La recherche s’externalise toujours plus
De 2000 à 2004, les sociétés suisses ont plus que doublé leurs investissements dans la recherche et de développement (R–D) hors de leurs murs.
Selon une étude publiée mardi, l’économie a de la peine à recruter des scientifiques suisses hautement qualifiés et un tiers du personnel en R-D sont des étrangers.
«La stratégie de recherche des entreprises tend à évoluer sous l’effet de la mondialisation et sous la pression des coûts», a indiqué mardi l’Office fédéral de la statistique, en présentant une étude menée conjointement avec economiesuisse, l’organisation faîtière des entreprises.
Toujours plus souvent, les sociétés externalisent la recherche et le développement sous forme de mandats et de contributions confiés à d’autres entreprises ou organisations en Suisse et à l’étranger. Ces dépenses extra-muros ont plus que doublé entre 2000 et 2004 pour atteindre 4 milliards de francs.
Sur ce montant, 2,4 milliards sont allés à l’étranger (1,1 milliard en 2000), tandis que 1,4 milliard est restés en Suisse (591 millions).
En Suisse, l’économie privée a beaucoup plus profité de ces mandats que les hautes écoles suisses (1 milliard contre 259 millions).
La pharmacie en tête
Plus des trois quarts des investissements extra-muros, soit 3,1 milliards de francs, ont été consacrés à la pharmacie. Les deux-tiers de ce montant ont été dépensés à l’étranger.
Avec une proportion de 68%, la pharmacie se taille là aussi la place la plus importante, si l’on considère les dépenses des entreprises dans leurs filiales à l’étranger. Viennent ensuite les branches de l’alimentation et de la chimie (respectivement 9% et 8 %). Les dépenses totales se sont stabilisées à 9,6 milliards de francs en 2004.
Dépenses intra-muros en hausse
Si la concentration est moins forte dans les investissements à l’intérieur des entreprises, la pharmacie vient toujours en tête avec plus du tiers des dépenses. Suivent les branches des machines (16%), de la recherche et développement (14%) et des technologies de l’information et de la communication (9%).
Les dépenses totales de la recherche ont également augmenté à l’intérieur des entreprises, bien que de façon moins spectaculaire: elles ont passé de 7,9 milliards à 9,6 milliards de francs entre 2000 et 2004, ce qui correspond à une hausse de 18%.
Augmentation du personnel qualifié
En recherche et développement, la tendance à employer du personnel hautement qualifié a encore augmenté par rapport à 2000. En 2004, 46% des personnes (17’390) employées dans la R-D détiennent un titre de degré tertiaire hautes écoles (universités et hautes écoles spécialisées). Quatre ans auparavant, leur proportion était de 40%.
Les étrangers représentent près du tiers (12’035 personnes) de l’ensemble du personnel de R-D. Parmi les titulaires d’un diplôme d’une haute école, environ 42% sont des étrangers (7365 personnes). Mais ce chiffre était encore de 47% il y a cinq ans.
Andrea Steiner, président de la commission pour la science et le développement d’economiesuisse, explique cette évolution par les effets positifs de l’introduction du processus de Bologne en Suisse. Cette réforme de l’espace universitaire européen sur le modèle américain a été lancée en 1999 et doit être achevée pour 2010 dans les 45 Etats concernés.
«La restructuration de la formation académique en Suisse est un bon moyen pour produire et employer un plus grand nombre de diplômés suisses», a déclaré Andrea Steiner à swissinfo.
swissinfo et les agences
Les cinq pays au monde qui dépensent le plus en recherche et développement, en fonction de leur PIB:
Israël
Suède
Finlande
Japon
Suisse
– En matière de recherche et développement, les investissement en Suisse ont passé de 1,8 milliard de francs en 2000 à plus de 4 milliards en 2004.
– Sur cette somme, 2,4 milliards sont allés à des entreprises étrangères.
– La tendance à l’externalisation de la recherche est notable dans le secteur pharmaceutique, qui investit 3,1 milliards en recherche et développement, dont les deux tiers à l’étranger.
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