Le boom de l’ADSL sous le règne de Swisscom
Bien que ce service soit cher en comparaison internationale, près d'un million de Suisses ont adopté l'ADSL pour l'accès à grande vitesse à Internet.
La concurrence estime que le monopole de Swisscom sur le dernier kilomètre freine l’innovation.
C’est un véritable boom. Au premier trimestre 2001 on comptait seulement 2500 abonnés ADSL en Suisse, puis 63’000 un an plus tard. En 2004, la barre des 500’000 était franchie et aujourd’hui, c’est le cap du million de clients qui est en passe d’être atteint.
La technologie ADSL utilise les fils traditionnels en cuivre pour accélérer le transfert des données. Grâce à un modem branché sur la prise téléphonique, l’abonné peut à la fois téléphoner ou faxer, et surfer sur Internet avec du haut débit.
La connexion est permanente, le temps de navigation est illimité et les frais de communications sur le Web sont inclus dans le prix de l’abonnement. Alors que les modems analogiques classiques permettent une transmission à seulement 56 kbit/s, le client ADSL a le choix entre trois débits : 600, 1200 ou 2400 kbit/s.
Bluewin domine le secteur
Avec plus de 600’000 abonnés, Bluewin, qui appartient à Swisscom, détient près de 64% du marché de l’ADSL. La concurrence est loin derrière puisque Sunrise annonce 166’000 clients et, selon nos estimations, Tele2 en compte environ 60’000. Le solde se répartit entre une vingtaine d’autres fournisseurs d’accès à Internet.
Par ailleurs, quelques 540’000 clients utilisent le câble TV pour accéder à Internet à haut débit. Cablecom, qui contrôle deux tiers du marché du téléréseau, est le principal câblo-opérateur helvétique
Selon l’Office fédéral de la communication, toutes technologies confondues, en janvier 2005, 17% des ménages étaient équipés en haut débit, ce qui place la Suisse au troisième rang en Europe, derrière les Pays-Bas (19%) et le Danemark (18%), mais largement devant la France (11%) ou l’Allemagne (8%).
Plus chères et moins rapides
Le problème, c’est qu’en Suisse, les offres ADSL sont plus chères et moins rapides que celles disponibles, par exemple, en France.
Swisscom bénéficie toujours d’un monopole sur le dernier kilomètre («last mile»), la liaison qui connecte l’abonné au central téléphonique. Le géant bleu peut imposer ses conditions tarifaires et ses services à ses rivaux qui doivent louer ses infrastructures pour accéder aux clients.
Les opérateurs alternatifs ne peuvent proposer que les offres prédéfinies par l’ex-régie fédérale, propriétaire du réseau. «C’est comme si on libérait un prisonnier sans lui retirer ses chaînes aux pieds», estime François Callegaro, co-fondateur de l’opérateur genevois Télésonique.
Un marché « soviétique »
Les fournisseurs d’ADSL dépendent de l’offre de Swisscom et ne sont en fait que des revendeurs. «Cela ressemble aux magasins de l’ère soviétique où le consommateur n’avait qu’une seule marque à disposition. L’offre pour le haut débit est la même pour tous, c’est celle décidée par Swisscom, seul l’emballage change en fonction des revendeurs», s’emporte Mathieu Janin, porte-parole de Sunrise.
Résultat: l’offre est limitée et, a quelques francs près, les prix des connexions ADSL sont identiques chez tous les opérateurs. «Si Swisscom le voulait, il pourrait immédiatement proposer aux particuliers des connexions ADSL à 8 Mbit/s contre seulement 2,4 Mbit/s actuellement», estime un technicien.
Ce n’est qu’au compte-gouttes, et face à la menace de Cablecom, que Swisscom propose des baisses de prix et de nouvelles applications. «Cette pression des câblo-opérateurs est la preuve que la concurrence existe», estime Swisscom qui annonce un demi-milliard de francs d’investissements par an dans son réseau fixe.
«Cablecom, dispose d’un réseau à large bande plus de trois fois inférieur à Swisscom (1,2 millions d’accès pour Cablecom face à 3,9 millions pour Swisscom) et ne peut donc pas régater sérieusement», rétorque Mathieu Janin.
Pas de « triple play » avant 2006
En France, la concurrence a accès au «last mile» depuis 2003. Cela a engendré une guerre des prix ainsi qu’une multiplication des services. Une étude de JP Morgan estime que le marché français de l’ADSL est «le plus concurrentiel et le plus innovant en Europe».
Les offres de nos voisins font saliver (ou enrager) les consommateurs suisses. L’opérateur Free, par exemple, propose le fameux «triple play» avec un forfait mensuel de 45 francs qui comprend non seulement un accès Internet à haut débit (6 Mbit/s), mais aussi la gratuité de certains appels téléphoniques et un bouquet de chaînes de télévision. Pour le même prix, l’Helvète ne reçoit qu’une connexion ADSL à 600 kbit/s !
Sans compter que Swisscom a reporté à 2006 la commercialisation de son offre «triple play», qui regroupe la téléphonie, l’accès Internet à haut débit et la télévision sur ADSL.
swissinfo, Luigino Canal
Selon l’Office fédéral de la communication, en janvier 2005, 17% des ménages étaient équipés en haut débit, ce qui place la Suisse au troisième rang en Europe, derrière les Pays-Bas (19%) et le Danemark (18%), mais largement devant la France (11%) ou l’Allemagne (8%).
Avec plus de 600’000 abonnés, Bluewin (propriété de Swisscom) détient près de 64% du marché de l’ADSL.
La concurrence est loin derrière : Sunrise annonce 166 000 clients. Tele2 en compte environ 60 000. Et le solde se répartit entre une vingtaine d’autres fournisseurs d’accès à Internet.
– La technologie ADSL utilise les fils traditionnels en cuivre pour accélérer le transfert des données.
– Grâce à un modem branché sur la prise téléphonique, l’abonné peut téléphoner ou faxer, et surfer sur Internet avec du haut débit.
– En Suisse, les offres ADSL sont plus chères et moins rapides qu’ailleurs.
– Swisscom bénéficie toujours d’un monopole sur le dernier kilomètre, la liaison qui connecte l’abonné au central téléphonique.
– Les opérateurs alternatifs ne peuvent proposer que les offres prédéfinies par l’ex-régie fédérale, propriétaire du réseau.
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