La grande agence de presse suisse dégraisse à son tour
L’Agence télégraphique suisse (ats) subit de plein fouet la situation très difficile dans le monde de la presse. Elle procédera ces deux prochaines années à une restructuration. Jusqu'à 40 emplois sont menacés, sur un total de 180. Le syndicat impressum est consterné.
En dépit du renouvellement des contrats avec ses principaux clients, qui sont aussi ses propriétaires (une bonne partie des journaux, radios et télévisions du pays), l’ats prévoit pour 2018 un recul de son chiffre d’affaires de 3,1 millions de francs, à 29,5 millions (-9,6%), a annoncé lundi la direction. Une forte pression sur les prix est en cause. La perte opérationnelle attendue (EBIT) se monte à 1,9 million de francs.
Pour réaliser le plan d’économies, annoncé lundi au personnel, l’ats va procéder à une profonde réorganisation. Elle va regrouper ses rubriques suisse et internationale en un seul pool. L’ats n’aura en outre plus de rubrique économique en tant que telle. Ce service sera confié à sa filiale financière AWP, basée à Zurich, qui produira un fil spécifique pour les clients de l’ats. Cette dernière conservera une couverture économique dans les régions.
L’agence continuera à fournir un service national et international de qualité dans les domaines de la politique, de l’économie, de la société, de la science, de la culture et du sport. Les volumes seront cependant revus à la baisse. Le réseau des bureaux régionaux est maintenu. L’agence entend à l’avenir renforcer sa présence dans les régions et sa proximité des clients.
Plan social
En vue de ces mesures d’économies, un gel de l’embauche a déjà été introduit à l’automne 2017. Ce dernier a notamment touché les journalistes stagiaires qui ne seront pas réengagés au terme de leur formation. Il y aura également des départs à la retraite anticipée ainsi que des réductions individuelles de temps de travail. Un certain nombre de licenciements ne pourront être évités.
Pour atténuer l’impact de ces mesures, un plan social à hauteur de 1,5 – 2 millions de francs est prévu. Une aide en vue d’un reclassement externe est notamment prévue pour les collaborateurs concernés. Une période de consultation permettra aux cadres et à la commission du personnel de formuler des propositions pour optimiser les mesures prévues lors de la restructuration.
Fusion avec KEYSTONE
Ce plan d’économies n’est pas lié à la fusion prévue avec l’agence photographique KEYSTONE, annoncée fin octobre dernier et qui doit encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence. Ce regroupement doit intervenir de manière rétroactive au 1er janvier 2018. La nouvelle entreprise ne versera pas de dividendes à ses actionnaires lors des exercices 2018-2020.
Avec cette fusion, l’ats et KEYSTONE veulent renforcer leur collaboration déjà existante et devenir un partenaire fort des médias suisses dans le domaine du texte, de la photo, de la vidéo et de l’infographie.
Syndicat consterné
« Consterné », le syndicat des journalistes impressum appelle les principaux éditeurs, à la fois propriétaires et clients de l’ats, à renoncer aux licenciements. Protestant contre l’affaiblissement de l’ats, impressum juge « invraisemblable » que ce démantèlement soit étranger à la fusion évoquée par la direction. Que cette dernière ait pu l’affirmer face à son personnel est « indigne ».
L’affaiblissement de l’ats n’est pas dû à la situation très difficile dans le monde de la presse, comme le dit la direction. Les propriétaires de l’agence sont coresponsables. Ce sont eux, en tant que clients qui décident du service que doit fournir l’agence de presse nationale. Et impressum de rappeler que « le riche Tamedia est un des principaux propriétaires ».
Jugeant que l’annonce de la suppression de 35 à 40 emplois est une évolution « drastique et extrêmement douloureuse », impressum fera tout ce qui est dans ses moyens pour que l’ats renonce aux licenciements, ou, si tel devait être le cas, mette sur pied un plan de licenciements négocié avec les partenaires sociaux.
impressum note encore que la Confédération, cliente de l’ats, annonce qu’elle veut subventionner l’agence dès 2018. Affaiblir ainsi ses prestations journalistiques est particulièrement heurtant d’un point de vue démocratique, souligne le syndicat des journalistes.
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