Le plus grand chantier d’Europe bloqué par une grève
Plusieurs centaines d'ouvriers ont cessé le travail pour 24 heures sur les chantiers de la nouvelle transversale ferroviaire alpine (NLFA).
Ce mouvement surprise vise à obtenir la conclusion d’une nouvelle convention collective de travail nationale. Les entrepreneurs parlent de blocage et condamnent sévèrement cette action.
La grève de 24 heures qui a touché le chantier du Gothard vendredi et samedi accroît les tensions entre partenaires sociaux de la construction. Elle a donné lieu à une véritable empoignade verbale.
La protestation marque le début des grèves tournantes au niveau suisse, indique Jacques Robert, membre du comité de grève national et de la direction du secteur construction du syndicat Unia.
Selon les syndicats, de 600 à 800 travailleurs ont participé à la «grève d’avertissement» qui a touché les cinq sites d’Alptransit de la NLFA (nouvelle ligne ferroviaire alpine) du Gothard.
Après la grande manifestation de la mi-septembre à Zurich, l’objectif consistait toujours à protester contre le vide conventionnel dans lequel le secteur vit depuis le 1er octobre.
Des assemblées se sont tenues samedi au nord et au sud du tunnel, qui, selon Unia et Syna, ont réuni respectivement 150 et 200 travailleurs. Le choix du Gothard comporte une dimension symbolique dans la mesure où il constitue le plus grand chantier d’Europe, rappelle Jacques Robert.
Le patronat réagit
La réaction patronale s’est révélée pour le moins vive. La Société suisse des entrepreneurs (SSE) a immédiatement brandi la menace d’une rupture des négociations, dont la prochaine séance est agendée le 5 novembre. A l’instar du groupe Implenia – le premier du pays -, elle n’a pas vu dans cette grève un mouvement spontané des travailleurs.
La SSE relève même dans un communiqué que «personne n’a fait grève». Ce sont des «fonctionnaires» des syndicats, soutenus par des tiers, qui ont bloqué les sites par des méthodes qualifiées d’«anticonstitutionnelles», empêchant de la sorte les ouvriers qui le souhaitaient de gagner leurs postes.
Pour la SSE, la «faiblesse de la mobilisation» prouve que les dirigeants syndicaux agissent de «manière isolée». Patron d’AlpTransit Gotthard, Renzo Simoni déplore l’utilisation du chantier à des fins politiques.
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Conventions collectives de travail
De bonne guerre
«La SSE tente de minimiser l’impact de notre action, comme elle l’a fait à l’occasion de la manifestation nationale de Zurich en septembre», commente Jacques Robert. A ses yeux, il est de bonne guerre que les patrons réagissent ainsi. «C’est tout de même la SSE qui a dénoncé la convention le 23 mai», rappelle-t-il.
Le mouvement a touché dans un premier temps les sites de Faido, Bodio (au Tessin) et Amsteg. Les ouvriers de Sedrun (dans les Grisons) s’y sont joints samedi. Organisés en piquets de grève, les participants ont bloqué les machines et les entrées de chantier.
Des grévistes se sont également retrouvés à Airolo (au Tessin) samedi après-midi. Ils entendaient rendre hommage aux 177 mineurs morts lors de la construction du tunnel actuel il y a plus de 125 ans.
Ailleurs dès lundi
Cette action est le premier mouvement dur de la part des syndicats depuis l’entrée en vigueur du vide conventionnel dans le secteur principal de la construction le 1er octobre.
Elle doit être suivie d’autres grèves, dès lundi, à Genève, Neuchâtel et Berne. Puis, le 1er novembre, à Zurich. D’autres actions sont déjà brandies par les syndicats si aucun accord n’est trouvé entre les partenaires sociaux.
swissinfo et les agences
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Nouvelles liaisons ferroviaires alpines
En usant de la grève, les syndicats veulent aboutir à la conclusion d’une nouvelle convention collective de travail nationale (CN) pour les quelque 80’000 employés du secteur de la construction en Suisse. L’ancienne CN, qui arrivait à échéance à fin septembre, a été résiliée en mai par la SSE.
Car les partenaires sociaux n’arrivent pas à s’entendre. Le patronat souhaite davantage de flexibilité pour éviter le chômage hivernal. Il veut aussi introduire une part de la rémunération au mérite.
En face, UNIA et Syna, les deux syndicats impliqués, refusent toute détérioration de conditions de travail déjà difficiles pour les employés de la construction.
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