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Le patron de Swisscom démissionne

Jens Alder (à gauche) passe le relai à Carsten Schloter. Keystone

Directeur général de Swisscom depuis six ans, Jens Alder démissionne avec effet immédiat. Il est remplacé par le patron de Swisscom Mobile, Carsten Schloter.

Son départ intervient en plein débat entre Swisscom et le gouvernement – actionnaire principal – sur la stratégie future de l’opérateur de télécoms.

Selon le communiqué diffusé vendredi par Swisscom, Jens Alder s’en va de son plein gré. Il quitte son poste de directeur général au 20 janvier 2006, soit vendredi.

«Il tire ainsi les conséquences du changement d’orientation décidé par le gouvernement concernant les plans d’expansion internationale. La nouvelle stratégie de l’entreprise, en cours d’élaboration, devra être mise en œuvre par son successeur», écrit Swisscom.

A fin novembre, le gouvernement avait décidé de freiner les ambitions étrangères de l’opérateur avant sa privatisation totale, alors même que ce dernier tentait de racheter l’irlandais Eircom. L’annonce n’avait pas manqué de multiplier les spéculations sur une démission de Jens Alder.

Rentabilité

Jens Alder (48 ans) était entré chez Swisscom en tant que membre de la direction en avril 1998, avant de prendre la direction du groupe en décembre 1999. Il laisse derrière lui une entreprise très rentable, sans aucune dette, mais également sans perspective de développement.

Le marché domestique, où l’opérateur historique est encore archi-dominant et dans lequel la Confédération va désormais le brider jusqu’à sa privatisation, est en effet saturé. Les prix du téléphone ne peuvent que continuer à baisser.

Ces six dernières années, Jens Alder a défendu bec et ongles les positions de l’ex-monopole, appelé à perdre peu à peu des parts de marché suite à la libéralisation des télécoms. Très présent dans les médias, le manager suisse a lutté pour chaque avantage de marché de son entreprise, comme le dernier kilomètre.

La réaction du syndicat

Jens Alder n’a pas hésité à faire subir de multiples cures d’amaigrissement à son entreprise.

Les effectifs sont passés de 20’400 équivalents plein temps en 1999 à 15’660 à la fin 2004. Les charrettes de suppressions d’emplois sont d’ailleurs amenées à se poursuivre.

Pour succéder à Jens Adler, le conseil d’administration a nommé l’Allemand Carsten Schloter (43 ans). Jusqu’ici CEO de Swisscom Mobile et membre de la direction du groupe, il a travaillé à Paris et en Allemagne – notamment pour Debitel, ex-filiale de Swisscom.

C’est donc lui qui devra désormais mettre en oeuvre la nouvelle stratégie de l’entreprise. Et les syndicats l’attendent au contour.

«Jens Alder faisait partie des représentants des employeurs que les syndicats apprécient», affirme le socialiste Christian Levrat, président du Syndicat de la communication.

«Nous attendons de Carsten Schloter qu’il change de cap en ce qui concerne le maitien des emplois», poursuit le vice-président du même syndicat, Giorgio Pardini.

Girogio Pardini qui regrette que Jens Adler ait supprimé un quart des emplois, tout en reconnaissant qu’il a su faire de Swisscom une entreprise florissante.

Le marché réagit bien

Après l’annonce du départ de Jens Alder, l’action de Swisscom a réagi à la hausse vendredi à la Bourse suisse.

«En général, le marché financier n’aime pas l’instabilité, observe Panagiotis Spiliopoulos, analyste à la Banque Vontobel. La nomination de Carsten Schloter, un homme capable et charismatique, qui met un terme à ce chapitre, est donc perçue de manière positive.»

A noter que Carsten Schloter a rendu vendredi un vibrant hommage à Jens Alder en le qualifiant de «meilleur chef qu’il n’ait jamais eu».

Le ministre en charge de la communication Moritz Leuenberger a lui aussi salué les capacités de management de Jens Alder tout en ajoutant qu’il fallait, à la tête de Swisscom, une personne disposée à accepter la volonté de l’actionnaire majoritaire, soit la Confédération.

Quant à Hans-Rudolf Merz, le grand argentier de la confédération, il a rendu hommage aux services rendus par l’ancien patron de Swisscom.

Les réactions politiques

Les quatre partis gouvernementaux, eux, expriment à la fois leurs regrets et leur compréhension face au départ du patron de Swisscom.

Selon Marianne Binder, porte-parole du Parti démocrate-chrétien, Jens Alder a fourni un travail exceptionnel, désormais entravé par le veto du gouvernement concernant les projets d’expansion à l’étranger.

Le député socialiste Werner Marti estime pour sa part que la décision aura plutôt des effets négatifs. Pour lui, il est important que le gouvernement prenne rapidement une décision sur la privatisation de Swisscom.

De son côté, le Parti radical juge positive la nomination de Carsten Schloter, qui garantit une certaine continuité, précise le porte-parole du PRD Christian Weber.

Enfin, l’Union démocratique du centre (UDC, droite dure) ne s’est pas exprimée sur ce changement à la tête de Swisscom.

swissinfo et les agences

Le 23 novembre 2005, le gouvernement suisse, qui détient 66,1% de Swisscom, annonce vouloir vendre cette participation.
Dans les jours suivants, le gouvernement interdit à l’opérateur toute acquisition à l’étranger.
Les discussions avec l’opérateur irlandais Eircom sont alors interrompues à la dernière minutes.
Le 2 décembre, le gouvernement s’explique sur l’interdiction d’acquisitions à l’étranger. Il précise qu’elle ne concerne que les opérateurs de téléphonie fixe.
Le 20 janvier 2006, Jens Adler quitte la direction de Swisscom, tirant les conséquences du désaveu du gouvernement pour sa politique d’expansion internationale.

– Jusqu’en 1998, Swisscom, «l’opérateur historique», avait le monopole sur le marché suisse des télécoms.

– Il y a huit ans, le marché s’est libéralisé et Swisscom a fait son entrée à la Bourse suisse.

– Depuis lors, le marché est partiellement ouvert avec plusieurs opérateurs pour la téléphonie fixe et mobile.

– Mais Swisscom garde encore le monopole sur le dernier kilomètre (last mile), soit le raccordement qui lie le consommateur au réseau.

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