Des maisons qui produisent leur propre énergie
Entre 2000 et 2013, les émissions de CO2 en Suisse ont diminué, malgré l’augmentation de la population et de la surface habitable par personne. Une prouesse qui doit beaucoup à ce que l’on nomme efficacité énergétique des bâtiments. Exemples et explications.
«La Maison du Futur», un nouvel immeuble locatif en construction à Brütten dans le canton de Zurich, est un exemple de l’efficacité énergétique suisse. Le bâtiment est considéré comme la première maison d’habitation autosuffisante du monde. Il produit toute son électricité et sa chaleur, et n’a ainsi pas besoin d’être connecté au réseau électrique.
Les façades de la demeure sont couvertes de panneaux solaires, et sont conçues pour réduire à la fois la consommation et le gaspillage d’énergie. Lorsque la construction sera terminée au printemps 2016, elle devrait pouvoir produire l’équivalent de 24 heures d’énergie grâce à seulement 24 heures de soleil.
Plus
La maison qui produit sa propre énergie
La maison sera équipée d’un système de stockage, qui permettra de convertir l’énergie solaire en hydrogène, pour alimenter la bâtisse les jours où la lumière du soleil sera insuffisante.
De leur côté, les locataires devront surveiller leur consommation d’énergie pour s’assurer qu’elle ne dépasse pas ce que leur immeuble peut produire. Cette contrainte ne décourage toutefois pas les candidats. Umwelt Arena, l’entreprise de construction responsable du projet, a déjà reçu quelque 100 dossiers de personnes intéressées à vivre dans cette maison futuriste, qui pourra loger neuf familles. «Je pense que plus il y a de maisons éconergétiques, plus les gens vont en saisir l’intérêt», estime Carol McEowen, une architecte de Berne spécialisé dans les standards d’efficacité énergétique.
Une nation qui grandit
La population suisse a augmenté de 1,2% en 2014, et de 13% entre 2000 et 2013, passant de 7,2 à 8,1 millions.
De nombreuses actions de la vie quotidienne influencent notre consommation énergétique, par exemple régler le thermostat, utiliser un lave-vaisselle, ou ouvrir une fenêtre pour aérer l’appartement. Ainsi, comment pouvons-nous améliorer et contrôler notre efficacité énergétique? Une récente étude de l’Office fédéral de la statistique a tenté de répondre à cette question en identifiant les facteurs qui influencent la consommation d’énergie dans les ménages suisses.
Les chercheurs ont découvert que grâce à une meilleure efficacité énergétique des ménages, les émissions de CO2 liées au chauffage des maisons suisses ont diminué entre 2000 et 2013, malgré une augmentation de 13% de la population. Sans amélioration du côté des ménages, les habitations suisses auraient généré presque 20% de CO2 en plus pour le chauffage.
Le responsable de l’étude Flavio Malaguerra explique que la diminution des émissions de gaz à effet de serre pourrait être imputée à une meilleure isolation, à des fenêtres plus épaisses ou à des habitudes plus respectueuses de l’environnement, comme régler le thermostat à 19 degrés plutôt que 23, ou ne pas laisser les fenêtres ouvertes plus longtemps que nécessaire. Il souligne néanmoins la difficulté d’évaluer l’impact des habitudes quotidiennes de consommation d’énergie des gens.
Prendre ses responsabilités
Une autre étude publiée en 2015 par l’Office fédéral de la statistique suggère que les Suisses font preuve d’une conscience écologique de plus en plus développée. 42% des personnes sondées affirment qu’elles sont soucieuses de la manière dont leurs achats ou leurs appareils influencent leur consommation d’énergie. Elles n’étaient que 35% en 2011.
Toutefois, Roger Nufer, un spécialiste des constructions à l’Office fédéral de l’énergie, ne partage pas cet avis. «De récentes études montrent que la surface habitable chauffée par personne a augmenté, ce qui signifie qu’un espace plus important doit être chauffé. Un phénomène qui ne contribue pas à l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments.»
Roger Nufer argue que les pompes à chaleur ont joué un rôle bien plus important dans les économies d’énergie réalisées dans les nouvelles habitations. Une pompe à chaleur utilise l’électricité pour conduire la chaleur de l’extérieur à l’intérieur de la maison, plutôt que de générer sa propre chaleur. Environ 130’000 pompes à chaleur sont actuellement utilisées en Suisse, et le l’Office fédéral de l’énergie estime que le pays en comptera 400’000 en 2020.
Un mode de vie plus gourmand
Des pompes à chaleur peuvent aussi être utilisées pour installer des systèmes de chauffage à distance, qui alimentent un groupe d’habitations. «Les chauffages à distances sont particulièrement importants dans les vieilles villes, où la densité de consommation d’énergie est forte, tout comme celle des vieux immeubles qui pourraient faire partie du patrimoine historique protégé et donc être difficiles à moderniser», explique Roger Nufer. Il note que ces systèmes peuvent alimenter plusieurs immeubles en énergie renouvelable, et éviter ainsi que chaque bâtiment n’ait sa propre solution.
Carol McEowen estime que l’accroissement de la surface habitable par personne est dû à des facteurs liés au mode de vie, comme l’augmentation de la richesse ou du nombre de familles à deux ménages dans lesquelles chaque enfant a sa propre chambre. Selon lui, la réduction des émissions de CO2 s’explique, elle, par des améliorations dans les matériaux de construction dues aux efforts du gouvernement et de la communauté pour réduire l’énergie dépensée par les chauffages. Les règles énergétiques des cantons, les subsides utilisés pour des rénovations qui permettent d’augmenter l’efficacité énergétique et le remplacement des énergies fossiles par des sources d’énergie renouvelable font partie de ces efforts.
Pour mettre en œuvre la stratégie énergétique 2050Lien externe, le gouvernement et les cantons suisses ont dépensé plus d’un milliard de francs entre 2010 et 2014 dans des programmes d’incitation pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. «La Suisse doit faire attention à sa consommation d’énergie, parce qu’elle n’a pas d’autres sources d’énergie naturelles que l’énergie hydroélectrique», met en garde Carol McEowen.
Energie et émission
Le dioxyde de carbone (CO2) est émis lorsque des énergies fossiles, comme du gaz, du charbon ou du pétrole, sont utilisées pour produire de l’énergie. Dans l’atmosphère, le CO2 empêche les rayons du soleil de quitter la surface terrestre, ce qui a pour effet d’augmenter la température globale.
(Adaptation de l’anglais: Katy Romy)
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.