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Votations fédérales du 13 février 2022

La Suisse refuse de bannir l’expérimentation animale

René Ruis

Les Suisses ne veulent pas d’une interdiction totale de l’expérimentation animale. Plus de trois quarts des citoyennes et citoyens ont rejeté l’initiative «Oui à l’interdiction de l’expérimentation animale et humaine».

Les chercheuses et les chercheurs suisses pourront continuer à effectuer des expériences sur les animaux. Sans surprise, le peuple suisse a rejeté à une large majorité l’initiative qui demandait d’interdire toute expérimentation animale, soumise dimanche en votation fédérale.

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Le texte lancé par un groupe de citoyennes et citoyens du canton de Saint-Gall (dont une naturopathe, un médecin généraliste et un agriculteur bio) voulait bannir toute expérience sur les êtres vivants du territoire helvétique. Les animaux n’auraient ainsi plus pu être utilisés dans l’enseignement scientifique et la recherche fondamentale. Il aurait aussi été interdit d’importer de nouveaux médicaments développés à l’aide de ces méthodes.

Une initiative «trop extrême»

«C’est dommage: la Suisse aurait pu être le premier pays à interdire l’expérimentation animale», a réagi Renato Werndli, coprésident du comité d’initiative, interviewé par la Radio Télévision Suisse (RTS). Le médecin saint-gallois a estimé qu’il y avait une «dissonance» au sein de la population, entre la conscience des injustices faites aux animaux et ce vote. «La situation des animaux est très mauvaise, dans la recherche, comme dans l’industrie agroalimentaire», a-t-il affirmé.

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Considérée comme «trop extrême», l’initiative n’a pas séduit grand monde. Au Parlement, personne n’a voté en faveur du texte, un fait rare. Tous les partis se sont également prononcés contre la proposition. Même la Société suisse pour la protection des animaux (SPA) n’y était pas favorable. Cette dernière privilégie une meilleure promotion des méthodes alternatives.

La sénatrice socialiste Elisabeth Baume-Schneider n’est pas surprise par le résultat. «Cette initiative était extrême. Ce n’est pas un hasard s’il n’y a eu personne pour soutenir ce texte au Parlement», a-t-elle déclaré à la RTS.

>> Regarder la réaction d’Élisabeth Baume-Schneider:

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Continuer à privilégier les méthodes alternatives

«Avec l’opposition de l’ensemble des partis, le texte n’avait aucune chance», a réagi la députée verte et membre du comité du non, Léonore Porchet, interrogée par l’agence Keystone-ATS. Elle estime toutefois qu’il convient d’investir davantage afin de restreindre au maximum le recours à l’expérimentation animale dans la recherche. «Notre parti s’est déjà mobilisé à cette fin au Parlement», a encore souligné la parlementaire.

Le rejet massif de l’initiative ne constitue en rien une carte blanche aux chercheuses et aux chercheurs, a aussi souligné la députée du Parti libéral radical (PLR /droite) Simone de Montmollin. Pour l’opposante, il faut continuer à chercher des alternatives à l’expérimentation animale, mais il y a encore des situations où une substance ou un traitement doivent être validés par de tels essais. «C’est le cas en particulier avec le vieillissement de la population ou les cancers», a-t-elle indiqué.

Une loi déjà très stricte

Pour la quatrième fois de son histoire, le peuple suisse dit ainsi non à l’interdiction de l’expérimentation animale. Il a déjà rejeté trois initiatives populaires sur ce thème en 1985 (à 70%), 1992 (à 56%) et 1993 (à 72%).

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Les Suisses semblent faire confiance à la législation en vigueur en matière d’expérimentation animale, qui est déjà l’une des plus strictes au monde: une expérience avec des animaux est autorisée uniquement s’il n’existe pas d’autres possibilités. Les chercheurs et les chercheuses doivent prouver que les bénéfices pour la société sont plus importants que les souffrances infligées.

Les droits fondamentaux des primates

Le bien-être animal était aussi au centre d’une votation cantonale ce dimanche. Les singes doivent-ils avoir des droits fondamentaux? Le peuple du canton de Bâle-Ville a estimé que non ce dimanche à près de 75% des voix. Un scrutin inédit: nulle part ailleurs dans le monde des citoyennes et citoyens n’ont été appelés aux urnes pour se prononcer sur ce thème.

L’initiative «Droits fondamentaux pour les primates» voulait ancrer dans la Constitution cantonale le droit à la vie et à l’intégrité physique des primates non humains. L’organisation «Sentience», engagée politiquement pour les animaux et à l’origine du texte, estimait que le cadre légal fédéral sur la protection des animaux ne protégeait pas suffisamment de la souffrance et de la mort ces animaux si proches de nous, hautement intelligents, sensibles à la douleur et capables d’empathie.

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