Attention au nouveau piège fiscal: non à l’impôt Billag sur les médias
Un nouvel impôt sur les médias qui prétéritera particulièrement les entreprises helvétiques: Président de l’Union suisse des arts et métiers (USAM), Jean-François Rime dénonce avec vigueur la révision de la loi sur la radio et la télévision (LRTV). Le député de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) s’attaque également à un service public (SSR) beaucoup trop gourmand et qui s’éloigne à ses yeux de sa vocation initiale.
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Jean-François Rime
La nouvelle loi sur la radio et la télévision (LRTV) est un dangereux piège fiscal. En voulant instituer un nouvel impôt Billag sur les médias, le Conseil fédéral va augmenter massivement les charges fiscales qui pèsent sur les citoyens et sur l’économie: tout le monde devra payer, même ceux qui ne reçoivent pas les programmes de la SSR. Et les entreprises passeront même deux fois à la caisse.
Tous les particuliers et toutes les entreprises qui bénéficient des programmes de radio ou de télévision de la SSR paient à l’heure actuelle la redevance Billag. Quiconque n’utilise pas ces programmes n’a rien à payer. Le Conseil fédéral projette toutefois de remplacer cette redevance par un nouvel impôt Billag sur les médias. Que l’on possède ou non un appareil récepteur, que l’on utilise ou non les programmes, que l’on puisse ou non écouter la radio ou regarder la télévision, c’est sans importance: tout le monde doit payer.
Point de vue
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Il en est même qui passeront deux fois à la caisse pour s’acquitter du nouvel impôt Billag sur les médias: ce sont les chefs d’entreprise et leur personnel. Alors qu’ils paient déjà tous, à titre privé, les taxes obligatoires et que, dans de très nombreuses entreprises, la consommation de programmes de radio et de télévision est impossible ou interdite, ils paieront dorénavant le double, par l’intermédiaire de l’entreprise. Car la SSR exige des entreprises qu’elles paient désormais jusqu’à 39’000 francs de plus par année selon leur chiffre d’affaires. Cela grèvera l’économie de 200 millions de francs. C’est cinq fois plus que jusqu’à maintenant.
En vue d’obtenir davantage d’argent des citoyens et de l’économie, le Conseil fédéral profite de la révision de la LRTV pour poser un piège pernicieux. Tout en faisant miroiter une baisse des redevances de l’ordre de 60 francs, le Conseil fédéral vise à obtenir un blanc-seing lui permettant à l’avenir d’augmenter sans limite le nouvel impôt, de son propre chef. Le Peuple et le Parlement n’auront plus rien à dire. Ce qui n’a jamais été le cas d’aucun impôt dans tout notre système légal.
Tous les indices objectifs amènent à penser que le nouvel impôt Billag sur les médias augmentera très vite. Alors qu’en 1990 la redevance ne représentait encore que 279 francs par ménage et par an, chaque ménage est actuellement redevable à la SSR de 462 francs 40 par an, ce qui représente une augmentation de l’ordre de 65%.
Même si cette évolution se poursuivait de façon linéaire, chaque ménage suisse aurait à payer dans quelques années 700 à 800 francs par année. Mais comme la SSR ne cesse de s’accroître en investissant dans la télévision en ligne et dans de coûteuses productions internes, le nouvel impôt Billag sur les médias va augmenter de manière exponentielle. Cela, le Conseil fédéral et les patrons de la SSR le savent très bien. Si le piège fiscal se referme, la somme de 1000 francs d’impôt Billag par ménage et par an sera bientôt une triste réalité.
« En voulant instituer un nouvel impôt Billag sur les médias, le Conseil fédéral va augmenter massivement les charges fiscales qui pèsent sur les citoyens et sur l’économie. »
L’impératif d’une desserte de base assurant une information de qualité dans les quatre langues nationales n’est pas contesté. Dans notre démocratie directe, il est essentiel que les citoyens disposent d’informations d’une excellente qualité en matière politique, économique et sociale. Mais, sous le terme de «service public», la direction de la SSR a laissé financer ces dernières années des formats qui n’ont rien à faire avec le mandat de la société. Des «shows» d’origine étrangère, des séries et des films très cher payés et d’insipides émissions de divertissement sont actuellement déclarés par la SSR comme ressortissant au service public. Il est nécessaire d’ouvrir un débat approfondi sur ce qui relève effectivement du service public et sur ce qui n’en fait pas partie. La SSR et la ministre des médias ne veulent pas de ce débat. Ce qu’elles veulent, c’est de l’argent et des recettes fiscales assurées. Pour elles, le peuple n’a qu’à se taire et à payer.
Et tout cela pour une entreprise publique de diffusion qui, au fil des ans, a fait gonfler son budget jusqu’à atteindre le niveau incroyable de 1,6 milliard de francs. Ce faisant, la SSR est – de beaucoup – la télévision publique la plus chère de toute l’Europe. La SSR devrait se concentrer sur les services répondant à une nécessité et pour lesquels une taxe bien moins élevée que 400 francs serait suffisante.
C’est pourquoi, le 14 juin 2015, votez non au nouvel impôt Billag sur les médias, non à la révision de la loi sur la radio et la télévision (LRTV)!
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«Il est judicieux de passer d’un système où l’on taxe l’utilisation d’un récepteur à un système où l’on taxe chaque ménage. De nos jours, en effet, on ne capte plus les émissions uniquement avec des transistors et des télévisions, mais également avec plein d’autres appareils dont nous avons presque tous un exemplaire en poche», déclare le député libéral-radical (PLR / droite) Kurt Fluri, partisan de la révision.
«Avoir la possibilité technique de visionner quelque chose sur sa tablette ou son smartphone ne veut pas dire qu’on va effectivement le faire. Il est purement et simplement injuste que cette redevance se transforme de fait en un nouvel impôt», rétorque le conseiller national démocrate du centre (UDC / droite conservatrice) Roland Büchel, qui s’oppose à la révision.
De quoi s’agit-il? En principe, quiconque veut regarder la télévision ou écouter la radio en Suisse doit payer une redevance. La majeure partie de l’argent récolté revient à la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SRG SSR), dont fait aussi partie swissinfo.ch. En contrepartie, la SSR a un mandat de service public, ce qui signifie qu’elle doit utiliser cet argent aussi dans les zones linguistiques moins peuplées (les zones de langue française, italienne et romanche). La révision ne change rien à ce principe de base.
Règlementation dépassée
Actuellement, les ménages ne possédant pas de radio ou de télévision peuvent être dispensés de la redevance. Billag, la société chargée de la percevoir pour le compte de la Confédération, peut effectuer des contrôles pour déterminer si les ménages qui le doivent passent bel et bien à la caisse. Les resquilleurs payent une amende. Quant aux entreprises, elles doivent aussi payer la redevance, sauf si elles déclarent n’avoir ni radio ni télévision.
Pour le gouvernement et une majorité du Parlement, cette règlementation est dépassée et anachronique. En effet, il y a bien longtemps déjà que les émissions de télévision et de radio peuvent être aussi captées avec un ordinateur, une tablette ou un smartphone. Le passage à un système où la taxation se fait indépendamment du type d’appareil de réception est donc logique, nécessaire et conforme à l’époque, plaident-ils
Un nouvel impôt?
Le Parlement a accepté la révision de la Loi fédérale sur la radio et la télévision (LRTV) le 26 septembre 2014, par 137 voix contre 99 et 7 abstentions. Cela signifie que tous les ménages et toutes les entreprises devront à l’avenir payer la redevance. Une exemption est toutefois prévue pour les entreprises ayant un chiffre d’affaires annuel inférieur à 500'000 francs, pour les bénéficiaires de prestations (sociales) complémentaires et pour les personnes résidant dans une maison de retraite. Par ailleurs, les ménages qui peuvent prouver qu’ils n’ont ni radio, ni télévision ni Internet pourront encore être exemptés de redevance pendant cinq ans.
La brochure explicative fait débat
Les explications du Conseil fédéral concernant la redevance radio-tv ne sont pas du goût de l'Union suisse des arts et métiers (USAM). L'association économique, qui fait feu de tout bois depuis des mois contre la généralisation de la taxe, a déposé plainte contre le texte de la brochure explicative du Conseil fédéral.
L'USAM, qui a lancé le référendum contre cette révision de la loi et qui n'accepte entre autres pas que les entreprises continuent d'être assujetties, crie au mensonge. Selon elle, les «indices montrent clairement que la SSR aura besoin à l'avenir de recettes accrues» et que la redevance «atteindra 1000 francs par an et par ménage», a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Selon elle, cette information est objective. Pour l'USAM, pas question d'ajouter «selon le comité référendaire» à l'affirmation d'un risque de hausse. La Chancellerie fédérale rejette catégoriquement les accusations de l'association. Elle n'a fait que s'assurer que les citoyens sachent qui est à l'origine de l'estimation sur le développement de la taxe, a-t-elle indiqué à l'ATS.
Source: ATS
Mais l’Union suisse des arts et métiers (USAM) – l’organisation faîtière des PME suisses – a lancé avec succès le référendum, raison pour laquelle le peuple doit se prononcer le 14 juin. Selon l’USAM, l’Etat veut introduire un «nouvel impôt médiatique» avec ce changement de système. «Peu importe si quelqu’un possède un appareil de réception, s’il suit des émissions de radio ou de télévision et même s’il est en mesure d’entendre ou de voir les programmes; tout le monde doit payer ce nouvel impôt forcé», dénonce l’organisation.
Concrètement, l’USAM s’élève contre le fait qu’à l’avenir, les entreprises soumises à la redevance seront enregistrées par le biais du registre des entreprises soumises à la taxe sur la valeur ajoutée et les ménages par celui du contrôle des habitants. Beaucoup d’entreprises ne payent jusqu’à présent pas la redevance. Avec le changement de système, toutes devront à l’avenir le faire, dénonce l’organisation.
Une vision des choses contestée par les partisans de la révision. Selon eux, 75% des entreprises ne payeront pas la redevance, étant donné qu’il faut un chiffre d’affaires d’au moins 500'000 francs par an pour y être assujetti. Par ailleurs, le changement de système entraîne une répartition plus favorable aux consommateurs, selon eux.
Moins chère
Le changement de système devrait être financièrement neutre. Ce que les entreprises payeront en plus devrait être compensé par une baisse de la redevance pour les ménages, qui passera de 462 francs par an actuellement à environ 400 francs, prévoit le gouvernement.
Les adversaires de la réforme critiquent le fait que la hausse ou la baisse du montant de la redevance reste de la compétence du gouvernement. Ils s’attendent à ce que son prix augmente au cours des prochaines années.
«C’est très clairement un nouvel impôt que l’on nous vend sous son jour le plus favorable en disant qu’il ne coûte que 400 francs. Mais ce n’est écrit nulle part dans la loi. Or l’expérience des années passées montre que le gouvernement a tendance à augmenter les taxes», déclare Roland Büchel.
Les partisans de la réforme rétorquent que l’augmentation durable de la population implique logiquement le maintien d’une redevance basse. «Une redevance n’est pas un impôt. Une redevance doit correspondre aux prestations. Si les revenus augmentent en raison du développement démographique, la redevance doit alors être abaissée», argumente Kurt Fluri.
Double imposition
Cet «impôt forcé» est une «arnaque» et équivaut à une «double imposition», dénonce l’USAM. «Tout le monde devra payer en tant que personne privée. Les entrepreneurs, les dirigeants mais aussi les collaborateurs d’entreprises même modestes seront doublement ponctionnés», critique l’organisation.
Pour la partie adverse, il est «juste et approprié» que les entreprises passent aussi à la caisse. «Si l’on voulait suivre la logique de l’USAM, les entreprises devraient alors être exonérées de tous les impôts, taxes et redevances», relèvent les partisans de la réforme.
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