PostFinance continue d’irriter la Cinquième Suisse
Les Suisses qui vivent à l’étranger ne veulent plus être traités comme des «citoyens de seconde zone» par PostFinance. Pour les expatriés, il reste en effet très difficile de maintenir une relation bancaire avec le géant jaune. Une majorité du Conseil a cependant refusé d’actionner la justice pour régler le problème.
Ce problème n’est pas vraiment nouveau. Depuis plusieurs années, les citoyens suisses installés à l’étranger ont toutes les peines du monde à maintenir une relation bancaire avec les banques helvétiques. La pression internationale pour lutter contre l’évasion fiscale a en effet poussé les instituts bancaires suisses à restreindre l’accès à leurs services à l’étranger, même pour des clients au bénéfice de la nationalité suisse.
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La Cinquième Suisse
Privilégier le dialogue
Le Conseil des Suisses de l’étranger avait déjà adopté une résolution réclamant que la Confédération garantisse un accès des expatriés à un compte bancaire en Suisse par l’intermédiaire de PostFinance, organisme financier majoritairement aux mains de l’Etat. Mais ces demandes n’ont jusqu’à présent eu aucun effet. Pour faire avancer le dossier, les délégués ont donc débattu de la possibilité de poursuivre PostFinance en justice pour «discrimination».
Le comité de l’Organisation des Suisses de l’étranger a exprimé des réserves sur la solution judiciaire, à ses yeux incertaine et potentiellement très coûteuse. Sensible à ces arguments, une majorité du Conseil a souhaité privilégier la voie du dialogue avec la Confédération. Ce sera donc plutôt par le biais de modifications législatives qu’il faudra tenter de contraindre PostFinance à fournir un service de base aux expatriés. Des solutions en ce sens seront présentées au prochain Congrès des Suisses de l’étranger, au mois d’août à Bâle.
L’anglais attendra (encore)
Les délégués se sont également penchés sur une proposition demandant que l’anglais devienne une langue de travail de l’OSE, à côté de l’allemand et du français.
Les partisans d’une utilisation de l’anglais ont rappelé qu’il s’agit d’une langue internationale parlée et comprise par de nombreux expatriés. Son usage faciliterait les débats et permettrait aux expatriés de 2e ou 3e génération, qui ne maîtrisent pas toujours parfaitement l’allemand ou le français, de mieux s’intégrer.
«Avec l’utilisation de l’anglais, on enlèverait l’obstacle de la langue pour les jeunes. Cela semble nécessaire, car je suis ici depuis huit ans et je vois que cette assemblée vieillit de plus en plus», a plaidé – dans un dialecte alémanique quelque peu hésitant – David Nicolas Schembri, délégué de Malte.
Du côté de ceux qui veulent privilégier les langues nationales, on a surtout avancé des arguments de sensibilité politique. «L’OSE est un témoin de la cohésion nationale et ne doit pas céder à la facilité en adoptant l’anglais», a indiqué l’ancien président de l’OSE Jacques-Simon Eggly. «Le principe du droit de vote des expatriés n’est pas acquis pour tous en Suisse et l’adoption de l’anglais pourrait être très mal perçue par certains Suisses de l’intérieur», a pour sa part remarqué Philippe Vuillemin, délégué de Suisse.
Lors du vote, les délégués ont décidé de ne pas faire de l’anglais une langue de travail par 42 voix contre 14 et 8 abstentions.
«Mind the gap»
Gilles Marchand, qui deviendra directeur général de la Société suisse de radio-télédiffusion le 1er octobre, s’est aussi exprimé devant le Conseil de l’OSE.
Il a plaidé pour le maintien d’un service public fort. «Un service public solide et professionnel est indispensable à la société, à la multi culturalité de la Suisse et à sa démocratie directe.»
Le futur directeur général s’est également dit très attaché au «rayonnement de la Suisse dans le monde». Pour y parvenir, Gilles Marchand a indiqué qu’il apportera tout son soutien aux médias qui assurent cette diffusion internationale de la Suisse (swissinfo.ch, tvsvizzera.it, TV5 et 3SAT).
Parmi les orateurs invités à s’exprimer devant le Conseil, Henri GétazLien externe, responsable de la Direction des affaires européennes du Département fédéral des affaires étrangères, a fait le point sur l’état des relations entre la Confédération et l’Union européenne, un dossier primordial pour l’OSE, puisque près de 500’000 Suisses vivent dans les pays de l’UE.
L’ambassadeur a insisté sur la nécessité de rénover les accords bilatéraux, afin de poser des bases solides pour les relations futures. «Cette voie bilatérale ne permet plus d’avancer depuis dix ans et les accords actuels s’érodent. Mais en l’absence d’une volonté suisse d’adhérer à l’UE, le développement de cette voie bilatérale reste la seule option stratégique», a-t-il déclaré.
L’ambassadeur a également indiqué que la Suisse voit aussi le Royaume-Uni comme un partenaire stratégique et que des discussions sont déjà en cours pour préparer l’après Brexit. Reprenant le célèbre avertissement que l’on peut entendre dans le métro londonien, le mot d’ordre est «Mind the gap»: il faut tout faire pour que les relations entre les deux pays se retrouvent «dans un trou» à l’issue du Brexit.
Henri Gétaz a précisé qu’il ne s’agit en aucun cas pour la Suisse de jouer la carte anglaise contre l’UE. «Nous ne voulons pas jouer un dossier contre l’autre. Je rappelle que nous exportons toujours plus vers le Bade-Wurtemberg que vers le Royaume-Uni», a-t-il dit.
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