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Le magicien numérique

Marco Tempest avec des drones
Marco Tempest en plein spectacle de drones en novembre 2017 à la gare de Zurich. © Keystone / Ennio Leanza

En tant qu’enfant, il rêvait de ressembler à David Copperfield. Aujourd’hui, le Zurichois Marco Tempest est le magicien numérique le plus célèbre du monde, et il travaille aussi pour la NASA. Il se produit régulièrement sur les plus grandes scènes du globe et enchante le public avec ses trucs numériques.

«La magie d’aujourd’hui deviendra la technologie de demain, déclare Marco Tempest en souriant, une longue tradition de magiciens ont aussi été des inventeurs.» Le Zurichois fait partie des illusionnistes qui ont toujours essayé d’avoir une longueur d’avance sur la technologie de leur temps.

Mais Marco Tempest n’est pas seulement un magicien doté de moyens technologiques, il est aussi designer, cinéaste, coach et conteur. Son fond de commerce mêle narrations, illusions et inspirations. Le Zurichois raconte des histoires fascinantes sur scène pour simuler les futures possibilités techniques. Il nous dupe pour nous inspirer.

Quand il était enfant, il rêvait de son propre spectacle de magie à Broadway ou à la télévision. Aujourd’hui, il s’occupe de technologie créative à la NASA à Los Angeles, mène des recherches au MIT Media Lab à Boston et gère un laboratoire d’innovations chez Accenture à Zurich.

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Marco Tempest am « TEDxZurich »: The magic of truth and lies (Die Magie von Wahrheit und Lügen)

Je l’ai vu pour la première fois en direct lors des premières conférences TEDxZurich de 2010. Il constitue une sorte de rafraîchissement enchanté entre deux interventions exigeantes. Avec un charisme extrêmement positif et ludique, il captive le public zurichois avide de technologie avec des astuces numériques sophistiquées sur des appareils à écran tactileLien externe. Il est un peu le magicien maison des conférences mondiales TED et un invité bienvenu au Forum économique mondial.

Mais ses apparitions publiques ne représentent que la partie la plus visible de son travail, elles complètent son emploi du temps à la NASA et chez Accenture. Ses journées sont longues, et les congés plutôt rares.

Tout a commencé en Suisse

Lors d’une chaude journée en Suisse, je le joins par Skype à New York. Comme de nombreux pionniers suisses de la technologie, il s’est rendu très tôt aux États-Unis. Mais tout a commencé en Suisse. «Steve Jobs m’a offert mon premier ordinateur cool.» Marco Tempest vivait avec ses grands-parents à Zurich quand, en 1992, il écrit une lettre à NeXTLien externe, une société informatique fondée par le futur patron d’Apple.

La missive a dû faire bonne impression. Le jeune Marco Tempest reçoit alors de nombreux paquets. Mais l’ordinateur rêvé n’est pas aussi performant qu’il l’avait espéré. Il se met alors à programmer l’appareil pour interagir avec l’écran grâce à des fonctions tactiles et gestuelles. Il y a près de 30 ans, ces deux technologies n’étaient que des rêves d’avenir. Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer la vie sans elles.

Marco Tempest procède de la même façon lorsque le premier iPhone arrive sur le marché en 2007. Il imagine les possibilités futures du téléphone— hormis les appels. «C’est le sujet principal de mon travail: j’utilise la technologie existante, et j’ajoute la narration ainsi que la magie pour rendre tangible son avenir.» Sa vidéo rencontre toujours beaucoup de succès aujourd’hui. Tout semble spontané, léger, mais derrière cette bonne humeur se cache un travail pointu.

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Comment se passent ses journées? À la NASA près de Los Angeles, il aide à aiguiser les «Mission Narratives». Ici aussi, il s’agit de technologie et de narration: comment créer une histoire intégrant les raisons pour lesquelles les États-Unis devraient retourner sur la Lune ? Comment motiver les scientifiques à tirer sur la même corde avec un objectif commun sur plusieurs années? Il aide également le Jet Propulsion Laboratory de la NASA avec des expériences réalisées sur des robots lunaires:

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Marco Tempest dirige un laboratoire d’innovation pour Accenture à Zurich. Étant donné qu’il peut rarement être sur place, il se téléporte dans le studio tous les matins en se déplaçant vers les bureaux de ses employés à l’aide d’un robot.

«Il existe de nombreuses technologies, mais elles ne sont pas particulièrement utiles. C’est pourquoi nous leur cherchons des applications.» Les grandes entreprises ont aussi besoin de penseurs anti-conformistes tels que Marco Tempest. Ses derniers projets portent sur la collaboration homme-machine, la réalité étendue et les drones.

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Pourquoi tant de talents technologiques suisses partent-ils aux États-Unis? Marco Tempest décrit sa vie comme une suite de coïncidences heureuses, un scénario beaucoup plus probable dans un pays comme les États-Unis qu’en Suisse. Aujourd’hui, il vit avec sa partenaire à New York, mais il apprécie toujours certaines qualités typiquement suisses. «Aux États-Unis, la ponctualité et la fiabilité sont des super-pouvoirs.» Il pourrait aussi très bien imaginer quitter New York et revenir en Suisse.

Que pense-t-il de la démocratie numérique? «La Suisse est un pionnier de la démocratie directe. Nous possédons les talents technologiques et nous devrions profiter de la petite taille du pays pour expérimenter ce genre de choses.» 

Il estime également que la Suisse pourrait faire progresser la question de l’identité électronique. «Ce serait fantastique si les problèmes de sécurité et de protection des données étaient résolus.» Le Conseil fédéral devrait peut-être le débaucher et l’attirer en Suisse: après la débâcle du vote électronique, la Suisse a urgemment besoin d’un «spécialiste fédéral créatif en technologie».

Des hommes avec des robots
Marco Tempest aide l’équipe de la Nasa en développant des robots. Nasa

Dans la série Pionniers suisses du numérique, SWI swissinfo.ch présente des personnalités suisses engagée à l’étranger ou d’envergure internationale qui ont très tôt reconnu le potentiel d’internet et l’ont utilisé avec succès dans leurs activités. L’auteure, Sarah GennerLien externe, scientifique des médias et experte du numérique, a publié le livre ON | OFF en 2017.

Traduction de l’allemand: Lucie Donzé

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