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Paix et droits humains: la Suisse lance son «Appel du 13 juin»

Didier Burkhalter veut "relier davantage Genève et New York – les droits de l’homme et la sécurité". Keystone

En ouverture à Genève de la 32e session du Conseil des droits de l’homme, Didier Burkhalter a condamné le massacre perpétré dimanche dans un club gay d’Orlando en Floride. Le ministre suisse des Affaires étrangères a lancé un «appel du 13 juin» pour une meilleure prévention des conflits en tenant mieux compte du Conseil des droits de l’homme, qui constitue «une alerte précoce» en matière de guerres et d’atrocités.

«La Suisse condamne dans les termes les plus fermes l’acte qui a frappé Orlando hier et elle adresse ses sincères condoléances aux Etats-Unis, à toutes les familles et proches des victimes de ce drame. Nous devons continuer de lutter et de prévenir le terrorisme pour défendre nos peuples et notre liberté.»

C’est par ces mots que Didier Burkhalter a débuté son allocutionLien externe devant le Conseil des droits de l’homme (CDH), qui tient sa 32e sessionLien externe jusqu’au 1er juillet (#HRCat10Lien externe). Une condamnation de l’attaque d’Orlando – revendiquée par l’Etat islamique (EI) – également exprimée dans cette enceinte par le président du CDH, le Coréen Choi Kyonglim et le Jordanien Zeid Al Hussein, Haut-commissaire aux droits de l’Homme.

Le chef de la diplomatie suisse a ensuite solennellement interpellé les 193 Etats membres de l’ONU: «C’est ce jour du 13 juin que mon pays, la SuisseLien externe, a choisi pour lancer un appel à la communauté internationale, à vous tous. Nous appelons à renforcer les liens qu’il y a entre les droits de l’homme, le développement ainsi que la politique de paix et de sécurité. Nous appelons à rapprocher les piliers de l’ONU, à relier davantage Genève et New York – les droits de l’homme et la sécurité. C’est ainsi que nous progresserons réellement dans notre capacité commune à prévenir la guerre et la souffrance.»

Un appel du 13 juin déjà soutenu par plus de 60 Etats dont trois membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, France, Grande Bretagne), selon Didier Burkhalter, et lancé à l’occasion du 10e anniversaire du Conseil des droits de l’homme.

Rapprocher sécurité et droits humains

Plus concrètement, la Suisse propose une action en trois volets: une amélioration de la coopération entre le Conseil des droits de l’homme et le Conseil de sécurité; un renforcement de la prévention des conflits par une meilleure exploitation des informations disponibles; une action pour mettre l’être humain au centre des efforts.

Prise de position

Au premier jour de la 32e session du Conseil des droits de l’homme, la Suisse a défendu la société civile dans son rôle d’observateur de l’action d’un gouvernement, dans sa capacité à lui demander des comptes et à se montrer critique à son égard – rôle indispensable pour le respect des droits de l’homme. 

La Suisse s’est dite inquiète des restrictions imposées en Fédération de RussieLien externe au droit de réunion pacifique et à la liberté d’expression, ainsi que de l’imposition de peines excessives à l’encontre des personnes qui font usage de ces droits; elle appelle la Fédération de Russie à respecter ses obligations internationales et à se conformer aux arrêts des juridictions internationales. 

La Suisse a par ailleurs demandé au CambodgeLien externe de permettre aux défenseurs des droits de l’homme de travailler sans craintes de représailles.  Elle a enfin invité les acteurs de la vie politique au KenyaLien externe à respecter les obligations internationales et les dispositions constitutionnelles nationales.

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Et le ministre de détailler: «nous appelons les membres du Conseil des droits de l’homme à demander au Secrétaire général (de l’ONU, ndlr) de soumettre à l’attention du Conseil de sécurité les décisions et les rapports du Conseil des droits de l’homme qui sont pertinents pour la prévention des conflits (…) Aujourd’hui, dans bien des cas, ces informations ne sont pas transmises en temps utile ou ne sont pas prises en considération.»

«Tous les Etats membres de l’ONU doivent mieux intégrer la dimension des droits de l’homme dans toutes leurs activités de prévention des conflits et, en conséquence, apporter un soutien accru au Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme», a insisté Didier Burkhalter.

Contre le cynisme ambiant

Comme Etat dépositaire des Conventions de Genève, comme pays hôte de l’ONU, la Suisse est dans son rôle. Mais n’est-ce pas faire preuve d’angélisme que d’attendre des Etats et des grandes puissances qu’ils mènent une politique étrangère droit-de-l’hommiste, comme disent les tenants du réalisme, à l’instar de l’ancien ministre français des affaires étrangères Hubert Védrine ?

«Bien au contraire», répond à swissinfo.ch Didier Burkhalter :  

«Il faut faire attention avec le concept de réalisme. Il faut être réaliste, regarder les situations telles qu’elles sont. Mais il ne faut pas, au nom du réalisme, fouler au pied les principes universels.  Ce réalisme sur la question des droits signifie accepter que beaucoup d’individus ne jouissent pas des mêmes droits que nous-mêmes. C’est de la résignation, voire du cynisme.

Prenez un pays riche en énergie, mais pauvre en droits. Faut-il d’abord conclure des contrats ou d’abord ou en même temps discuter des droits de l’homme ? Est-ce que le sort des gens doit être mis de côté au profit des matières premières? Ce réalisme est du cynisme pur et simple. Je refuse cela. Je crois même qu’à terme, ce réalisme vous explose à la figure».  

Pour contacter l’auteur @fredburnandLien externe

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