Décès de Norbert «Noppa» Joos, célèbre alpiniste grison
L’alpiniste et guide de montagne Norbert «Noppa» Joos est décédé dimanche à 55 ans. Considéré comme l’un des alpinistes les plus chevronnés du pays, il a été victime d’une chute de plus de 160 mètres lors d’une ascension du Piz Bernina. Deux de ses clients ont été gravement blessés dans l’accident.
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Der Schweizer Bergsteiger Norbert Joos ist tödlich verunglückt
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Norbert Joos était encordé à deux de ses clients sur l’arête du Spallagrat lorsque la chute est survenue. Deux autres femmes, qui faisaient également partie du groupe, étaient encordées séparément. Elles sont indemnes et ont été prises en charge par une équipe de psychologues.
Selon les premiers éléments de l’enquête, une des personnes de la cordée – on ne sait pas encore précisément laquelle – a glissé à une altitude de 3900 mètres et emporté avec elle ses deux compagnons de cordée. Les trois alpinistes ont fait une chute de près de 160 mètres sur une pente enneigée pratiquement à la verticale du Piz Bernina, la plus haute montagne grisonne (4049 m). A leur arrivée sur place, les secouristes n’ont pu que constater le décès de Norbert Joos. Les deux autres accidentés, une Italienne de 56 ans et un Italien de 58 ans, ont été grièvement blessés et transportés par hélicoptère à l’hôpital cantonal de Coire.
«Noppa» Joos était peu connu du grand public en-dehors du canton des Grisons, mais il comptait parmi les meilleurs alpinistes du pays. Entre 1982 et 2006, il a gravi 13 des 14 sommets himalayens de plus de 8000 mètres sans oxygène. En mai 2008, il a mis fin à sa carrière d’himalayiste après sa sixième tentative d’ascension de l’Everest, seul sommet de 8000 mètres qui manquait à son palmarès.
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Les héros de l’Everest, véritables «astronautes suisses»
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Les Suisses qui ont gravi l’Everest en 1956 ont écrit une page importante de l’histoire de l’alpinisme. Mais ils ont aussi symbolisé la volonté de la Suisse de, non seulement corriger son image écornée, mais aussi de jouer un rôle important dans le boom technique de l’après-guerre.
En mai 1956, deux cordées parviennent au sommet de l’Everest, à 8848 mètres d’altitude, le point le plus haut du monde. Après Edmund Hillary et Sherpa Tenzing en 1953, ces deux cordées ne sont que la deuxième et la troisième à réussir cet exploit.
Et elles sont suisses. La première est formée d’Ernst Schmied et de Jürg Marmet, la deuxième de Dölf Reist et Hansruedi von Gunten.
Quelques jours plus tôt seulement, deux autres Suisses ont signé la première ascension du Lhotse, à 8516 mètres: Fritz Luchsinger et Ernst Reiss ont réussi à vaincre le quatrième sommet du monde.
«Les Suisses gravissent l’Everest deux fois et vainquent le Lhotse», écrit alors le «New York Times» en première page. Le duo Luchsinger/Reiss a réussi une «ascension passant pour être plus difficile que celle de l’Everest».
«C’est probablement la deuxième place la plus satisfaisante du monde», commente de son côté le magazine américain «Life».
Les médias suisses ne sont pas en reste. «Triomphe des Suisses sur l’Himalaya», écrit la «Schweizer Illustrierte Zeitung»), qui consacre ensuite aux héros des reportages photos pendant plusieurs semaines.
«Nous sommes sur l’Everest»
Tous ces comptes-rendus d’époque, de même que des fac-similés, des photos originales, des films et des enregistrements sonores et des objets des expéditions peuvent aujourd’hui être admirés à Berne, au Musée alpin. L’exposition Himalaya Report est à voir jusqu’au 26 juillet 2015.
«L’exposition montre comment les alpinistes ont fait connaître leurs expériences depuis le début du 19e siècle. Aujourd’hui, les alpinistes de pointe sont des produits de marque, parfois des marques à part entière. Nous avons voulu retracer cette évolution», explique Beat Hächler, directeur du Musée alpin.
Pour le spécialiste, les expéditions sur l’Everest sont les «suites d’un monde colonisateur et imbu de nationalisme. Les alpinistes étaient ‘les astronautes suisses’. Ils ont suscité un sentiment d’appartenance commune dans leur pays d’origine.»
C’est aussi l’analyse de Patricia Purtschert, postdoctorante à l’Institut d’histoire de l’Ecole polythechnique fédérale (EPF) de Zurich. «Le sentiment transmis par ces alpinistes était ‘nous avons fait quelque chose de spécial’». Elle-même alpiniste passionnée, l’historienne a analysé les expéditions suisses dans l’Himalaya sous l’angle de la décolonisation.
Environ dix ans après l’horreur de la Seconde Guerre mondiale, il y avait encore d’autres enjeux, ajoute Patricia Purtschert. «J’ai pu rencontrer Annelies Sutter-Lohner peu avant sa mort, raconte-t-elle. Elle était l’une des rares femmes au sein des expéditions himalayennes, en 1947 et en 1949. Selon elle, les personnes de l’après-guerre étaient avides de telles aventures. L’Europe était encore en ruines. Les histoires fascinantes des aventuriers dans le lointain donnaient l’impression que, quelque part, un monde sauvage et apparemment intact existait encore.»
Le fameux réduit
Mais il y avait plus que l’esprit d’aventure. Les héros suisses avaient encore une autre fonction, selon Patricia Purtschert: «De manière assez géniale, ils ont représenté une intersection entre une Suisse qui s’était compromise avec le régime nazi et qui avait été fortement critiquée par la communauté internationale et une Suisse en train de s’ouvrir, qui devait urgemment améliorer sa réputation.»
«Beaucoup de Suisses connaissaient les montagnes pour y avoir pratiqué la randonnée. La rhétorique de la défense nationale et du ‘réduit alpin’ avaient aussi marqué les esprits», ajoute la chercheuse.
«Les voyages dans les pays inconnus et exotiques d’Asie et la vive compétition que se livraient les nations pour vaincre les plus hauts sommets étaient des éléments très attractifs pour les discussions au pays.»
Revers de la médaille: la manière dont ont décrivait les habitants de ces régions, comme étant soi-disant très primitifs, restait typiquement coloniale.
Avant-goût de modernité
L’exposition
«Himalaya Report. La conquête des sommets à l’ère des médias, 1902-2015», une exposition à voir au Musée alpin de Berne jusqu’au 26 juillet 2015.
L’exposition retrace l’évolution des comptes-rendus médiatiques sur l’alpinisme dans l’Himalaya, des premières photos du K2 prises par le pionnier neuchâtelois Jules Jacot Guillarmod jusqu’à aujourd’hui.
On peut y voir des films de fiction dans le milieu de l’alpinisme, comme celui de Günter Oskar Dyhrenfurth, tourné 1934, avec des alpinistes suisses au Gasherbrum I , à plus de 7000 mètres d’altitude.
Les ascensions contemporaines, véritables événements médiatiques, sont également expliquées. Les sportifs de l’extrême Ueli Steck et Stephan Siegrist apparaissent dans la présentation.
Il est en outre possible d’admirer de nombreux objets ayant servi aux alpinistes dans l’Himalaya et de voir et écouter de nombreux témoignages audio-visuels, notamment d’Aleister Crawley, Günter Oskar Dyhrenfurth, Jules Jacot Guillarmod, Gerlinde Kaltenbrunner, Reinhold Messner, Stefan Siegrist et Ueli Steck.
Un blog a été ouvert à l’occasion de l’exposition (http://himalayareport.tumblr.com/)
Le 24 octobre, une cérémonie aura lieu pour la remise du fonds Erhard Loretan, décédé en 2011 au Grünhorn, au Musée alpin de Berne. Son frère, Daniel Loretan, remettra notamment des enregistrements sonores. Erhard Loretan a été le troisième alpiniste à avoir réussi l’ascension des 14 sommets de plus de 8000 mètres que compte la planète.
Les Suisses ont aussi utilisé l’Everest comme laboratoire d’expérience dans les hauteurs glacées. Ainsi, dans ce qu’on appelait la zone de la mort, ils ont testé des développements technologiques qui impressionneraient bientôt le monde.
Appareils à oxygène, tentes, cordes, habits isolants, chaussures spéciales, montres et utilisations des ondes radio: les Suisses ont fortement contribué à un développement technologique très rapide pour l’alpinisme, explique Patricia Purtschert.
De plus, «ces progrès ont été mis en scène de manière très médiatique. Ainsi, les alpinistes chaudement vêtus, évoquant les astronautes, sont devenus le symbole même du progrès technique». En 1960, Max Eiselin est allé encore un cran plus loin en utilisant un petit avion de type Pilatus Porter pour l’assister lors de la première ascension du Dhaulagiri. C’était une première.
En 1952, c’est aussi à cause de la technologie qu’une expédition avait échoué. Les appareils à oxygène s’étaient en effet révélés inadéquats.
L’amitié entre Raymond Lambert et le sherpa Tenzing, originaire du pied de l’Himalaya, cristallise la nouvelle image de la Suisse. Tous deux étaient les alpinistes les plus expérimentés de l’expédition de 1952.
«Raymond Lambert, c’était d’une part le Suisse typique, les pieds sur terre, barbu, avare de mots mais extrêmement sympathique, décrit Patricia Putschert. Mais d’autre part, c’était aussi des gens comme lui qui propageaient une nouvelle image de la Suisse dans le reste du monde. Son amitié avec Tenzing était vue comme le signe d’un nouvel ordre du monde en train de naître, post-colonial et marqué par la coopération.»
Les expéditions himalayennes ont permis à la Suisse de faire oublier la vieille logique de repli sur soi et de montrer un payer s’ouvrant au monde. L’exploit fut – aussi – de passer de l’une à l’autre image sans générer de contradictions, note la chercheuse.
Sans nationalisme
Quant à la rhétorique nationaliste, très forte en alpinisme jusque là, elle a aussi été pratiquement réduite au silence.
«Un membre de la Fondation suisse pour les recherches alpines [qui organisait et finançait des expéditions, ndrl] avait par exemple déclaré que la croix suisse symbolisait dorénavant la Croix-Rouge, elle-même symbole de coopération internationale», précise Patricia Putschert.
Avec la fin du colonialisme, l’indépendance de l’Inde et l’ouverture du Népal, le caractère international des ascensions était quasi obligatoire.
«La décolonisation a aussi montré à la Suisse qu’elle devait changer d’attitude», ajoute l’historienne. Le fait que le Népal ait été le premier pays prioritaire de l’aide au développement suisse n’est pas un hasard.
Toutefois, les alpinistes ont aussi continué à cultiver des valeurs très traditionnelles, notamment en ce qui concerne le partage des rôles entre les sexes, conclut Patricia Putschert. «L’imagerie des années 50 montre les femmes faisant des signes d’adieu à leurs maris à l’aéroport, tandis que les héros masculins s’en vont de par le monde.»
Un Ueli Steck «plus humain» de retour dans l’Himalaya
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A la suite de la violente bagarre qui l’avait opposé à un groupe de sherpas au printemps dernier, Ueli Steck avait déclaré qu’il ne remettrait plus les pieds sur la plus haute montagne du monde. L’alpiniste suisse est pourtant de retour au Népal: avec son compère canadien Don Bowie, il s’attaquera pour la troisième fois…
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