La reprise économique suisse reste fragile
Le Secrétariat d’Etat à l’économie révise ses prévisions conjoncturelles à la baisse. La croissance devrait être cette année de 0,9% au lieu des 1,5% annoncés.
Banques et instituts de recherche avaient déjà fait la même analyse, car la situation économique en Europe plombe les exportations helvétiques.
La toute dernière flambée du pétrole et l’anémie conjoncturelle européenne pèsent lourdement sur la croissance en Suisse. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) revoit fortement à la baisse ses attentes de progression du PIB en 2005, à 0,9%, contre 1,5 % attendu jusque-là.
Pour l’an prochain, la croissance est également corrigée par le bas, à 1,5%, contre une attente d’augmentation réelle du produit intérieure brut (PIB) de 1,8% formulée en avril. La reprise «reste fragile» et la situation est «moins favorable» qu’il y a quelques mois, a affirmé le seco vendredi dans un communiqué.
Mauvais pour l’emploi
Résultat, le marché helvétique du travail subira une nouvelle dégradation. Les experts de la Confédération ne s’attendent à une reprise de l’emploi que «dans le courant de l’année 2006», et elle ne sera que légère.
Le chômage n’en a pas moins diminué au cours du premier semestre, constate le seco. Il table sur un taux moyen 2005 de 3,8% (revu en hausse de 0,1 point), puis de 3,6% en 2006 (détérioré de 0,2 point par rapport aux attentes), contre 3,9% en 2004.
Cet apparent paradoxe (baisse du chômage alors que l’emploi recule) «semble devoir être expliqué, en partie, par des retraits du marché du travail», selon le communiqué.
Conséquence directe: la consommation privée ne présente qu’un modeste potentiel de progression. Le seco révise les attentes 2005 de cet indicateur à + 0,8% pour 2005, contre + 1,2% évoqué il y a deux mois.
Exportations sur la bonne voie
L’amélioration conjoncturelle projetée par le seco pour la fin de l’année, suivie par une «légère consolidation», devrait une nouvelle fois venir des exportations. Elles devraient croître de 2,5% en 2005 (3,2% attendus en avril), puis de 4,2% en 2006 (taux maintenu).
Les économistes de l’administration fédérale fondent cet optimisme partiel sur le recul de quelque 10% de l’euro contre le dollar depuis le début de l’année, «pour autant qu’il dure».
La devise helvétique reste stable par rapport à la monnaie des Douze et a donc également lâché du terrain face au billet vert. Ces facteurs monétaires rendent les produits suisses et européens moins chers pour ceux qui les paient en dollars.
Les impulsions venant du commerce international resteront cependant insuffisantes pour redonner du tonus aux pays à l’Euroland. Les indicateurs avancés n’y «laissent pas augurer une amélioration substantielle et imminente». La consommation devrait continuer à y stagner, en particulier en Allemagne et en Italie.
Un épouvantail nommé «pétrole»
Dans ce contexte déjà globalement sombre, l’évolution du prix du pétrole présente «un risque conjoncturel non négligeable», surtout à 60 dollars le baril. Si le cours de l’or noir devait refluer, ce paramètre donnerait en revanche une véritable bouffée d’oxygène aux économies du Vieux Continent.
Le seco se montre en effet beaucoup moins pessimiste pour les Etats-Unis. Il n’attend qu’un «léger ralentissement» de la croissance outre-Atlantique cette année.
swissinfo et les agences
– Cette correction à la baisse faite par le seco était largement attendue.
– La Banque nationale suisse avait donné le ton il y a quinze jours, en ramenant sa prévision à 1%.
– Certains considèrent même optimistes les prévisions du seco. La banque Julius Bär, par exemple, mise sur une augmentation du PIB de seulement 0,7%.
– Chez Pictet & Cie, l’économiste Bernard Lambert estime que miser sur une hausse annuelle de 0,9% est déjà optimiste.
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