Le Prix Nansen 2021 distingue une ONG yéménite
Le Yéménite Ameen Jubran, fondateur de l’association Jeel Al-bena pour le développement humanitaire (JAAHD), est le lauréat 2021 du Prix Nansen pour les réfugiés. Une distinction financée par la Suisse et la Norvège.
Attribué par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le Prix Nansen est l’une des distinctions humanitaires les plus prestigieuses. Elle est décernée chaque année à Genève. Le principal lauréat reçoit 150’000 dollars, dont une grande part est fournie par le Secrétariat d’État aux migrations (SEM), soit 200’000 francs cette année pour le Prix et la cérémonie qui accompagne sa remise.
Pour le SEM, cette distinction correspond parfaitement «aux valeurs qui guident l’action humanitaire et la politique en matière de réfugiés de la Suisse».
L’organisation Jeel Al-bena fournit des services d’urgence aux communautés du nord du Yémen où survivent des milliers de personnes déplacées.
«C’est un héros qui fournit une aide d’urgence à ses compatriotes, alors que de nombreuses autres organisations se sont retirées de la région en raison de la guerre», écrit le HCR dans une déclaration sur l’action de Ameen Jubran.
Dans un entretien avec swissinfo.ch, Ameen Jubran se réjouit: «Ce prix nous assure que nous sommes sur la bonne voie, ce qui nous motive à poursuivre notre travail».
Ameen Jubran est récompensé pour «être resté sur le terrain et avoir encouragé les partenariats qui sont essentiels pour trouver des solutions durables », souligne le HCR.
Quelque 20,7 millions de Yéménites ont un besoin urgent d’aide humanitaire, dont plus de 4 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, selon les chiffres fournis par le HCR. À nouveau en guerre depuis 2005, le Yémen fait l’objet d’une attention croissante en raison des nombreuses catastrophes auxquelles il est confronté.
Stratégie payante
Ameen Jubran, 37 ans, a lui-même été déplacé par les combats en 2015. Trois ans plus tard, il a failli être tué par une frappe aérienne alors qu’il travaillait pour son organisation. Pourtant, il est resté tout au long du conflit.
Le devise de son association «Jeel Al-bena», une organisation fournissant des services d’urgence aux personnes déplacées, est «Par les Yéménites, pour les Yéménites», une valeur qui structure le travail de l’organisation, notamment son projet phare, la construction d’abris durables.
Grâce à cet engagement, plus de 20’000 personnes déplacées à l’intérieur du pays, selon le HCR, vivent aujourd’hui sous un toit; quelque 60’000 personnes ont reçu une aide en espèces, et des milliers d’autres ont profité des services du centre de renforcement des compétences et du programme de réhabilitation des écoles conduits par l’ONG.
La Suisse fortement impliquée au Yémen
Interpellé par swissinfo.ch, le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) souligne que «la Suisse soutient les efforts de paix déployés par l’ONU au Yémen et a accueilli à plusieurs reprises en Suisse romande des pourparlers entre les parties au conflit», qu’elle est «toujours prête à offrir ses bons offices, si les parties en conflit le demandent. En outre, la Suisse discute régulièrement de la situation au Yémen avec les Etats de la région».
L’escalade constante de la violence au Yémen a bouleversé des millions de vies, causant la mort de nombeux civils et entraînant des déplacements massifs. La situation se détériore rapidement. Le besoin le plus urgent des familles déplacées est un abri digne, car plus d’un quart des quatre millions de personnes déplacées dans le pays vivent dans des abris de fortune dans des camps non officiels. Les conditions dans ces camps insalubres sont effroyables
Le risque d’une famine à grande échelle dans le pays n’a jamais été aussi aigu. Des dizaines de milliers de Yéménites sont confrontés à l’insécurité alimentaire, et cinq millions d’autres sont à deux doigts de la famine. Les familles déplacées sont quatre fois plus exposées au risque de famine que le reste de la population yéménite.
Source: HCR
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