Baselworld déploie son luxe à la face du monde
Le salon annuel mondial de l'horlogerie et de la bijouterie de Bâle a ouvert ses portes jeudi sous les meilleurs auspices pour le secteur des biens de luxe.
L’industrie horlogère suisse est particulièrement motivée à l’idée de battre son record de l’an dernier – plus de 12 milliards de francs d’exportations.
A en croire les analystes, la forte demande pour les produits de luxe devrait se maintenir dans un contexte de solide croissance économique mondiale.
Les exportateurs suisses en profitent pleinement, dans le haut de gamme surtout. Président des exposants helvétiques, Jacques Duchêne met par contre en garde contre les difficultés rencontrées dans le milieu de gamme.
«La majorité de nos exposants se situent dans le haut du panier des prix… Mais il serait malheureux que dans le même temps, les produit du milieu de gamme voient leurs ventes diminuer.»
«A moyen et long terme, cette baisse aurait un effet négatif sur l’entier de notre industrie», assure le Genevois.
Les copies ou l’exaspération
Jacques Duchêne pointe un autre problème – «exaspérant». Celui des copies. Les estimations actuelles font état de 40 millions de fausses montres suisses vendues chaque année dans le monde. Ce qui rapporte 800 millions de francs à cette industrie du faux.
Le président des exposants suisses le reconnaît, l’industrie des imitations est florissante et touche aussi le secteur pharmaceutique, le vêtement, les jouets, les produits multimédias…
Ces produits font partie d’un nouveau mode de vie et leur qualité s’améliore d’année en année. «Nous devons bien admettre que l’époque des copies d’amateurs, produites en petites séries, est terminée.»
Avec ses sites de ventes de faux (aux enchères ou de gré à gré), Internet est devenu un «sérieux soucis», confie Jacques Duchêne.
«Si nous ne nous opposons pas résolument à cette situation, le danger est réel de voir l’entier de nos économies en souffrir dans un avenir pas très lointain.»
Le coût humain des gemmes
Le luxe brille de mille feux, mais en marge des stands de Baselworld s’est aussi fait entendre cet avertissement mercredi: les gemmes ont un prix de revient humain exorbitant dans les pays en développement.
Une poignée d’ONG incluant Solifonds – un fond de solidarité suisse – ont tenu à pointer du doigt cette réalité, conférence de presse à l’appui.
Selon elles, des milliers de travailleurs employés au polissage des gemmes, en Chine et en Inde surtout, meurent les poumons engorgés de poussières de silice (une maladie appelée silicose).
Ces ONG appellent les organisateurs de Baselworld à bannir les entreprises qui violent les droits du travail. Elles réclament aussi de la Chine et l’Inde qu’elles offrent des compensations aux victimes de la silicose et leurs familles.
Commerce équitable, le mot est lancé par Remo Gysin, parlementaire socialiste bâlois et membre du conseil de Solifonds.
«Commerce équitable signifie respect des droits des travailleurs, particulièrement en matière de santé», lance Remo Gysin.
«A l’Organisation mondiale du commerce comme au niveau bilatéral, ces contrats doivent passer de l’abstrait au concret. Tout en intégrant les standards sociaux nécessaires.»
swissinfo, Robert Brookes à Bâle
(traduction: Pierre-François Besson)
Baselworld accueille cette année 2127 exposants de l’horlogerie et la bijouterie
283 marques suisses sont présentes dans l’horlogerie, 53 dans la bijouterie
Indicateur de croissance, la taille moyenne des stands a augmenté de 30% (de 39 à 52 m2) ces cinq dernières années
Le salon se tient jusqu’au 6 avril
– Baselworld est le plus vaste et le plus important des salons commerciaux dans le domaine de l’horlogerie et de la bijouterie.
– Avec une surface de 160’000 m2, c’est aussi le plus gros événement commercial organisé en Suisse.
– Quelque 90’000 visiteurs de plus de 100 pays sont attendus cette année au sein des stands présentant nouvelles collections et dernières tendances.
– Ce salon est aussi un indicateur de la marche des affaires pour la suite de l’année dans les industries horlogère et de la bijouterie.
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