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Dette publique: le jeu dangereux des Etats

Une affiche annonçant la fermeture du métro d'Athènes en septembre 2010. Les transports publics grecs ont été contraints de se réformer drastiquement dans le cadre des plans d'austérité mis en place pour contenir l'explosion de la dette grecque. Keystone

Aucun pays ne peut fonctionner sans dette publique. Mais alors que la Grèce et l’Italie continuent de donner des sueurs froides aux politiciens et aux économistes, swissinfo.ch explore les causes et les conséquences potentielles de l’explosion de la dette étatique.

A eux seuls, les impôts ne suffisent pas à construire des routes, des hôpitaux et des écoles. Les Etats sont donc naturellement contraints d’émettre des obligations pour se financer sur les marchés. L’endettement toujours plus important des collectivités publiques inquiète toutefois les économistes, du moins une majorité d’entre eux.

L’Union européenne (UE) estime que la dette publique d’un Etat ne devrait pas dépasser 60% du revenu généré en une année par son économie (PIB). Nombreux sont les pays qui ont pourtant allégrement dépassé cette limite. La Suisse, qui ne fait pas partie de l’UE, est en réalité un des seuls pays européens à remplir les critères fixés en 1992 dans le traité de Maastricht.  

Comme le montre le graphique ci-dessous, les pays les plus endettés sont en règle générale les plus «riches». Ce qui prévaut dans la vie en générale est également valable pour les nations: plus vous avez de l’argent, plus vous pouvez emprunter. Par ailleurs, les pays riches sont pour la plupart des démocraties. Les partis politiques y sont en concurrence afin d’offrir aux votants le plus de services avec le minimum d’impôts. Ce phénomène a contribué à creuser année après année les déficits publics: de nombreux partis au pouvoir préfèrent récompenser les votants d’aujourd’hui et faire porter le fardeau aux générations futures. 

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La crise financière de 2008-2009 a fortement contribué à l’endettement des Etats. Engluées dans une spirale de la dette hors de contrôle, la Grèce et l’Italie continuent d’en subir les conséquences près de dix ans plus tard. Avec le déclin des activités économiques, la perte de nombreux emplois et des rentrées fiscales en chute libre, certains pays se sont retrouvés face à des montagnes de dettes qu’ils n’arrivaient plus à assumer. La Banque centrale européenne (BCE) a été contrainte de racheter des obligations à hauteur de 1000 milliards de dollars car plus personne ne voulait de la dette de ces Etats.

D’autres pays ont accru le niveau de leur dette publique pour d’autres raisons. La Chine a ainsi injecté des montants d’argent importants dans des projets d’infrastructure et des entreprises aux mains de l’Etats afin de booster le développement économique du pays. Le gouvernement japonais a pour sa part créé une montagne de dettes dans le but de stimuler son économie à l’arrêt.  

Reste que de nombreux observateurs s’inquiètent du niveau toujours plus important de la dette publique au niveau mondial. La banque Goldman Sachs a récemment mis en garde contre les difficultés croissantes que rencontreront les Etats à rembourser leur dû. En cause, le vieillissement de la population, qui aura pour conséquence de diminuer les recettes fiscales et de peser fortement sur les systèmes de santé et de prévoyance vieillesse.

De son côté, la Suisse a jugé impérieux de réduire sa dette après les difficultés économiques rencontrées durant les années 1990. En 2003, la Confédération a introduit un frein à l’endettement qui oblige le gouvernement à maintenir les dépenses de l’Etat sous contrôle. Ce mécanisme autorise des déficits conjoncturels limités en période de mauvaise conjoncture, tout en exigent des excédents lorsque l’économie se porte bien.

Reste que tout le monde n’est pas convaincu par cette politique budgétaire restrictive, qui a été imitée par d’autres pays. A gauche, on estime notamment que le contrôle excessif des dépenses a un impact néfaste sur les services publics. 

(Traduction de l’anglais: Samuel Jaberg)

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