Des perspectives suisses en 10 langues

«Dangereux Millions»: One MDB, le casse du siècle

Najib Razak
Najib Razak, ancien premier ministre de Malaisie, caricaturé en vampire à face de clown. Keystone / Fazry Ismail

Comment l’ancien premier ministre de Malaisie, et quelques hommes d’affaires corrompus ont réussi à accaparer près de deux milliards de dollars de fonds publics. Qu’ils ont dilapidé dans des yachts, des appartements de luxe et même un film avec Leonardo Di Caprio.

Contenu externe

Tout commence avec la journaliste britannique Clare Brown, née à Bornéo, partie à Londres et revenue sur sa terre natale pour constater les ravages de l’exploitation forestière. En 2010, elle lance un blog, le Sarawak Report, qui devient rapidement un média de référence en Malaisie.

Une année plus tôt, Najib Razak est devenu premier ministre à Kuala Lumpur. Il veut favoriser avant tout la croissance économique pour la Malaisie. Il a créé One MDB, un «fonds d’investissement» censé financer des projets de développement pour le pays et ses 30 millions d’habitants. C’est une cagnotte géante de près de 2 milliards de dollars, empruntés à de grandes banques internationales.

Plus tard, quand Clare Brown commence à s’y intéresser elle constate qu’en presque cinq ans, cet argent n’a rien permis de construire. Elle identifie les personnes qui gèrent le fonds, dont un certain Jho Low, la trentaine, officiellement homme d’affaires en Malaisie. Mais à cette époque, il mène surtout grand train, en dépensant d’énormes sommes d’argent à Las Vegas, à Hollywood, à Saint-Tropez, sur des yachts.

En 2013, il s’improvise producteur de cinéma, en injectant des millions de dollars dans «Le loup de Wall Street», avec Leonardo Di Caprio, un film qui dénonce justement les excès d’une certaine classe de nouveaux riches.

La filière saoudienne, qui passe par la Suisse

Clare Brown découvre ensuite PetroSaudi, une société financière liée à One MDB, dont les gestionnaires sont en Suisse. Il y a là Xavier Justo, banquier genevois de 33 ans, et son ami Tarek Obaid (25 ans), richissime Saoudien. Les deux jeunes gens font beaucoup la fête et assez peu d’affaires. PetroSaudi compte à peine trois employés et loue une boîte aux lettres à l’adresse de la société de Xavier Justo.

Le banquier suisse finit par se lasser. Il part ouvrir un hôtel en Thaïlande. Mais quelques mois après, il reçoit un coup de fil de son copain Tarek Obaid, qui lui demande de trouver quelqu’un qui pourrait évaluer PetroSaudi pour environ deux milliards de dollars. C’est juste la fortune du fonds One MDB.

C’est le jackpot. 1,8 milliard de dollars sont virés dans plusieurs banques suisses, sur des comptes contrôlés par Jho Low, Tarek Obaid et leurs amis. Mais cela ne plaît pas à Xavier Justo, dont le nom finit par arriver aux oreilles de la journaliste Clare Brown. Il lui balance toute l’affaire et quand elle commence à publier sur le sujet, Xavier Justo est arrêté en Thaïlande, sur plainte de PetroSaudi. Il passera 547 jours en enfer.

Suite au scandale One MDB, Najib Razak perd les élections en 2018. Deux jours après sa défaite, la demeure où il réside avec son épouse est perquisitionnée. La police malaisienne y retrouve pour près de 300 millions de dollars de bijoux, de diamants et de sacs à main de luxe. Des cadeaux du financier Jho Low. Lui est parvenu à s’enfuir. Il serait caché en Chine, où il aurait gardé une partie du trésor volé. Sur les 1,8 milliard détournés via des banques suisses, les enquêteurs helvétiques n’ont retrouvé que 200 millions.

Cet épisode 6 est le dernier de la série “Dangereux Millions”, le podcast qui vous raconte comment la Suisse est devenue la lessiveuse des escrocs du monde entier. Par François Pilet et Marie Maurisse, de Gotham City, en coproduction avec swissinfo.ch et Europe 1 Studio.

Dangereux millions
swissinfo.ch

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision