Les syndicats exigent une hausse de salaire pour tous
Après les top managers et les actionnaires, aux employés de profiter de l'embellie économique. Pour 2008, l'Union syndicale suisse (USS) revendique 3 à 4% de mieux pour tous et un pour cent pour les femmes.
De leur côté, les employeurs sont opposés à une augmentation générale, mais préfèrent encourager les salariés des branches les plus florissantes.
Les syndicats affiliés à l’USS exigent des hausses générales de salaires de 3% à 4% selon les branches, en plus de la pleine compensation du renchérissement. «La situation économique, qu’il s’agisse des exportations ou du marché intérieur, est excellente», a souligné vendredi son président Paul Rechsteiner.
Et les chances de voir la reprise se maintenir l’an prochain en Suisse sont bonnes, malgré les turbulences qui agitent les marchés financiers, prévoit Daniel Lampart, chef économiste à l’USS. Une croissance de 2% ou plus du PIB est attendue.
Par ailleurs, seuls les grands managers et les actionnaires ont profité de la reprise jusqu’à présent, argumente encore l’USS pour justifier ses revendications salariales.
Selon les calculs de Daniel Lampart, malgré la hausse réelle de 1,5% obtenue en 2007, les salaires accusent toujours un retard de 2% par rapport à la hausse de la productivité du travail et du PIB. Alors qu’il estime l’augmentation moyenne des gains des cadres supérieurs à 14%,
«L’important est que les hausses soient générales», a souligné Paul Rechsteiner. L’individualisation des augmentations, telle qu’elle s’est répandue depuis les années 1990, implique un trop grand risque d’arbitraire, comme le prouvent les écarts «exagérés» entre les salaires des cadres et le reste du personnel dans certaines entreprises.
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Union syndicale suisse
Effort supplémentaire pour les femmes
Les syndicats veulent également profiter de la bonne conjoncture pour combler les inégalités salariales entre les hommes et les femmes, ces dernières gagnant toujours près d’un cinquième de moins que leurs collègues masculins, a rappelé Natalie Imboden, du syndicat Unia.
En fonction du besoin de rattrapage, une hausse spécifique des salaires féminins de l’ordre de 1% sera demandée, le cas échéant sous forme de provisions.
Pour faire avancer l’égalité salariale, l’USS demandera en outre aux entreprises de plus de 1000 employés de vérifier leurs salaires, à l’aide de l’instrument de contrôle conçu par la Confédération, Logib.
Swisscom montré du doigt
Dans l’administration, le Syndicat des services publics (ssp) exige une hausse de 3% des salaires et la pleine compensation du renchérissement. La Confédération, les cantons et les communes sont en outre priés de «jouer un rôle moteur» dans la suppression des différences salariales entre les hommes et les femmes.
Enfin, le Syndicat de la communication revendique une augmentation de salaires de 4% à La Poste et pour la branche des télécoms. Swisscom doit en outre mettre un terme à la discrimination dont sont victimes les employés à temps partiel, en majorité des femmes, qui ne touchent aucun supplément de salaire pour les heures supplémentaires.
Plutôt des hausses individuelles
Pour les patrons, il n’est pas question d’une hausse générale des salaires. Ils plaident plutôt d’adaptations individuelles.
Selon Hans Reis, membre de la direction de l’Union patronale suisse, la bonne situation économique permet en effet des hausses de salaire individuelles dans certains certaines branches. Il faut s’attendre à de telles hausses tout particulièrement dans les secteurs de l’industrie pharmaceutique, des banques et de la chimie, précise-t-il.
swissinfo et les agences
Selon l’USS, la plupart des branches de l’économie d’exportation affichent de bons résultats.
Ainsi, l’industrie MEM a accru ses exportations de 13,6 % au 1er semestre 2007, obtenant le chiffre record de 38 milliards de francs. Son chiffre d’affaires a même progressé de 18%.
Et les perspectives demeurent excellentes. Toujours au 1er semestre 2007, les exportations ont bondi de 21,6%. Les commandes indigènes, en hausse de 27,4%, ont même dépassé celles venant de l’étranger (20,1%).
Le taux d’utilisation des capacités se situe au niveau exceptionnel de 94%.
Ces dernières années, les salaires des femmes ont davantage augmenté que ceux des hommes. Les femmes restent cependant moins bien payées que leurs collègues masculins.
Elles gagnent en moyenne encore environ 20% de moins. La différence moyenne est de 1172 francs par mois (le salaire mensuel moyen étant de 5953 pour un homme et de 4781 francs pour une femme).
Il reste encore des différences importantes dans toutes les branches en ce qui concerne, l’âge, la formation, l’expérience et la position dans l’entreprise.
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