Le chef de la diplomatie suisse quitte ses fonctions
Le ministre suisse des Affaires étrangères Didier Burkhalter a annoncé mercredi sa démission du Conseil fédéral pour le 31 octobre de cette année. En 2014, cet homme politique pragmatique et discret avait marqué de son empreinte la présidence suisse de l'OSCE.
«Après une bonne trentaine d’années dans la vie politique, j’ai ressenti le besoin d’écrire une nouvelle page, avec des couleurs plus personnelles et moins visibles publiquement», a fait savoir Didier Burkhalter. Il s’est dit convaincu que le succès de la Suisse «tient au fonctionnement de son collège gouvernemental, qui doit sans cesse se renouveler.»
La nouvelle est tombée par surprise en plein débat au Conseil national (Chambre basse) mercredi. Le président de la Chambre a d’ores et déjà remercié le ministre pour son engagement. L’annonce de la démission a été suivie d’une standing ovation dans la salle du Conseil national.
Standing ovation au Conseil national pour le CF Didier #BurkhalterLien externe après lecture de sa lettre de démission par le président, Jürg Stahl pic.twitter.com/Kj6lG2Z4b0Lien externe
— Damien Cottier (@dcottier) 14 juin 2017Lien externe
Des parlementaires de tous bords politiques n’ont pas tardé à réagir à cette démission sur les réseaux sociaux:
Didier #BurkhalterLien externe annonce sa démission du Conseil fédéral. Il ne semblait pourtant pas le moins motivé et engagé dans sa fonction…
— Mathias Reynard (@MathiasReynard) 14 juin 2017Lien externe
"Le monde a besoin d'un peu de Suisse pour aller un peu moins mal." Merci à Didier #BurkhalterLien externe pour son engagement pour notre pays.
— Philippe Nantermod (@nantermod) 14 juin 2017Lien externe
Face aux journalistes, le conseiller fédéral âgé de 57 ans a indiqué qu’il ne ressentait «aucune amertume» à l’heure de quitter ses fonctions et qu’il avait simplement besoin de «plus de place pour [sa] vie privée».
Il a également souligné que son départ n’était aucunement lié à la question européenne ou à la position du Conseil fédéral dans ce dossier. Les critiques s’étaient pourtant multipliées ces derniers mois: de nombreux parlementaires lui reprochaient son effacement voire son manque d’envie sur cette question de même que sa volonté de s’en tenir à un accord cadre institutionnel avec Bruxelles, une option pourtant minoritaire au sein du gouvernement et du parlement helvétique.
Action remarquée à la tête de l’OSCE
Didier Burkhalter a connu ses heures de gloire au Conseil fédéral en 2014, lorsque la Suisse a été appelée à présider l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Didier Burkhalter a notamment mis sur pied une mission d’observation en Ukraine, et cela malgré l’opposition initiale de la Russie. Il a été un acteur clef dans l’obtention du feu vert du président russe Vladimir Poutine pour cette mission spéciale.
Le président de la Confédération avait reçu des félicitations de toutes parts pour son action et pour avoir remis l’OSCE au centre de l’attention, alors qu’elle avait perdu de son importance en tant que plateforme pour le dialogue est-ouest après la fin de la Guerre froide, en 1989.
Considéré comme un homme politique pragmatique et discret – manquant de charisme pour certains -, Didier Burkhalter avait soudainement été placé sous les feux des projecteurs médiatiques durant cette année de double présidence (Confédération et OSCE). Son style de président normal, modeste et proche des gens lui avait valu de connaître un pic de popularité dans son pays. Il s’était même vu décerner le prix du Suisse de l’année 2014.
La section suisse d’Amnesty International a quant à elle salué mercredi un ministre «dont l’engagement pour les droits humains est resté constant».
Départ de Didier #BurkhalterLien externe : Amnesty regrettera un ministre dont l'engagement pour les droits humains est resté constant !
— Amnesty Suisse (@Amnesty_Suisse) 14 juin 2017Lien externe
Un homme du sérail
Elu au Conseil fédéral en 2009, cet économiste de formation membre du Parti libéral-radical (centre-droite) a succédé à son collègue de parti Pascal Couchepin, dont il a repris le Département de l’intérieur avant de migrer sans regrets aux affaires étrangères (DFAE) en janvier 2012.
Prenant la tête du DFAE après la démission de la socialiste Micheline Calmy-Rey, Didier Burkhalter avait renoué avec une conception plus traditionnelle et stricte de la neutralité, tout en réaffirmant la disponibilité de la Suisse pour des médiations.
Didier Burkhalter venait du sérail: il a siégé au Conseil national de 2003 à 2007 puis au Conseil des Etats pendant deux ans. Le politicien a aussi été l’un des plus jeunes à siéger à l’exécutif de la Ville de Neuchâtel.
Passionnné de football, Didier Burkhalter avait écrit en 2007 un livre consacré au stade de La Maladière de Neuchâtel. Il est marié et père de trois enfants adultes.
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