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Les investisseurs étrangers rachètent le cœur de Genève

Un jet d'eau très attractif...

Attirés par des taux hypothécaires bas et un franc faible face à l'euro et au dollar, de fortunés acheteurs étrangers sont en train de faire main basse sur les biens immobiliers de prestige à Genève.

Des investisseurs britanniques, saoudiens et même chinois ont dernièrement acquis divers immeubles idéalement situés dans les rues marchandes.

«Pour les immeubles de luxe, nos prix sont clairement en-dessous des tarifs pratiqués dans les capitales européennes. Cela fait le bonheur des étrangers qui sont devenus très entreprenants chez nous, la pierre étant actuellement un placement intéressant pour les grandes fortunes», confirme un promoteur immobilier actif depuis plus de 30 ans à Genève.

Les sociétés étrangères se bousculent dans la cité de Calvin à la recherche de biens immobiliers de standing. Appâtés par des prix intéressants en comparaison internationale, des taux d’intérêts modérés et un franc suisse faible, de riches investisseurs misent sur Genève. Face à ces acheteurs fortunés qui n’hésitent pas à faire monter les enchères, les Suisses n’arrivent pas à régater.

Des achats en toute discrétion

Mais ces acquéreurs agissent dans la discrétion, voire le secret. Le plus souvent les biens sont achetés via des sociétés domiciliées à l’étranger ou des filiales genevoises.

Ainsi, Wyatt Estates II Limited, basée à Hong-Kong, a acquis plusieurs immeubles dans les rues basses, le quartier chic du centre de Genève. Une zone qui attire les boutiques de luxe et où le prix du mètre carré s’envole.

En juin 2005, Wyatt a acheté pour 44 millions de francs un immeuble de bureaux qui appartenait à la banque UBS, à l’angle de la rue du Marché et de la place du Molard.

Fin 2006, elle est devenue propriétaire de deux autres bâtiments érigés sur la prestigieuse rue du Rhône et à la place de la Fusterie, pour un montant total de près de 37 millions. «Ces prix sont de 20 à 30% supérieurs aux offres des acheteurs locaux», affirme un spécialiste du secteur.

Qui est derrière Wyatt

Wyatt semble donc décidé à devenir un acteur de poids sur le marché immobilier haut de gamme du bout du lac. Son parc d’immeubles est géré par la société londonienne Langham Estate Management Limited qui possède une succursale à Genève. Tous les administrateurs de l’agence genevoise de Langham sont des britanniques résidents en Grande-Bretagne.

Reste à savoir qui se trouve derrière Wyatt. Dans les milieux immobiliers genevois, les rares personnes informées gardent le silence. Les autres avancent l’hypothèse d’un milliardaire asiatique.

Seule piste concrète, un jugement de janvier 2002 de la cour d’appel de Hong-Kong qui fait référence à un investisseur chinois, Samuel Tak Lee. Selon ce document, cet homme d’affaire aurait investi de l’argent dans Wyatt Estates.

Un mystérieux Chinois

Monsieur Lee est-il actionnaire de Wyatt? A-t-il investi dans l’immobilier en Suisse ? Wyatt compte-t-elle poursuivre ses achats à Genève ? Impossible d’obtenir des réponses. Chez Langham, on préfère travailler dans la discrétion absolue et la direction refuse de faire le moindre commentaire.

Ce qui est sûr, c’est que Samuel Lee était présent le 27 septembre dernier dans la salle des ventes de l’office des poursuites de Genève. Il a acheté pour 88,01 millions de francs, au nom de la société Talent Properties Limited basée à Hong-Kong, l’immeuble érigé au 42-44 rue du Rhône qui appartenait au financier Nessim Gaon.

Ce bâtiment de huit étages se trouve dans un des passages marchands les plus prestigieux du centre ville. L’office des poursuites estimait sa valeur à 58,2 millions.

Hollandais, Saoudiens

Signalons aussi, par exemple, la société hollandaise Speerstra Invest qui vient d’acquérir pour 14 millions un immeuble de bureaux proche du centre-ville, ou la Molard Properties basée au Luxembourg, qui, fin septembre, a déboursé 28,6 millions pour un bâtiment idéalement situé au cœur de la ville.

Les Saoudiens semblent eux surtout s’intéresser à l’hôtellerie genevoise. Le cheik Abdulaziz Al-Sulaiman possède depuis de nombreuses années l’Intercontinental, alors que le prince Al-Walid a acquis l’hôtel des Bergues.

Récemment, les murs du fameux hôtel Noga Hilton ont été achetés par la Société de la Pétrusse SA, une entité domiciliée au Luxembourg. Selon le magazine l’Hebdo, cette société est contrôlée par la famille saoudienne Al Alshaikh.

Ce serait donc elle qui détiendrait le prestigieux complexe genevois. L’hôtel vient d’être rénové de fond en comble et il est désormais exploité par le groupe Kempinski. Abdulmohsen Al Alshaikh s’est aussi offert pour 25 millions une superbe villa à Genthod, aux portes de Genève.

swissinfo, Luigino Canal

Genève est située entre Alpes et Jura, à l’extrémité sud-ouest de la Suisse et du lac Léman. Le Rhône et l’Arve sont les deux principaux cours d’eau qui la traversent.

Le territoire du canton de Genève (282 km2) forme une enclave entourée de territoires français, à savoir le département de la Haute-Savoie au sud, celui de l’Ain au Nord.

Carrefour au centre de l’Europe occidentale, Genève occupe une situation géographique privilégiée, à une heure d’avion de Paris ou de Milan, et à moins de deux heures de Londres, Rome ou Madrid.

Jusqu’en 1870, Genève était la plus peuplée des villes suisses. Aujourd’hui, elle a été dépassée par Zurich. Actuellement, la ville compte plus de 185’000 habitants. Le canton quant à lui approche les 445’000 habitants.

En Suisse, c’est Genève qui compte le plus grand nombre d’étrangers dans sa population: environ 45%, représentant près de 180 nationalités.

Sur les 25 organisations internationales qui ont leur siège en Suisse, 22 se trouvent à Genève.

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