Comment le Financial Times a tout su des coulisses de l’affaire Credit Suisse
Informé sur les moindres détails des tractations, le Financial Times s’est particulièrement distingué dans l’affaire Credit Suisse pendant le week-end qui a scellé le sort de la banque. Sa rédactrice en chef Roula Khalaf raconte à la RTS comment son équipe a travaillé jour et nuit, vérifiant chaque information par au moins trois sources.
Le Financial Times (FT) semblait très bien informé sur ce qui se tramait à Berne en fin de semaine dernière, en temps réel. Le quotidien britannique est le seul à avoir raconté, en détail, les coulisses de ce feuilleton bancaire avec des informations inédites et des précisions sur le rôle des différents acteurs impliqués. Sa pleine page publiée mardi se lit comme un polar.
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Interrogée jeudiLien externe dans l’émission «Tout un monde» de la RTS, la rédactrice en chef du Financial Times a levé un coin du voile sur ce tour de force journalistique.
«Déjà, il faut constater que nous sommes le Financial Times. La finance est vraiment notre expertise, notre point fort, souligne d’emblée Roula Khalaf. On a toujours couvert les banques globales, et en particulier les banques européennes, de très près. […] Et ces dernières années, on a toujours beaucoup couvert Credit Suisse, de très près.»
«Ils avaient des sources partout»
Dans ce cas particulier, raconte Roula Khalaf, «nous avions nos deux correspondants, qui connaissent très bien UBS et Credit Suisse, et en même temps nos deux spécialistes en M&A (fusion et acquisition) et une journaliste spécialisée en surveillance et réglementation».
Ce groupe de journalistes a travaillé jour et nuit pendant plusieurs jours sur l’affaire. «Ils avaient des sources partout, c’est-à-dire de chaque côté, et c’est pour ça qu’on a pu écrire ces papiers, poursuit-elle. Pour chaque information, nous avions au moins trois sources.»
C’est ce qui a donné lieu, dans l’édition de mardi du Financial Times, à une page assez extraordinaire où les lecteurs ont vraiment l’impression d’être dans la pièce, avec les personnes en train de négocier.
Premiers aussi sur la Silicon Valley Bank
Roula Khalaf ne cache pas sa fierté vis-à-vis de ce travail et de ses journalistes. «Mais il faut aussi constater qu’on a très bien fait [notre travail], non seulement sur Credit Suisse mais aussi sur Silicon Valley Bank, souligne-t-elle. Nous étions les premiers à constater les problèmes de la banque dans un papier le 22 février. Donc je suis particulièrement fière.»
Le quotidien dédié à la finance s’investit beaucoup, et pour cause, dans son domaine de spécialisation. «D’habitude, on sait si l’investissement a été le bon quand il y a une grande crise, précise sa rédactrice en chef. Cela s’est très bien passé et j’espère que nous continuerons à avoir plein de scoops […] On sera jour après jour sur les banques suisses.»
Pronostics difficiles sur les suites de l’affaire
La journaliste peine en revanche à dire aujourd’hui si cette crise aura un impact plus large et plus durable. «Les raisons pour lesquelles les trois banques [Silicon Valley Bank, First Republic Bank et Credit Suisse] ont eu des problèmes très sévères ne sont pas exactement les mêmes», souligne-t-elle.
Mais Roula Khalaf voit au moins un point commun dans ces trois affaires: le manque de confiance. «Parfois, ça peut passer assez vite, et on voit que les marchés sont beaucoup plus calmes depuis hier [mercredi]. Mais ce n’est pas nécessairement la fin de cette histoire, précise-t-elle. Avec les taux d’intérêt qui montent, il y a peut-être pas mal d’autres vulnérabilités […] et il faut rester très vigilants.»
La vélocité des autorités suisses
Sur les possibles conséquences pour l’image de la Suisse et la réputation de sa place bancaire et financière, la rédactrice en chef du FT se montre également prudente.
«Il y a eu un sauvetage, les autorités ont agi très vite, constate-t-elle. Ce qu’elles ont fait n’est pas parfait et il y a donc ceux qui ne sont pas satisfaits. […] Mais si elles ne l’avaient pas fait, les marchés auraient été beaucoup plus turbulents.»
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