«Un financement équitable et pas des bouchons sans fin»
Malgré des bouchons sans fin, les impôts et les redevances payés par les usagers de la route atteignent un niveau record. Au lieu de les utiliser pour assainir et développer les routes, les fonds routiers sont détournés vers d’autres fins. Un «oui» le 5 juin à l’initiative «vache à lait» apportera enfin une solution équitable au financement du trafic routier.
Economie et transports vont de pair. Face à la concurrence internationale, la Suisse a besoin d’infrastructures routières optimales. Les transports routiers sont l’élément essentiel de la mobilité individuelle en Suisse.
Sans transports routiers, il est tout simplement inimaginable d’assurer l’approvisionnement en biens et leur élimination. Quatre-vingt pour cent des marchandises sont transportées par la route. Le commerce, l’industrie et la population ont besoin d’un réseau routier performant.
Nous avons massivement investi dans le rail (FAIF, NLFA, RAIL 2000). Maintenant, c’est au tour de la route. Car, contrairement au réseau ferroviaire, le réseau routier suisse s’articule encore essentiellement sur les grandes lignes dictées en 1960. Il est indispensable de le moderniser et de le développer pour les générations à venir.
Entraves aux transports routiers
Les bouchons quotidiens sont le prix que les villes et les agglomérations payent pour le laisser-aller qui affecte le réseau routier. Un seul bouchon suffit à perturber le déroulement d’une journée pourtant soigneusement planifiée. Retards et problèmes de livraison n’en sont pas les seules conséquences. S’y ajoutent le stress pour les chauffeurs et les chauffeuses professionnels et parfois même des peines conventionnelles.
Sur les routes nationales, il y a actuellement 21’541 heures d’embouteillages par année. Selon la Confédération, ces bouchons provoquent des coûts de 1,5 milliard de francs. Ils sont une aberration économique et, en plus, nuisent à l’environnement par les émissions inutiles de CO2 dues au stop-and-go et au trafic de contournement.
La plupart des bouchons ne sont pas dus aux chantiers ou aux accidents. Les 85% d’entre eux viennent de la surcharge du trafic. Il faut maintenant prendre les choses en main et éliminer les goulets d’étranglement – de Genève à Saint-Gall, de Bâle à Chiasso. Selon un sondage, 72% des citoyens suisses sont du même avis, considérant les bouchons comme un gros problème.
Point de vue
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C’est pourquoi, le 10 mars 2014, l’ASTAG et d’autres organisations routières ont déposé l’initiative «vache à lait», munie de 114’326 signatures, auprès de la Chancellerie fédérale.
L’argent est détourné
En fait, il y aurait assez d’argent pour éliminer les goulets d’étranglement. La branche des transports, par exemple, paie plus de 1,5 milliard de francs de Redevance poids lourds liée aux prestations (RPLP). S’y ajoutent d’autres recettes générées par le trafic routier, que ce soit la vignette, l’impôt sur les huiles minérales ou encore la surtaxe sur les huiles minérales. Mais ces revenus sont détournés et finissent dans la caisse générale de la Confédération, dans celles des cantons ou encore financent des projets liés aux chemins de fer.
L’initiative «vache à lait» propose enfin une solution équitable. Certes, pas pour la RPLP. Les deux tiers de cette redevance iront toujours au rail. Mais, conformément au principe de causalité inscrit dans la Constitution fédérale, le reste des impôts reviendra au fonds routier.
Meilleure participation démocratique
L’initiative améliore aussi la participation démocratique. À l’avenir, tout nouvel impôt ou toute augmentation de taxe ou de redevance dans le domaine routier sera soumis au référendum facultatif. Elle assure en outre un financement équitable des transports. La charge des usagers de la route arrêtera de s’alourdir et les goulets d’étranglement pourront enfin être éliminés. C’est le seul moyen pour réduire ces interminables bouchons qui menacent de s’éterniser.
Le Conseil fédéral et le Parlement examinent certes la création du Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA). C’est un projet sensé, mais seule l’initiative «vache à lait» permettra d’assurer son financement durable sans nouvelle taxe routière. C’est pourquoi l’ASTAG dit en toute conviction «oui» à l’initiative «vache à lait».
Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne correspond pas forcément à celui de swissinfo.ch
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«L’initiative ‘vache à lait’ creuserait un trou dans les caisses fédérales»
(Traduction de l’allemand: Olivier Hüther)
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