problèmes d’accès en général». 

Il a également critiqué le processus qui, à son avis, n’a pas laissé suffisamment de temps pour un dialogue constructif et une enquête sur la manière dont la transparence des prix nets affecterait l’accès des patients aux médicaments.

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Dans le même temps, arrivent sur le marché des thérapies combinées et des nouveaux médicaments de thérapie génique, comme le Zolgensma de Novartis d’une valeur de 2,1 millions de dollars, qui guérit une maladie infantile mortelle en une seule dose.

Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

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