Journée houleuse pour UBS qui sacrifie 8700 emplois
Le numéro un bancaire a annoncé mercredi un déficit de 2 milliards de francs pour le 1er trimestre 2009 et la suppression de 8700 emplois d'ici 2010, dont 2500 en Suisse. Les critiques ont fusé lors de l'assemblée générale, surtout sur les bonus des dirigeants.
Cette annonce intervient le jour même de l’assemblée générale ordinaire des actionnaires au Hallenstadion à Zurich.
Le nouveau patron Oswald Grübel s’est exprimé pour la première fois devant les actionnaires. L’ancien redresseur du Credit Suisse a justifié les mesures de restructuration publiées avant l’ouverture de l’assemblée.
L’assemblée a vu une avalanche de critiques contre les anciens administrateurs et dirigeants. Une cinquantaine d’intervenants s’en sont pris aux rémunérations accordées à l’ex-patron Marcel Rohner, à l’ex-président Marcel Ospel et à des membres du conseil coupables, selon eux, d’avoir fait plonger la banque et néanmoins reçu des dédommagements.
Toujours dans le rouge
Auparavant, la banque a publié les résultats du premier trimestre 2009, avec une nouvelle perte de 2 milliards de francs, notamment en raison de dépréciations d’actifs à hauteur de 3,9 milliards de francs. De même, des provisions pour risques de crédit et des adaptations de prix pour les dernières positions transférées à la Banque nationale suisse (BNS) ont pesé sur cette énième contre-performance, après la perte abyssale de 20,9 milliards en 2008 et 5,2 milliards en 2007.
Les divisions gestion de fortune et banque suisse ont vu leurs clients retirer 23 milliards de francs, notamment en raison de la mauvaise publicité générée par les démêlés judiciaires aux Etats-Unis, où la banque est accusée d’avoir aidé des contribuables américains à frauder le fisc.
Les analystes s’attendaient à une nouvelle perte pour les trois premiers mois, mais ils ont jugé sévèrement l’ampleur du déficit.
La ministre de l’Economie Doris Leuthard a de son côté critiqué à nouveau le versement d’environ 4 milliards de bonus aux collaborateurs d’UBS, malgré cette nouvelle perte de 2 milliards de francs.
La Suisse durement touchée
Dans le but d’économiser entre 3,5 et 4 milliards de francs, UBS a annoncé mercredi matin la suppression de 8700 emplois d’ici 2010, soit 2500 en Suisse, dont 1200 à 1500 par licenciement. Rappelons qu’en 2008, 1500 emplois avaient déjà été supprimés en Suisse.
Un plan social est prévu, a indiqué UBS, qui parle d’une décision «très douloureuse mais malheureusement incontournable».
Outre les 1200 à 1500 licenciements, l’établissement va exploiter au mieux, selon ses termes, les possibilités apportées par les fluctuations naturelles et les aménagements de temps de travail.
SEC Suisse, l’association des employés de commerce, a fait part de ses regrets, estimant que le personnel payait au prix fort les errements de la banque. Le fait que la direction d’UBS s’est laissée convaincre par plusieurs mesures pour diminuer le nombre des licenciements en Suisse atténue quelque peu le choc. Mais l’association attend encore davantage en termes de réductions du temps de travail.
Réactions fatalistes
De son côté, l’Association suisse des employés de banque a manifesté sa consternation, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’assurer l’avenir de la banque. Inquiète pour la santé du personnel, l’ASEB demande aussi l’ouverture immédiate de négociations en vue d’un plan social à l’exemple de celui de la fusion UBS-SBS en 1998.
Même constat du côté de l’Association suisse des banquiers. «Il ne s’agit guère d’une surprise, UBS se devait de réagir, notamment pour assurer le niveau de ses fonds propres», a indiqué Thomas Sutter, porte-parole de l’ASB.
Nouveau système de rémunération
Cet après-midi, les actionnaires ont donné leur accord à la mise en place du nouveau système de rémunération d’UBS, malgré des appels au rejet lancés par plusieurs voix, dont celle de la fondation Ethos.
Le vote était consultatif. Mais en approuvant le nouveau système à près de 90% des voix, l’assemblée générale a donné un signal positif à la direction d’UBS.
Election de Kaspar Villiger
Les actionnaires d’UBS ont élu Kaspar Villiger au conseil d’administration par près de 98% voix. L’ancien conseiller fédéral devient ainsi le nouveau président de l’organe suprême de la grande banque, succédant à Peter Kurer.
swissinfo et les agences
A fin 2008, UBS employait 77’783 personnes (-7% par rapport à l’année précédente) dans le monde, dont 26’406 en Suisse (-5%).
Avec l’annonce de la suppression, au niveau international, de 8700 postes, le nombre de collaborateurs d’UBS passera de 76’200 à fin mars 2009 à 67’500 d’ici 2010.
En raison de la crise du subprime, UBS avait déjà supprimé près de 11’000 emplois, notamment dans sa banque d’affaires aux Etats-Unis.
Tous regrettent la nouvelle cure d’amaigrissement d’UBS mais la droite la considère comme inévitable. C’est le cas du Parti démocrate-chrétien et du Parti libéral-radical.
De même pour l’Union démocratique du centre (UDC, droite conservatrice) qui égratigne au passage le gouvernement qui «n’a pas su assez défendre le secret bancaire».
A gauche, le Parti socialiste (PS) et les Verts condamnent les suppressions de postes, estimant que cette mesure revient à faire payer au personnel l’addition des erreurs de la direction.
Malgré les pertes, UBS remplit les exigences en matière de fonds propres, a indiqué l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), qui continue d’assurer sa tâche de contrôle.
En préambule à l’assemblée générale des ses actionnaires à Zurich, UBS a notamment indiqué dans un communiqué disposer d’un taux de fonds propres de près de 10% à fin mars.
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