La loi Covid-19 passe facilement l’écueil des urnes
Le peuple suisse a une nouvelle fois acceptée dimanche la Loi Covid-19, qui permet notamment l’utilisation du certificat Covid. La bruyante contestation de rue contre le passe sanitaire n’a donc pas été soutenue par une large majorité de la population.
Les résultats sont clairs. La loi a été accepté par une majorité de 62% des voix. Tous les cantons ont dit «oui», à l’exception d’Appenzell Rhodes-Intérieures et de Schwyz.
La Cinquième suisse s’est montrée un peu plus favorable à la loi que la moyenne nationale avec un taux d’acceptation de 68,9%.
Une situation tendue
Plusieurs villes suisses ont été le théâtre, ces derniers mois, de manifestations contre l’imposition du certificat Covid. Ce mouvement d’opposition s’est en quelque sorte incarné dans des sonneurs de cloches. Comme leur nom l’indique, les «Freiheitstrychler» sonnent les cloches traditionnelles du folklore suisse pour défendre la liberté.
La tension qui a été palpable durant toute la campagne n’est pas encore retombée. Fait rarissime, la Place fédérale de Berne a été interdite d’accès en ce jour de votation après des appels à une manifestation non autorisée, afin d’éviter tout débordement.
Un sésame presque indispensable
C’est principalement l’utilisation du Certificat Covid qui a suscité la polémique au cours des dernières semaines et qui était au cœur du vote de ce dimanche. Il s’agit d’un document sous forme imprimée ou électronique qui prouve que la personne qui le détient a été pleinement vaccinée contre le Covid-19 ou a été testée négative.
Ce document est souvent nécessaire pour passer les frontières et il est même une condition incontournable pour prendre l’avion. Mais à l’intérieur des frontières suisses aussi, il est obligatoire dans certaines circonstances. Il faut notamment le présenter pour pénétrer à l’intérieur d’un restaurant, assister à de grandes manifestations de plus de mille personnes ou encore participer à des activités sportives ou culturelles réunissant plus de 30 personnes.
Dans d’autres cas encore, son utilisation est facultative et non obligatoire, par exemple dans les Hautes Écoles, sur les terrasses extérieures des restaurants ou sur le lieu de travail. Il n’est en revanche pas exigé pour aller faire des courses ou prendre les transports publics. Quoi qu’il en soit, ce certificat semble devenu un sésame presque indispensable pour mener une vie sociale normale.
Référendum
Et c’est bien là que se situe le problème pour les opposantes et opposants, qui considèrent que l’utilisation de plus en plus généralisée du certificat marginalise la partie de la population qui n’en dispose pas. Pour échapper à cette discrimination, il faut donc obtenir un certificat soit en se faisant vacciner soit en faisant des tests de dépistage qui ne sont plus pris en charge financièrement par la Confédération.
À leurs yeux, cette situation équivaut donc à une obligation indirecte de se faire vacciner. Les opposants et opposantes se méfient également de la surveillance électronique massive qui résulterait du traçage électronique de contacts ancré dans la loi. Des mouvements citoyens sans affiliation politique ont réussi à réunir le nombre de signatures nécessaires pour obtenir le référendum, raison pour laquelle le peuple était à nouveau appelé ce dimanche à se prononcer sur la Loi Covid.
Sans grande surprise, le vote de dimanche a montré une forte corrélation entre le taux de vaccinations et le pourcentage de oui à la loi, comme l’a montré une recherche de l’Agence télégraphique suisse.
Réactions contrastées
Compte tenu de la tension des dernières semaines, l’acceptation de la loi par plus de 60% des voix peut être vue comme un «assez bon résultat». La plupart des partis affichent en tout cas leur satisfaction à l’issue du vote. Le Parti écologiste suisse qualifie même le résultat de «franc succès».
Fervent défenseur de la loi Covid-19, le conseiller national socialiste Mathias Reynard a estimé sur Twitter que le «oui» à la loi constitue «une victoire de la solidarité et un soutien clair à la gestion de crise des autorités».
L’analyse est sensiblement la même du côté des partis de droite favorables à la loi. «Le peuple a montré qu’il approuve la voie de la modération choisie par le Conseil fédéral pour lutter contre l’épidémie», s’est par exemple félicitée la conseillère nationale libérale-radicale (PLR / droite) Isabelle Moret sur les ondes de la Télévision suisse RTS.
Seul grand parti à avoir refusé la loi, l’Union démocratique du centre (UDC / droite dure) reconnaît sa défaite. «La population suit la stratégie du Conseil fédéral; il d’agit maintenant d’accepter son choix», a déclaré la vice-présidente du parti Céline Amaudruz. La conseillère nationale relève cependant qu’«il y a tout de même 37% de non dont il faudra tenir compte» et que le gouvernement ne doit «pas prendre la décision du peuple pour un blanc-seing».
Du côté du mouvement des Amis de la Constitution, qui s’est fermement opposé à la loi, le ton est moins conciliant. «Même en cas de oui, notre mouvement est en route et il ne s’arrêtera pas ce soir», a réagi son coprésident Werner Boxler.
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