Le groupe ABB est sorti du tunnel
Le PDG d'ABB Fred Kindle explique à swissinfo comment son groupe a finalement remonté la pente après avoir frôlé l'abîme il y a quelques années.
Dans les cinq prochaines années, ABB va réorganiser ses divisions, restructurer ses activités de base, privilégier le bénéfice au lieu de la croissance et renforcer sa présence en Chine.
Le groupe technolgique helvético-suédois s’apprête à délocaliser sa division robotique des Etats-Unis vers la Chine. Avec sa volonté de concentrer ses forces sur les marchés émergents, ABB avertit que des emplois pourraient disparaître en Europe.
Toutefois, il n’existe actuellement pas de plans pour délocaliser ni pour restructurer dramatiquement le siège zurichois du groupe, même si quelques emplois pourraient disparaître à l’avenir.
L’année dernière, ABB est repassé provisoirement dans les chiffres noirs, après trois années de pertes. Mais les comptes 2004 ont quand même bouclé sur un déficit, à cause des dédommagements dans l’affaire de l’amiante aux Etats-Unis, un coûteux dossier que le groupe espère bien pouvoir clôre cette année.
Fred Kindle est depuis janvier seul aux commandes du groupe, après avoir fonctionné durant quatre mois en double commande avec son prédécesseur Jürgen Dormann, le sauveur du groupe qui avait failli s’écrouler sou le poids de ses dettes en 2002.
swissinfo: Est-ce qu’on peut dire qu’ABB est désormais tiré d’affaire?
Fred Kindle: Oui, on peut le dire. Je suis très confiant et je regarde l’avenir d’un œil très positif. ABB va un peu mieux chaque jour.
swissinfo: Donc, le passé est derrière?
F. K.: Il est trop facile de blâmer le passé. Les fondations d’ABB ne remontent pas juste à cinq ou dix ans, mais bien plus loin et il y a eu des choses très positives dans notre histoire. Mais d’une certaine manière, nous avons maintenant besoin d’un avenir différent.
swissinfo: Quelle importance aura la Chine dans cet avenir?
F. K.: La Chine occupe légitimement une position très forte. C’est un marché énorme, qui offre de nombreuses possibilités et à ce titre, il nous intéresse au plus haut point.
Mais il est aussi juste de préciser que tout ne tourne pas autour de la Chine. Nous avons également vu nos affaires croître de manière spectaculaire en Inde, et les marchés du Moyen Orient sont aussi très dynamiques. On peut donc dire que les perspectives d’ABB sont réellement globales.
swissinfo: Mais tout de même, vous êtes en train d’installer votre division robotique en Chine…
F. K.: Le fait est qu’ABB doit faire face à la réalité du monde d’aujourd’hui. Nous avons la possibilité de délocaliser des activités dans des pays où le coût de la main d’œuvre nous offre un sérieux avantage. Inutile de se cacher cette réalité.
Il faut saisir ces chances, pour éviter précisément d’avoir à délocaliser encore plus. Et le succès que nous rencontrons dans les pays émergents pourrait nous permettre un jour de créer des emplois dans les pays industrialisés.
swissinfo: Où en êtes-vous avec le conflit de l’amiante aux Etats-Unis?
F. K.: Nous avons vraiment fait tout ce qui était possible pour être sûrs de sortir de ce bourbier. La décision finale est encore entre les mains de la justice, nous avons eu quelques surprises, mais nous ne nous attendons plus à rencontrer des problèmes pareils à l’avenir. Cela dit, nous ne serons sûrs d’être définitivement tirés d’affaire que quand le jugement final aura été rendu.
swissinfo: N’est-il pas un peu intimidant de prendre la succession d’un homme comme Jürgen Dormann?
F. K.: Intimidant, je ne dirais pas cela. J’ai travaillé avec lui durant un an et notre collaboration est très constructive et très positive. Nous sommes à des stades différents de nos carrières respectives et dans ce contexte, c’est une transition très naturelle.
Il a été le patron dans les années de crise et je compte bien maintenant diriger le groupe pendant longtemps. J’ai déjà été confronté à des tâches intimidantes et je sais ce que c’est que de diriger une aussi grosse entreprise. Mais je n’ai pas peur des défis, ce sont eux qui mettent du piment dans la vie.
Interview swissinfo: Matthew Allen à Zurich
(traduction de l’anglais, Marc-André Miserez)
Jusqu’en 2009, ABB ambitionne de dégager chaque année une marge nette supérieure à 5% de son chiffre d’affaires et une marge opérationnelle de plus de 10%.
Les deux divisions principales du groupe, soit techniques énergétique et technique d’automation, seront remplacées début 2006 par cinq unités: Produits Energie, Systèmes Energie, Produits Automation, Process Automation et Robotique.
Aucune grande acquisition n’est en vue pour le moment. Mais des reprises de moins de 100 millions de dollars (123 millions de francs suisses) sont «vraisemblables» et d’autres, allant jusqu’à 300 millions ne sont «pas exclues».
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