Les partis politiques se disputent les faveurs des Suisses de l’étranger
La «Cinquième Suisse» représente un réservoir électoral d'au moins 200'000 voix - un potentiel qu'il s'agit de ne pas sous-estimer.
Si, lors des dernières élections fédérales de 2019, seules les voix des Suisses de l’étranger avaient été comptabilisées, on n’aurait pas assisté à une vague verte, mais à un tsunami vert. En effet, un Suisse de l’étranger sur quatre a voté pour les Verts. C’est plus de deux fois plus qu’en Suisse même.
Pour la secrétaire générale des Verts, Rahel Estermann, il est donc clair que son parti mettra encore plus l’accent sur la diaspora suisse pour les prochaines élections de l’automne: «Nous sommes en train d’élaborer une intervention qui demande une représentation directe de ce groupe au Conseil national et au Conseil des États».
Pas si à gauche que ça
En 2019, les Suisses de l’étranger ont voté de façon supérieure à la moyenne pour les Verts, mais inférieure à la moyenne pour l’UDC. Le conseiller national UDC Roland Rino Büchel est membre du Conseil des Suisses de l’étranger de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE).
Lorsque les Suisses éliront un nouveau parlement à l’automne prochain, celles et ceux qui votent à distance seront également concernés. Plus de 800’000 Suisses vivent à l’étranger et environ un quart sont inscrit-es sur un registre électoral.
Il est convaincu que son parti pourra à nouveau progresser auprès des Suissesses de l’étranger – car lors des élections fédérales de cet automne, il sera à nouveau davantage question de valeurs: «Il y aura un retour de balancier – et je suis à peu près sûr que l’attachement aux valeurs de la Suisse aidera l’UDC à réussir».
Selon le politologue Michael Hermann, les Suisses de l’étranger ne sont de loin pas positionnés aussi à gauche que le résultat des élections de 2019 le laisse supposer. En effet, la tendance est différente lors des votations, a-t-il récemment déclaré à Swissinfo.ch.
Ainsi, ils auraient approuvé plus que la moyenne l’augmentation de l’âge de la retraite pour les femmes – contrairement à la recommandation de la gauche. «Le profil des Suisses de l’étranger correspond donc plutôt à celui des Vert’libéraux (PVL)», poursuit Michael Hermann.
Si le PVL n’a pas pu en profiter il y a quatre ans, cela devrait changer cette année. Avec le PVL International nouvellement créé, le parti veut mieux atteindre les Suisses de l’étranger. En outre, le parti s’engage pour l’introduction du vote électronique.
La revendication du vote électronique
La politicienne du centre Élisabeth Schneider-Schneiter, qui est également membre du conseil consultatif des étrangers, se bat également pour cela. Selon elle, l’e-voting est absolument essentiel pour les Suisses de l’étranger, car il permettrait d’augmenter leur participation électorale, qui est inférieure à la moyenne.
Le chef du groupe PS Roger Nordmann est plus sceptique à ce sujet. Il n’est pas prêt à faire de compromis sur la sécurité. Or, «actuellement, il n’existe aucune solution sûre pour le vote électronique», déclare-t-il.
Jusqu’à présent, le PS a été le seul parti à avoir un Suisse de l’étranger au Conseil national, en la personne de Tim Guldimann. Mais après deux ans et demi à faire la navette entre Berlin et Berne, ce dernier a mis fin à son mandat. Pour Roger Nordmann, ce modèle n’est pas viable. Être conseiller national est un travail à plein temps, que l’on ne peut pas faire pour ainsi dire depuis l’étranger, dit-il.
Les Suisses de l’étranger rapportent des voix
Même au sein du PVL, l’élection directe de Suisses de l’étranger au parlement national n’est pas l’objectif prioritaire. Les Suisses de l’étranger ne sont inscrits sur des listes secondaires que pour soutenir les listes et les candidat-es principales, explique Thomas Häni, président du GLP-International. Lui-même vit à Ulm en Allemagne et se présente sur une liste secondaire du PVL dans le canton de Bâle-Ville.
Une chose est sûre: la diaspora suisse prend de plus en plus d’importance sur le plan politique. En effet, son nombre augmente chaque année de manière significative. Aucun parti ne peut et ne veut plus se permettre de la négliger.
>> Revoir notre débat filmé sur le pouvoir des Suisses de l’étranger:
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