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«L’initiative ‘vache à lait’ creuserait un trou dans les caisses fédérales»

Rédaction Swissinfo

Faut-il consacrer les revenus de l’impôt sur les huiles minérales exclusivement au financement de la route, comme le demande l’initiative «vache à lait»? Non, l’acceptation de cette initiative aurait pour conséquence tout le contraire d’une politique des transports équilibrée, durable et équitable.

Habitant une région de montagne, j’utilise l’auto et le rail. Il est donc essentiel pour moi de ne pas jouer transports publics et transports privés les uns contre les autres. C’est pourtant exactement ce que fait l’initiative «vache à lait». Elle rétablit le fossé entre la route et le rail. Des propositions aussi irresponsables ne peuvent être formulées que par ceux qui ne sont pas prêts à payer eux-mêmes les coûts qu’ils engendrent.

Le «Compte des transports» dans lequel la Confédération compare les coûts et les recettes montre que le trafic routier motorisé présente un déficit de 7,8 milliards de francs par an. Ces coûts non couverts liés aux accidents, à l’environnement et à la santé doivent par conséquent être pris en charge par la collectivité et les pouvoirs publics. Et ils ne le sont en tous cas pas par les automobilistes, contrairement à ce que les initiants de l’initiative «vache à lait» veulent faire croire. Le titre qu’ils ont choisi pour leur initiative, ce «vache à lait», prend donc une tout autre signification: dans les transports, les automobilistes sont subventionnés exactement comme les vaches à lait le sont dans l’agriculture.

Conseiller national vert’libéral bernois, Jürg Grossen est membre de la Commission des transports et des télécommunications. Co-propriétaire et co-directeur d’une entreprise de technique du bâtiment et d’installations électriques, il vit avec sa femme et ses trois enfants à Frutigen, dans l’Oberland bernois. Keystone

Les automobilistes suisses payent moins

Les jérémiades selon lesquelles les automobilistes se font tondre, voire même escroquer, sont injustifiées. Les coûts du kilomètre parcouru en voiture sont aujourd’hui nettement moins élevés qu’il y a dix ou vingt ans. Les véhicules consomment moins, l’essence est moins chère et le pouvoir d’achat s’est accru. En comparaison européenne, les taxes et les impôts routiers sont aujourd’hui déjà très bas. À l’exception de la Norvège et de Chypre, et compte tenu du pouvoir d’achat, les coûts sont plus lourds pour tous les autres automobilistes d’Europe.

L’acceptation de l’initiative creuserait un trou de 1,5 milliard par an dans les caisses fédérales sans apporter d’amélioration en matière de politique des transports. Elle aurait pour conséquence des mesures d’économie douloureuses dans l’agriculture, la formation et pour l’armée. En revanche, elle augmenterait encore les réserves de la caisse routière qui se montent déjà à 2 milliards de francs. L’initiative va beaucoup trop loin: il n’y a actuellement pas assez de projets routiers suffisamment élaborés pour y déverser autant d’argent.

De l’intelligence, pas du béton

Pour nous, les Vert’libéraux, la seule solution pertinente est un prix de la mobilité intelligemment structuré en concordance avec les finances publiques afin d’assurer une répartition efficace du trafic et son financement à long terme tout en tenant compte du principe de causalité. Aujourd’hui, nous n’avons pas besoin de plus de béton ou d’asphalte, mais de solutions intelligentes en matière de transports. 

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Les développements récents nous l’imposent, que ce soit en matière d’autos électriques, de systèmes d’aide à la conduite ou de partage de voitures. En l’espace de quelques jours, Tesla a enregistré plus de 300’000 commandes pour son nouveau Model 3, La Norvège envisage d’interdire les moteurs à combustion et l’offre du service en ligne Uber s’étoffe à la vitesse grand V. La politique doit tenir compte de ces développements.

Le FORTA suffit

C’est pourquoi nous, les Vert’libéraux, sommes prêts à entrer en matière et à participer à l’élaboration du Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA) afin d’inscrire dans la Constitution et dans la loi un financement des routes durable et transparent. Lors de sa session de printemps, le Conseil des Etats a approuvé dans ce cadre l’octroi de 700 millions supplémentaires par an pour la construction des routes. Sa solution va s’imposer, ce qui signifie que la moitié de ce que demande l’initiative «vache à lait» sera dégagée.

L’initiative veut davantage de moyens pour la construction des routes – c’est fait, ils sont déjà là, les goulets d’étranglement pourront être éliminés et de nombreux projets seront réalisés dans les agglomérations. FORTA doit encore être amélioré ponctuellement, notamment en ce qui concerne la mobilité électrique et les sources de financement. Mais auparavant, il faudra voter le 5 juin. Et là, nous avons affaire à une attaque frontale contre une politique des transports équilibrée, durable et équitable. C’est pourquoi, il faut dire clairement «non» à l’initiative «vache à lait».

Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne correspond pas forcément à celui de swissinfo.ch

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(Traduction de l’allemand: Olivier Hüther)

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