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Les managers suisses sous les feux des projecteurs

Daniel Vasella (Novartis) et Marcel Ospel (UBS): les deux PDG les mieux payés de Suisse (M) Keystone

L'entrée en vigueur des nouvelles règles de transparence concernant les rémunérations des dirigeants des entreprises cotées à la Bourse suisse a été fixée par le gouvernement à janvier 2007.

Selon deux enquêtes publiées cette semaine, le revenu moyen des cadres supérieurs a pris l’ascenseur l’an dernier alors que la performance moyenne des top managers est à la baisse.

Les PDG et administrateurs des sociétés cotées à la bourse suisse ne pourront plus taire leur salaire à partir de l’an prochain. Le Conseil fédéral (gouvernement) a fixé mercredi l’entrée en vigueur des nouvelles règles de transparence au 1er janvier.

La modification du code des obligations s’appliquera pour la première fois à l’exercice qui débute en 2007. Il faudra donc patienter un peu pour connaître les différentes rémunérations puisqu’elles ne seront publiées que dans l’annexe du bilan diffusé au terme de l’exercice.

Les entreprises concernées devront y indiquer toutes les indemnités touchées directement ou indirectement par les membres du conseil d’administration, actuels ou anciens, ainsi que par leurs proches. Leurs participations dans la société seront aussi soumises aux règles de transparence.

Au niveau de la direction, seuls l’enveloppe globale et le salaire le plus élevé devront être rendus publics. Les prêts consentis aux cadres supérieurs devront aussi être mentionnés.

Plus de transparence

La plupart des quelque 300 sociétés cotées devront faire preuve d’une plus grande transparence.

Jusqu’à présent, elles se contentent généralement d’appliquer le système d’autorégulation fixé par la Bourse suisse, qui prévoit uniquement la publication du montant global des rémunérations des membres du conseil d’administration.

Sous le régime actuel, le conseil d’administration décide donc lui-même de l’indemnisation de ses membres, sans avoir aucune prescription légale à respecter en matière de transparence.

Les conflits d’intérêt sont d’ores et déjà programmés, puisque les administrateurs représentent à la fois leurs propres intérêts et ceux de la société. Les nouvelles dispositions devraient permettre aux actionnaires d’exercer plus efficacement leur fonction de contrôle, estime l’Office fédéral de la justice.

Des salaires élevés

Voilà qui va alimenter la controverse sur les salaires des grands patrons. Selon des chiffres publiés mercredi par l’hebdomadaire économique «HandelsZeitung», les membres de la direction des principales entreprises helvétiques ont vu leur rémunération augmenter en moyenne de 18% l’an dernier.

Le revenu annuel moyen d’un top manager a atteint 1,97 million de francs. L’étude prend en compte les 56 plus importantes entreprises industrielles, de services financiers et de commerce de détail.

Selon l’enquête de la «HandelsZeitung», ce sont les banques et les entreprises pharmaceutiques qui paient le plus.

UBS a versé en moyenne 17,1 millions de francs à chacun des 10 membres de sa direction ainsi qu’aux trois administrateurs à plein temps. Du côté du Credit Suisse, les six hauts dirigeants ont reçu en moyenne 16,9 millions de francs en 2005.

Ceux des groupes pharmaceutiques Novartis et Roche ont perçu une rémunération moyenne de 7,2 millions et 5 millions de francs respectivement. Le premier groupe technologique de ce classement est ABB avec 4,3 millions de francs.

Des têtes qui tombent

Par ailleurs, selon une autre étude publiée lundi, 60% des grands chefs d’entreprise suisses qui quittent leur poste ne le font pas totalement de leur plein gré. Une proportion au-dessus de la moyenne mondiale, qui se situerait à 50% environ.

L’année dernière, les changements à la tête des entreprises helvétiques ont été particulièrement nombreux. 15,3% des top managers en fonction ont quitté leur poste, comme le révèle l’étude réalisée par le bureau de consultants américain Booz Allen Hamilton sur les 2500 plus grandes entreprises du monde.

En moyenne mondiale, un tiers des patrons qui quittent leur poste le font en raison de résultats jugés insuffisants. En Suisse, cette proportion atteint la moitié.

Si l’on considère uniquement l’espace germanophone, soit l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse alémanique, la moyenne d’âge des top managers qui quittent leur poste a nettement baissé ces dernières années. En 2003, elle était de 58,6 ans, alors qu’elle est de 54,9 ans en 2005. En Suisse, ce chiffre est de 52 ans.

Enfin, les chefs d’entreprise passent 7,9 ans à leur poste en moyenne mondiale, mais seulement 4,2 ans en moyenne suisse. Booz Allen Hamilton explique cette brièveté des mandats par les systèmes de contrôle du management, qui seraient plus stricts en Suisse qu’ailleurs.

swissinfo et les agences

Les managers les mieux payés en 2005 (et l’augmentation de leur salaire par rapport à 2004)
Marcel Ospel, UBS: 23’975’954 de francs (12,7%)
Daniel Vasella, Novartis: 21’257’120 (2,3%)
Franz Humer, Roche: 14’741’295 (11,2%)
Peter Brabeck, Nestlé: 13’757’351 (0%)
Walter Kielholz, Credit Suisse: 12’100’000 (0%)

Selon une étude de la HandelsZeitung, ce sont les banques et les entreprises pharmaceutiques qui paient le plus leurs managers.

Les syndicats ne sont pas les seuls à juger honteux et injustifiés les primes et les salaires encaissés par les dirigeants de ces grandes entreprises multinationales.

A leurs critiques se sont ajoutées récemment celles des actionnaires du Credit Suisse et d’UBS.

Vice-directeur d’economiesuisse et président de Swissmem, Johann Schneider-Ammann estime que les managers qui réussissent doivent être récompensés. Mais avec mesure pour ne pas mettre en péril la cohésion sociale.

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