Covid-19: le soutien de la Suisse à son économie parmi les plus élevés au monde
Une majorité de gouvernements ont annoncé des dépenses publiques d’une ampleur inédite pour soutenir leur économie face à la crise causée par le coronavirus. Avec son plan à 65 milliards de francs, la Suisse compte parmi les pays qui mobilisent le plus de fonds.
La pandémie de coronavirus a entraîné un effondrement de l’activité dans une multitude de secteurs, partout dans le monde. Le Fonds monétaire internationalLien externe (FMI) s’attend à une contraction de l’économie mondiale de 3% en 2020, ce qui serait selon l’organisation «la pire récession depuis la Grande dépression» des années 1930, bien plus grave que la crise financière de 2008.
Dans une tentative de limiter les dégâts à l’économie et de créer les conditions de la reprise, la plupart des gouvernements ont pris des mesures totalement inédites de soutien aux ménages, aux entreprises et aux marchés financiers. L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDELien externe) indique par exemple que la totalité de ses 37 pays membres ont annoncé une forme de soutien financier aux entreprises, et que l’immense majorité d’entre eux complètent les revenus des travailleurs frappés de plein fouet par la crise.
L’ampleur du coût de tels plans est inédite: fin mars, alors que d’autres dispositions ont été annoncées depuis, le site d’information financière Barron’sLien externe estimait déjà que la facture globale de ces trains de mesures extraordinaires pourrait excéder les 10’000 milliards de dollars.
Un plan à 65 milliards de francs en Suisse
En Suisse, le Parlement s’est réuni en session extraordinaire la semaine passée et a donné son feu vert au déblocage de 57 milliards de francs de crédits urgents destinés à faire face à la crise du coronavirus. Jamais le Parlement n’avait eu à se prononcer sur un montant aussi élevé.
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Un endettement pouvant aller jusqu’à 8 milliards de francs est encore prévu pour l’indemnisation du chômage partiel, ce qui porte à plus de 65 milliards de francsLien externe les répercussions que la crise pourrait avoir sur les finances fédérales.
Le plan suisse dépasse la moyenne de l’OCDE
Les comparaisons internationales sont difficiles à établir. D’une part car les réponses politiques sont influencées par diverses circonstances propres à chaque pays. Elles dépendent par exemple des filets de protection sociale qui existaient avant la crise. D’autre part, car toutes les mesures ne se valent pas: certaines sont des dépenses publiques supplémentaires et imprévues qui ne seront jamais compensées, tandis que d’autres consistent en des prêts ou des reports de paiements qui, tôt ou tard, seront dus.
A titre indicatif, on peut toutefois dire que la Suisse se classe parmi les pays dont la part de richesse consacrée aux mesures fiscales et aux dépenses publiques exceptionnelles est la plus élevée, d’après une analyse établie par le Fonds monétaire internationalLien externe (FMI). En se basant sur les estimations fournies par le FMI, swissinfo.ch a calculé que la part moyenne du PIB consacrée à ces plans est de 6,8% dans l’OCDE. Elle dépasse 9% en Suisse.
La Suisse figure aussi parmi les pays où le montant global de telles mesures est le plus élevé compte tenu de la population (environ 7500 francs par habitant), après le Luxembourg (en première place avec 17’500 francs per capita, le pays comptant 626’000 habitants) et le Japon (plus de 8400 francs par habitant).
Au niveau global, le Japon et les Etats-Unis comptent parmi les pays ayant mobilisé le plus de fonds, avec des trains de mesures qui se chiffrent en milliers de milliards. Aux Etats-Unis, l’une des mesures-clés, et également l’une des plus coûteuses du plan de relance, consiste en des aides directes versées à tous les Américains dans une certaine tranche de revenus.
Le Japon est le pays qui consacre la part la plus importante de son PIB (21%) avec un paquet de mesures à plus de 117’000 milliards de yens (plus de 1000 milliards de francs suisses). Il comprend notamment des paiements directs aux ménages et aux PME à hauteur de 6000 milliards de yens (près de 55 milliards de francs).
Côté européen, le plan luxembourgeois comprend diverses mesures de dépenses publiques supplémentaires pour plus de 2 milliards de francs. Les mesures de soutien aux entreprises et aux indépendants dans leurs besoins de liquidités représentent le plus gros du plan (plus de 8 milliards), à l’instar de la Suisse.
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