Le cycle de Doha se dégèle à Davos
Les ministres du Commerce de 24 pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) se sont engagés samedi à relancer les négociations pour la libéralisation du commerce mondial.
Mais aucune échéance n’a été fixée, comme l’aurait souhaité la ministre suisse de l’Economie Doris Leuthard.
«Le cycle de Doha vit, il est dynamique et il va se poursuivre», a déclaré samedi à Davos la conseillère fédérale Doris Leuthard, à l’issue de la réunion des ministres de 24 pays membres de l’OMC.
Réunis en marge du Forum économique mondial, les ministres du commerce ont donné un signal pour relancer le processus, suspendu depuis l’été dernier.
Les ministres sont prêts à s’engager et à se rencontrer, a expliqué Doris Leuthard, qui présidait la séance informelle. Les ministres ont reconnu la nécessité d’élargir les discussions du cycle de Doha, qui ont buté sur l’agriculture, à d’autres secteurs, notamment les services. Le processus requiert de la flexibilité, selon la conseillère fédérale.
La réunion s’est terminée sur une note optimiste, a estimé Pascal Lamy, secrétaire général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En un an, la situation a changé et la dynamique est plus grande. «Nous allons pouvoir entamer une nouvelle approche d’atterrissage».
Pas de date
Aucune échéance n’a été fixée pour une reprise des négociations et un accord, mais «plus le temps passe, plus on est près de la date limite». La fenêtre pour redémarrer les négociations s’étend sur le premier semestre, selon M. Lamy.
«Je ressens optimisme et réalisme», a déclaré la secrétaire américaine au commerce Susan Schwab devant les médias. Les Etats-Unis sont prêts à adapter leurs propositions, mais des gestes sont attendus de la part des autres partenaires.
Le point d’achoppement du côté de Washington concerne les subventions agricoles domestiques. Il faudra voir jusqu’où les Etats-Unis peuvent réduire ce système, a dit Mme Schwab. Les Américains reprochent à l’Union européenne le niveau de ses droits de douanes agricoles.
Un geste envers le G20
Une réduction des droits de douanes agricoles serait possible, a relevé pour sa part le commissaire européen au commerce extérieur Peter Mandelson. Il attend toutefois lui aussi un geste des autres partenaires.
«Personne ne souhaite que le cycle de négociation de Doha soit en échec, a encore indiqué Doris Leuthard. Les effets en seraient trop importants pour le système multilatéral et pour les pays en développement.»
Peter Mandelson a aussi répété sa volonté de faire un pas vers le G20 (les 20 principaux pays émergents) sur l’agriculture. Quant au Brésil et à l’Inde, qui font partie du G20, ils devraient fixer une nouvelle offre sur les produits industriels, a ajouté M. Lamy.
La reprise des négociations est importante. Si aucun accord n’est trouvé, l’économie et le commerce ne s’arrêteront pas, mais les pays en voie de développement vont en pâtir, a relevé le secrétaire général de l’OMC.
Au Forum de Davos, les entrepreneurs se sont eux aussi montrés déterminés à agir, a-t-il ajouté. L’économie et les politiques se rejoignent. Les chefs d’entreprise devraient inscrire ce dossier à leur agenda et en discuter avec leurs gouvernements et parlements, selon M. Lamy.
Négociations suspendues
Les négociations du cycle de Doha, lancées en novembre 2001 dans la capitale du Qatar, ont été suspendues en juillet à Genève faute d’accord.
Alors que le cycle aurait dû être bouclé il y a deux ans et aboutir à un vaste accord de libéralisation des échanges commerciaux, il a surtout été marqué par des sommets pleins d’acrimonie.
Le sommet informel organisé à Davos par Mme Leuthard a réuni les grands acteurs du commerce mondial, mais aussi des pays en voie de développement. C’est la première rencontre qui regroupait toutes les sensibilités des membres de l’OMC au niveau ministériel.
«Ainsi, on peut dégeler même à Davos», en a conclu M. Lamy avec le sourire.
swissinfo et les agences
Les 149 membres de l’OMC négocient une plus grande libéralisation des échanges commerciaux dans le cadre du «Cycle de Doha» lancé en 2001 dans la capitale du Qatar.
Les négociations, qui devraient aboutir à la signature d’un accord au 1er semestre 2007, butent sur des divergences agricoles.
En décembre 2005, à Hong Kong, les ministres s’étaient entendus sur la suppression des subventions accordées aux exportations agricoles dès 2013.
Les pays développés s’étaient engagés à exempter de taxes et de contingentements 97% des produits provenant des pays les plus pauvres.
La Suisse assume une position défensive dans le dossier agricole, mais milite pour une libéralisation des services et pour une diminution des taxes douanières sur les produits industriels.
Samedi à Davos, par de fortes chutes de neige, quelque 200 militants anti-globalisation se sont réunis pour manifester devant l’Hôtel de Ville et la police a stoppé une cinquantaine de personnes cherchant à quitter le parcours assigné.
A Bâle, entre 1000 et 2000 personnes ont aussi manifesté pacifiquement, malgré une cinquantaine de manifestants masqués qui se sont montrés agressifs.
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